Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.10.2022 - anthony-maurin - 5 min  - vu 624 fois

FAIT DU JOUR La récolte des vins IGP du Gard sera malgré tout assez bonne

Les vins IGP du Gard (Photo Anthony Maurin).

Denis Verdier, président des vins IGP du Gard explique la récolte 2022 (Photo Anthony Maurin).

Le Gard compte un peu plus de 52 000 hectares de vignes et cette année la récolte flirtera avec les trois millions d'hectolitres mais ne la dépassera pas s'arrêtant à 2 920 000. Des baies plus petites, divers éléments climatiques peu propices à une grande récolte... La Fédération gardoise des vins IGP dresse le bilan.

Qu'est-ce qu'une IGP ? L'indication géographique protégée est un signe d'identification de l'Union européenne qui désigne des produits dont la qualité ou la réputation est liée au lieu de production, de transformation ou d'élaboration, mais dont les ingrédients ne proviennent pas nécessairement de cette aire géographique. L'AOP, c'est autre chose.

Pour le président gardois des vins IGP, Denis Verdier, "l'AOP met en avant le terroir dans un cadre précis et avec des cépages traditionnels. L'IGP a une capacité d'innovation, d'expérimentation et a des règles plus souples. On s'adapte et c'est ce qui fait notre succès, notamment pour l'IGP Cévennes". Le Gard compte trois appellations du genre : IGP Cévennes, IGP Coteaux du Pont du Gard et IGP Gard.

Gérard Sanchez de l'ICV (Photo Anthony Maurin).

Actuellement, pour avancer, chacun le sait, il faut bouger. Chercher la petite amélioration, se soucier du climat, des sols et des ventes. Se faire plaisir en faisant un vin qui plaît mais qui a du caractère. Oui, l'heure du bilan de la campagne 2022 est venue alors même que de nombreux viticulteurs sont encore en train de signifier leur nectar ou que les derniers grains sont encore sur les plantes.

Bilan de la récolte

Gérard Sanchez, directeur Sud Gard de l'Institut coopératif de la vigne est clair : "Trois éléments climatiques ont joué. Les températures élevées de mai au 15 août (imposant au raisin une phase végétative et donc un ramassage plus précoce, NDLR), les températures maximales (environ 4°C plus élevées que 2021, NDLR) avec trois jours à plus de 40 °C et 36 à plus de 35°C. Enfin, les faibles précipitations, inférieures d'un tiers aux normales de saison, sans pluie en juillet."

Des cépages mûrs plus tôt dans le temps, notamment les Muscat et Sauvignon. Avec ces conditions et faute d'alimentation hydrique, les grains n'ont pas beaucoup grossi. Le volume de la récolte est par conséquent moindre car la plante a eu du mal à maturer. "À partir du 15 août, on a vu de meilleurs effets sur les cépages plus tardifs comme le Carignan. On aura un millésime particulier comme je n'en ai jamais connu. L'effet local, qui joue habituellement, a eu moins d'emprise mais chaque changement a modifié en profondeur les choses", poursuit Gérard Sanchez.

Ça reste une  récolte petite mais une honorable. Le travail commence déjà sur les assemblages de blancs et rosés mais pour les rouges la fermentation est encore active. Il restera à mettre tout ça au propre et on y verra plus clair. "L'acheteur sait que le millésime est précoce, il commence à se positionner donc il nous faut être prêts."

La récolte fait mieux que l'an dernier mais moins bien que 2020. Par hectare cultivé on arrive à tirer 56 hectolitres. Si le Gard méridional connaît une augmentation de 68 % de sa production cette année, le Gard septentrional passe lui la barre des + 40 %. Moindre augmentation mais hausse tout de même, la zone des garrigues croît de 16 %. La zone des Costières de Nîmes chute d'un peu moins d'un point et les Côtes du Rhône enregistrent quant à elles la pire des baisses avec -20 %.

IGP Cévennes, une appellation qui a le vent en poupe (Photo Anthony Maurin).

