Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 26.11.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 677 fois

FAIT DU JOUR La vigne connectée, déjà une réalité

Le vigneron Grégory Brunel et le responsable technique de Charrière distribution, Jacques Oustric (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Grégory Brunel gère le domaine de Géorand, à Chusclan, près de Bagnols/Cèze. Sur son téléphone, il dispose d’un vrai assistant de gestion de ses parcelles en temps réel.

Depuis mars dernier, le vigneron s’est équipé d’une station météo dernier cri de la marque Weenat, commercialisée par l’entreprise de fournitures pour l’agriculture Charrière distribution. Classiquement, la station dispose d’un pluviomètre et d’un thermomètre ainsi que d’un anémomètre. Là où réside de la nouveauté, c’est que la station est directement connectée au téléphone du vigneron, qui voit en temps réel les conditions météo de toutes ses parcelles - 130 hectares en tout - mais pas seulement.

« J’ai accès à toutes les stations voisines, ce qui créé un réseau météorologique », explique Grégory Brunel. Tout sauf une coquetterie : « Ça nous permet de mieux piloter les parcelles, surtout en périodes critiques, poursuit le vigneron, à qui la solution a côté 900 euros et 14 euros d’abonnement mensuel. Avec cet outil, on limite les traitements en pouvant y aller à la période optimale. »

Car si vous épandez du cuivre sur les vignes et qu’il fait trop chaud, ou qu’il pleut dans les heures qui suivent, vous êtes bon pour y retourner le lendemain et ainsi perdre du temps et de l’argent. « Je pense que cette année, grâce à ce dispositif, j’ai fait un traitement de moins », estime Grégory Brunel. « On optimise la protection et on répond aux exigences sociétales », abonde Jacques Oustric, responsable technique de Charrière distribution.

Prévenir les maladies de la vigne

« Il nous faut appliquer au meilleur moment. Quand il n’y a pas de vent, pas d’hygrométrie et des températures idéales ; souvent le matin », décrit-il. C’est tout l’intérêt de cette solution, car outre la météo en temps réel, la station fournit également des prévisions fines, et le vigneron voit les plages horaires des jours à venir matérialisées en vert, jaune ou rouge. Si c’est vert, le vigneron peut épandre, si c’est jaune il prend des risques et si c’est rouge, mieux vaut s’abstenir.

« C’est une aide, je peux avoir les prévisions pour la semaine », ajoute le vigneron, qui peut ainsi mieux planifier son emploi du temps. Plus globalement, un algorithme dédié permet aussi au vigneron d’obtenir des modèles et en fonction des différentes paramètres météorologiques, la technologie les interprétera et préviendra le professionnel des risques encourus en temps réel.

Car chaque année, les vignerons font face à plusieurs périodes critiques durant lesquelles des parasites dévastateurs, comme le black-rot ou le mildiou, peuvent pulluler dans les vignes et détruire tout ou partie de la récolte. C’est dans cette optique que la recherche et le développement se poursuit. Ainsi, des sondes tensiométriques sont déjà commercialisées et permettent de mesurer la teneur en eau à 30 et à 60 centimètres de profondeur. « Ça permet de mieux piloter l’irrigation en suivant précisément la dessiccation du sol », commente Jacques Oustric.

« Il faut vivre avec son temps »

Et, bientôt, une sonde mesurant le point de rosée va être commercialisée. « Elle permettra de mesurer le point d’humectation de la feuille de vigne avec un capteur au niveau du feuillage », présente Jacques Oustric. Une technologie intéressante pour prévenir le black-rot d’une manière à la fois plus précise et plus précoce. Bref, « aujourd’hui, nous sommes plus dans une philosophie de prévention, pour éviter d’avoir à enrayer une maladie qui nous échappe », résume Jacques Oustric, qui parle « d’agriculture connectée ».

Une agriculture 2.0 dont ne sont pas friands uniquement les jeunes vignerons, dixit Jacques Oustric : « Il y a de tout, mais ce sont des vignerons intéressés par la technologie, qui veulent évoluer. C’est plus un état d’esprit. » « Il faut vivre avec son temps », ajoute Grégory Brunel. Reste désormais à développer le réseau. Pour l’heure, une cinquantaine de parcelles sont équipées dans les Côtes du Rhône, les Cévennes, du côté de Beaucaire et d’Aix-en-Provence. « L’idée est de multiplier les stations pour avoir un réseau le plus proche possible du terrain », note le technicien. Et ainsi entrer véritablement dans l’agriculture connectée.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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