FAIT DU JOUR Le fabuleux parcours d'Anita Cournut
En 2012, Anita Cournut, une adolescente de 16 ans, arrivait dans le Gard sans trop savoir quoi faire de sa vie. Sept ans plus tard, elle gère une équipe de huit personnes au restaurant "La truie qui doute" à Anduze.
Suite à la séparation de ses parents, Anita Cournut quitte sa région toulousaine natale et rejoint sa mère qui démarre une nouvelle vie dans le Gard, en 2012. L'adolescente de 16 ans n'a jamais vraiment été passionnée par l'école qu'elle a d'ailleurs arrêté en classe de troisième. En revanche, elle voue un véritable amour à la cuisine.
Seulement, comme dans tous les domaines, il n'est pas évident de se lancer, ni même de donner envie à un employeur quand on ne possède aucun diplôme. Mais la jeune femme a de l'aplomb et une grande volonté. Un beau jour de 2012, curriculum vitae et lettres de motivation en main, elle fait le tour des restaurants alésiens et des communes voisines.
Autant dire que son manque d'expérience n'incite pas les restaurateurs à donner suite. Mais, dans le dernier établissement où elle passe, "La truie qui doute" à Anduze, le chef de l'époque, Stéphane Chapon, décide de lui donner sa chance : Anita est engagée comme apprentie.
Une ascension fulgurante
Pendant deux ans, la jeune femme travaille dur et ne compte pas ses heures : une semaine de formation à l'école et trois au restaurant. À "La truie qui doute", sous les précieux conseils de Stéphane Chapon, elle passe par tous les postes et apprend le métier : "L'apprentissage, c'était énormément d'heures pour peu de salaire. Mais c'est formateur et ça m'a permis de me construire. J'ai fait la plonge, la cuisine, le service..."
Si elle n'avait jusqu'alors pas trouvé son bonheur dans les voies générales à l'école, Anita se révèle une bien meilleure élève quand il s'agit d'exercer sa passion. Elle décroche son CAP cuisine puis enchaîne avec un BAC Pro qu'elle obtient aussi. En 2016, pour être la plus polyvalente possible, la jeune femme, alors âgée de 20 ans, décide de passer un CAP pour la partie service. Une fois de plus, Anita est diplômée. Hélas, cette même année est endeuillée par le décès brutal de son mentor, de celui qui lui avait tendu la main, Stéphane Chapon. L'un de ses amis tente bien de reprendre le restaurant, mais l'affaire tourne court.
Anita, une patronne au four et au jardin...
C'est finalement Anita, arrivée comme apprentie six ans plus tôt, qui prend les rênes de l'institution anduzienne ouverte en 1976. "J'ai tenu la promesse que j'avais faite à mon chef (Stéphane Chapon, Ndlr). Je lui avais dis que je tiendrai mais c'est vrai qu'à mon arrivée en 2012, je ne pensais pas que ça se passerait comme ça", explique Anita.
À la tête d'une brigade de huit personnes, la jeune patronne est au four et au jardin... "Je crée la carte et je fais confiance à mon chef de cuisine qui reproduit. Mais en général, je suis plutôt au service parce que je trouve ça bien que les clients voient la responsable de l'établissement", analyse-t-elle. À la carte de son restaurant, on trouve de nombreuses spécialités cévenoles comme le gratiné de chèvres aux éclats de noisette, les gambas flambées au Pastis, le faux-filet périgourdin ou le moelleux à la châtaigne.
"Ce n'est pas du gastronomique. On propose une cuisine simple, mais bonne. Et on essaie de faire tout ça dans la bonne humeur", sourit Anita dont la plus grande fierté est de voir revenir ses clients. Et ils sont, paraît-il, de plus en plus nombreux à venir découvrir la cuisine de la petite apprentie devenue chef.
Tony Duret
La truie qui doute – 1840, route de Saint-Jean-du-Gard – 30 140 Anduze. Tel : 04 66 25 86 89. Du lundi au dimanche (pendant l'été). Menu midi à 12€ / Menus du soir à 18,90€ (entrée-plat-dessert) ou 25,90€ (entrée-plat-dessert avec plus de choix). Plus d'infos sur le site Internet du restaurant ou par le lien Facebook