Il est aussi de plus en plus difficile de s'installer. Si, il y a encore cinq ans on voyait une hausse des installations, elle ont tendance à stagner. Il faut dire que la raison impose quelques contrainte à la passion. Déjà les conditions climatiques plus aléatoires, ensuite le coût des transports, des matières premières et de la main-d'œuvre. Enfin, on va parler en francs. Avant l'an 2000, l'hectolitre se vendait 1 000 francs pour un viticulteur. En euro, nous ne sommes, vingt ans plus tard, qu'à 140 euros. Moins des 1 000 francs...

Vignes Réboussières

Pour Christel Guiraud, "l'IGP Cévennes a le vent en poupe ! Nous avons de très gros sujets sur la table, nous sommes engagés et nous espérons promouvoir et faire des choses pour lutter contre les effets de la sècheresse".

L'IIGP Cévennes a donc une longueur d'avance sur la recherche et de nouvelles perspectives s'offrent à elle. Christel Guiraud, président de l'appellation, a 51 ans et une expérience familiale et familière de ces enjeux. "Nous sommes installés de père en fils et maintenant en IGP. La récolte a été compliquée mais la qualité est là. Les blancs et les rosés sortent très bien, les rouges devraient suivre mais vous le verrez vous même lors des Vignes Réboussières le 30 octobre."

Jérôme Pépin (Photo Anthony Maurin).

C'est chez Jérôme Pépin (Domaine Quartier Lander) que cette septième édition aura pour thème l'aspect sauvage, pleine nature, de la chose. Les participants à la balade auront accès à un parcours au cœur des vignes, des bois situés autour du Domaine Quartier Lander, à Bagard. Le long de ce parcours de 2,5 km, 14 vignerons feront déguster 42 vins IGP des Cévennes.

En complément et au milieu de la balade, un stand sera animé par des producteurs locaux qui proposeront une dégustation de leurs produits du terroir. Les visiteurs pourront aussi admirer des œuvres Land art (trois artistes : Guth Joly, Arthur Vignaud et Sardagan, NDLR) ainsi que des expositions de photos le tout sur le thème de la nature. Vous pourrez aussi découvrir le travail agro-écologique des vignerons en GP Cévennes par des panneaux ludiques et explicatifs.

Les septièmes Vignes Réboussières (Photo Anthony Maurin).

Il y aura des ânes, un stand de maquillage mais aussi les fameux ateliers de jeux en bois et quelques mandalas pour les passionnés. Pour cette balade, un départ aura lieu tous les quarts d'heure avec à chaque départ 30 personnes. Début des festivités à 9h45 et ultime départ à 14h30. Le prix de la balade est fixé à 14 euros mais est gratuit pour les enfants (eau et jus de fruits leur seront proposés).

Avec cette balade festive et décalée, vous aurez droit à un verre sérigraphie IGP Cévennes, un carnet de dégustation et un crayon pour prendre des notes si le cœur vous en dit. En plus de cela et pour satisfaire tout le monde, six fond-trucks seront accessibles et vous pourrez également déguster une sélection des vins de la balade pour deux euros le verre (vous pourrez en acheter).

Entre Anduze et Alès, le domaine familial des Pépin est à voir. "Je suis un jeune vigneron car j'ai repris il y a deux ans mais depuis cinq ans je fais les balades vigneronnes. Avant tout, je me suis occupé des sols de mon domaine, explique l'hôte Jérôme Pépin. Ils étaient pauvres et sans vie. Sur mes 17 hectares de terre, j'en cultive 10 en vignes pour une vingtaine de cépages différents. Je plante des haies, je vois le retour des insectes pollinisateurs, des oiseaux, des chauves-souris... J'ai aussi planté des cépages anciens, d'autres de Grèce, d'Italie ou du Portugal. Ils sont plus résistants aux maladies et pour faire de l'IGP Cévennes, il faut de tous les goûts !"

Anthony Maurin

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