FAIT DU JOUR La fièvre des soldes sous couvre-feu ?
Traditionnellement programmé au début du mois de janvier, le démarrage des soldes d'hiver a, en raison de la crise sanitaire, été décalé à ce mercredi. À Nîmes comment les commerçants se sont-ils préparés à cette opération généralement très attendue des deux côtés de la caisse enregistreuse ?
Pourtant réclamé par les associations de commerçants, le report au 20 janvier 2021 des soldes d'hiver initialement prévus le 6 janvier ne fait finalement pas l'unanimité. En tout cas, chez les responsables de boutiques nîmoises rencontrés ce mardi, à la veille du top départ de l'opération commerciale qui se prolongera jusqu'au 16 février.
L'objectif était, selon les représentants nationaux des petits commerçants, de gagner du temps - et donc de l'argent - pour vendre des articles à des prix dits "normaux". Oui mais voilà, les clients n'ont pas été au rendez-vous. "Le mois de janvier est traditionnellement calme. Il l'est plus encore cette année. La semaine dernière, mon équipe et moi avions le moral à zéro", témoigne Lydie Bourgeois, la responsable du magasin Bijou Brigitte situé rue de l'Aspic à Nîmes. Depuis le premier confinement, les trois salariées sont en chômage partiel et la baisse de fréquentation justifie que leur responsable le soit également à partir de la semaine prochaine.
À la veille du lancement de ces soldes d'hiver, la commerçante espérait donc un retour massif - mais soumis au protocole sanitaire - des clients. Bien plus que des prix bradés, jusqu'à -50% dès la première démarque, elle proposera une opération inédite : deux articles soldés achetés, le troisième offert. "En 15 ans de boîte, c'est la première fois que je vois ça", commente Lydie Bourgeois. Le but est de liquider les stocks bien fournis, la faute aux deux confinements successifs.
"On veut vider tout le magasin !"
Un peu plus loin, toujours sur le long de la rue de l'Aspic, la boutique Ludivine Passion, spécialisée dans la maroquinerie et la bagagerie, frappe fort dès le premier jour des soldes avec des "-70%" affichés sur certains articles. "On veut vider tout le magasin !", lâche amusée, Catherine Ronger, la responsable. Mardi, avant 18 heures, elle avait déjà tout étiqueté, impatiente de démarrer ces soldes et de pouvoir jauger l'engouement des clients. Des clients qui jusque-là ne se bousculaient pas au portillon. "C'est partout pareil, réagit la commerçante. Les gens ont à la fois peur et un ras-le-bol de la covid-19 et des restrictions. Tout le monde en a marre. On ne sait pas où on va ni de quoi demain sera fait."
Selon Catherine Ronger, repousser les soldes de quinze jours n'avait pas vraiment d'intérêt, "d'autant que maintenant nous sommes sous couvre-feu, alors c'est du pareil au même". Ce couvre-feu contraint certains commerçants à aménager leurs horaires d'ouverture. C'est le cas d'Inès Alves, gérante de la boutique de prêt-à-porter La Fée Maraboutée, rue Régale à Nîmes. "J'ouvrirai une demi-heure plus tôt, soit à 9h30 et ne fermerai pas entre midi et quatorze heures."
Inès Alves ne s'interdit pas de lever le rideau de son magasin le dimanche puisqu'elle y est autorisée. "Je me laisse le temps de la réflexion. Cela dépendra de la dynamique dans la rue. Si personne n'est ouvert, ça n'aura pas vraiment d'intérêt", explique-t-elle se souvenant du "flop" du dernier dimanche avant les fêtes de Noël. Depuis le premier confinement, la gérante de cette boutique de prêt-à-porter a perdu environ 40% de son chiffre d'affaires. Elle espère donc, grâce à ces soldes d'hiver, rattraper ce retard.
Chez Délishoes, rue des Broquiers, la perte sur le chiffre d'affaires est estimée à 25%. Dans ce magasin de chaussures, le stock de produits est important. "Nous avons encore des invendus du printemps dernier. Je vais les ressortir en espérant que les gens auront envie de préparer le printemps prochain", lance la gérante, Marion Papadopoulos. Certains articles, des fins de série, seront bradés à -50%. Reste à savoir si tous les moyens mis en place par les commerçants seront suffisants pour attirer les clients. Fièvre des soldes d'hiver ou douche froide ? Réponse le 16 février prochain.
Stéphanie Marin