Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 27.02.2022 - marie-meunier - 4 min  - vu 1263 fois

FAIT DU JOUR La boxeuse uzétienne, Émilie Sonvico, se prépare aux Jeux olympiques Paris 2024

La boxeuse uzétienne se prépare pour les Jeux olympiques Paris 2024. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Il est rare qu'Émilie Sonvico revienne d'un tournoi sans médaille autour du cou. En octobre dernier, elle a décroché l'argent en Bulgarie. (DR)

Les Jeux olympiques de Tokyo lui ont échappé. Mais Émilie Sonvico compte bien décrocher son ticket pour Paris 2024. Cette boxeuse de 32 ans est installée à Uzès depuis cinq ans. Elle partage son emploi du temps entre les entraînements, son travail au service "sport et loisirs" de la mairie et les compétitions. 

Émilie Sonvico a grandi en région parisienne dans une famille de sportifs. Son père pratique le cyclisme et court des marathons : "Quand j'étais petite, pendant nos sorties à vélo, il me mettait la pression car je ne pédalais pas assez vite", se remémore en riant la boxeuse. Sa mère n'est pas en reste : "Je me rappelle, j'avais quatre ans, elle est entrée dans ma chambre et m'a dit : "Tu ne vas pas rester enfermée dans ta chambre, trouve une activité sportive"." Pendant quinze ans, Émilie pratique l'athlétisme, mais arrête à cause d'une blessure au genou.

À l'âge de vingt ans, alors qu'elle suit ses études, elle cherche un nouveau sport pour se défouler. C'est comme ça qu'elle se tourne vers la boxe. "J'avais dit à l'ami qui m'avait emmenée que je ne voulais pas faire de compétition. Et maintenant, on en est là..." En 2010, la jeune femme est sacrée championne de France de boxe anglaise.

Elle arrête ce sport quand elle rentre à l'Armée à l'âge de 21 ans. Pendant des années, elle exerce comme enquêtrice judiciaire dans le sud de la France et enchaîne les heures. Elle reprend la boxe en 2016. Dans ce sport, elle trouve un moyen "d'évacuer". Finalement, elle est recontactée par l'équipe de France qui voit en elle une potentielle représentante du drapeau tricolore aux Jeux olympiques de Tokyo en catégorie -69 kg. Elle prend un congé pour suivre un rude entraînement pendant trois ans à l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) en vu de la compétition : "Tout le quotidien tourne autour du sport : je m'entraînais, je mangeais en fonction de mon entraînement, mes heures de sommeil étaient en fonction de mon entraînement..."

Pas de qualification pour les Jeux de Tokyo...

Mais en mars 2020, l'épidémie de covid-19 touche la France et impactera durablement le calendrier des compétitions. "La qualification olympique a été compliquée. Il n'y a eu qu'un tournoi qualificatif au lieu de quatre. Donc autant de chances en moins de gagner. Il y avait cinq places dans ma catégorie, j'ai fait 6e. J'étais face à une adversaire que je connaissais mais qui ce jour-là, a été meilleure que moi", retrace Émilie Sonvico. Le rêve olympique s'est envolé à quelques semaines de la compétition : "Il a fallu digérer. Je pensais arrêter mais la Fédération m'a demandée de rester pour essayer Paris 2024."

La boxeuse remet le pied à l'étrier mais se blesse en championnat de France : "Mon adversaire a percuté mon genou, ma rotule s'est déboîtée et ça a arraché une partie du ligament." Fidèle à son mental d'acier, Émilie se remet en un mois et demi quand le corps médical lui prédisait neuf mois de convalescence. La chance "à sa masse musculaire suffisante" et à "quatre heures de kiné par jour" : "La fédération, c'est comme une entreprise. Il faut des médailles et quand les athlètes sont blessés, ils en trouvent d'autres. À nous sportifs d'être blindés psychologiquement pour accepter la situation et prouver notre valeur."

Émilie Sonvico a débuté la boxe à 20 ans, cherchant un sport qui lui permettrait de se défouler. Elle ne voulait pas faire de compétition au départ mais s'est rapidement prise au jeu. (DR)

La Gardoise attend de voir si elle est suffisamment remise pour participer au championnat du monde de Turquie en mai. Quant aux championnats d'Europe en Russie en juillet, rien n'est moins sûr au vu de la situation géopolitique actuelle. Restent les Jeux olympiques dans deux ans. Pour la première fois, il y aura presque la parité dans les catégories sélectionnées (6 catégories femmes et 7 catégories hommes), ce qui laisse plus de chances à la boxeuse. Elle compte aussi sur sa grande capacité à "encaisser la charge de travail" : "Au bout de quelques années de boxe, on stagne. Moi, ça repart. Je continue de m'améliorer et cela va changer ma façon de boxer."

"Je préfère me prendre une droite que de m'épiler à la cire"

Elle a trouvé un équilibre grâce à son travail auprès des jeunes à Uzès. Cela lui permet de lever la tête du guidon. Car la boxe est un milieu "très dur, très mafieux qui draine beaucoup d'argent." Émilie a déjà été victime de résultats faussés à cause d'une pression sur l'arbitrage : "Quand on monte sur le ring, on se met en danger, on prend des risques. Quand il y a une injustice, ça fait encore plus mal par rapport à tout ce qu'on investit."

Mais la passion pour ce sport est plus forte. Le corps s'est habitué aux coups et ne ressent plus la douleur : "Au début, c'est compliqué. Maintenant, je préfère me prendre une droite que de m'épiler à la cire", plaisante la boxeuse. Pour ses parents, il est encore difficile de regarder les matchs retransmis à la télévision : "On a tous l'image de Rocky. Ça a pu être la véritable image de la boxe il y a trente ans. Maintenant, le matériel est de qualité avec des technologies évoluées. En loisirs, il y a peu de risques." À Uzès, la présence d'Émilie a éveillé quelques vocations chez les jeunes, à la fois impressionnés et admiratifs de son parcours. Quand elle n'est pas en équipe de France, elle s'entraîne régulièrement au Boxing club d'Uzès.

Marie Meunier

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