FAIT DU JOUR Nîmes, la police, son école et 20 ans d'histoires
Le 1er septembre 1998 après avoir longtemps été la base aérienne 726, le site de Nîmes-Courbessac est devenu l’École nationale de police actuelle. Aujourd'hui et demain, ce mastodonte de la formation policière fêtera donc ses 20 ans.
Gil Andreau, commissaire général DZFR Sud (Occitanie, PACA et Corse soit 21 départements et environ 11 millions de Français) est aussi le directeur de l'École nationale de police de Nîmes qui a fêté ses 100 promotions de gardiens de la paix (250 promotions en tout). Il évoque l'école et son importance depuis la série d'attentats commis sur le territoire national...
Dans le bureau de Gil Andreau, un peu de rugby, de l'art, de l'architecture et des dizaines de tours Eiffel en porte-clés, trophées de guerre d'une ancienne vie versaillaise. Issu de la 42e promotion des commissaires de police, Gil Andreau est en poste depuis plus de deux ans à l'ENP de Nîmes. " J'ai postulé parmi une quinzaine d'autres commissaires. J'avais une expérience en tant que directeur départemental de la sécurité publique du Gard et j'avais déjà occupé à peu près le même poste en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie entre 2003 et 2006. J'aime la formation et ce sera mon dernier poste. J'avais envie de transmission. Je suis très bien entouré, beaucoup de mes cadres ont déjà travaillé avec moi par le passé. "
Tous les présidents de la République, depuis 1998, sont venus à l'ENP de Nîmes. L'actuel, Emmanuel Macron, avait laissé entendre qu'il passerait célébrer ses 20 ans. Il n'en sera rien, dommage. Pourtant, l'histoire mérite le symbole jupitérien. " Il y a 20 ans, les gens ne se rendent pas compte que de ce qu'ont fait les pionniers de l'ENP de Nîmes. Le 1er septembre 1998, il n'y avait rien. Tout était laissé à l'abandon. Ils ont tout créé, nettoyé et aménagé. Un jour, un invité de marque s'est présenté pour voir le directeur. Il est tombé sur une personne en tenue de bricoleur : c'était le directeur ! Le 1er décembre suivant, la première promotion était de 600 élèves et quinze jours plus tard de 800. Il faut rendre hommage à ces personnes et leur montrer ce qu'est devenue l'école où l'on partage toujours ces valeurs. "
Aujourd'hui, l'ENP ne forme pas que des gardiens de la paix. Adjoints de sécurité, cadets de la République, policier technique et scientifique (PTS) depuis 2013, stages officier de police judiciaire (OPJ 16) ou encore franchissements de grade brigadier et brigadier-chef depuis 2006 sont devenus monnaie courante. " Les formations ont beaucoup évolué. Maintenant nous avons des mises en situation. Nous nous intéressons au vécu des policiers. Nous évaluons mieux leur discernement, chose essentielle dans nos métiers. On fait de la théorie, de la pratique et on mélange les deux lors des mises en situation, notamment à X Ville. Bientôt, nous ferons certainement plus d'un mois de " classes " comme cela se fait dans l'Armée, proposant un tronc commun à toutes nos écoles ".
Il faut dire que l'école est pourvue d'installations de qualité et à la hauteur de ses ambitions avec une superficie de 38 hectares, une capacité d’hébergement de 2 300 places, 65 salles de cours, six dojos, quatre stands de tir, un gymnase, un stade, deux parcours professionnels, un amphithéâtre de 190 places, une salle de 300 places, un grand complexe de restauration et une infirmerie, sans oublier la fameuse X Ville, la cité fantôme qui sert aux entraînements urbains et mises en situation. " Tous les métiers ont eux aussi évolué. Ils n'ont plus rien à voir avec ceux que nous connaissions par le passé. Quand on est gardien de la paix, par exemple, on peut évoluer vers 100 autres métiers ! Tout est possible, il faut juste s'en donner les moyens ", évoque le directeur.
Les 2300 lits servent, en plus des élèves en formation, d'hébergement pour les CRS lors des ferias, à la sécurité civile lors de la saison des feux ou à la gendarmerie si besoin est. En fait, l'ENP de Nîmes est la plus vaste école de police de France et certainement d'Europe.
Aujourd'hui est donc venu le temps du souvenir, de la mémoire et de la remise du plus vieux drapeau d'anciens combattants de la police en France. Les cinq premières minutes du premier grand documentaire traitant objectivement de l'histoire, tantôt sombre tantôt héroïque, de la police nationale seront diffusées en avant-première au public présent (le film sera par ailleurs diffusé à toute les futures promotions). Les 1300 élèves actuels seront de la partie et l'amphithéâtre prendra le nom solennel de Xavier Jugelé, policier abattu en 2011 sur les Champs-Élysées et dont le papa était à la BA726. Le soir, festivités, musique, repas et danse.
Samedi, double transmission. L'ENP organise le premier championnat de France des écoles (15 pour environ 80 participants) en laser run, une nouvelle discipline qui est un mélange de biathlon et de course à pied. Toujours des animation musicales, une chorale, un concert, un bal et une exposition photos retraçant 20 ans de souvenirs. Des structures gonflables et des ateliers seront nombreux et variés parmi lesquels les visiteurs (les policiers et leur famille) pourront retrouver du rugby, du tir, de l'escalade, de la prévention routière, un test choc, du secourisme... " On s'appuie sur un petit nombre de gens qui ont un cœur gros comme ça. Ceux qui ne sont qu'à quelques semaines de la retraite sont à fond et les anciens élèves, une fois impliqués dans le projet, ont bien joué le jeu ", brosse Gil Andreau.
L'ENP a beaucoup souffert du manque de recrutement sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Même le niveau général avait baissé. " Il n'y avaient que 500 élèves en France alors qu'actuellement, il y en a 600... rien qu'à Nîmes ! D'ailleurs, Nîmes forme environ 1/3 des gardiens de la paix en France car elle est la seule école à proposer les cinq promotions de formations annuelles. En tout, ce sont 20 000 gardiens de la paix et 10 000 cadets de la République et adjoints de sécurité qui sont passés par l'ENP de Nîmes. "
Pourquoi choisir cette voie ? Accroissement du sentiment d'insécurité, développement du terrorisme sur le sol national, prestige de l'uniforme, vocation... " Certainement la volonté d'être utile aux autres. Ce sont des métiers difficiles mais nous sommes tous policiers et nous ne le sommes pas par hasard. On fait ce métier avec passion mais ce n'est pas forcément une vocation. En tout cas, il faut être fort psychologiquement car nous côtoyons aussi le mauvais côté de la force, la misère sociale, l'enfance en détresse, les femmes battues... Mais c'est le plus beau métier du monde et gardien de la paix, quand même, c'est un intitulé magique. On garde la paix. Tous les jours, je suis heureux, fondamentalement heureux. J'ai 60 ans, j'ai commencé quand j'avais à peine plus de 20 ans et je m'éclate peut-être plus qu'à cette époque ", conclut Gil Andreau.
Aujourd'hui :
10h : Passation d’armes, en présence des autorités et des promotions présentes. Un buffet au Mas est prévu pour les autorités, les autres participants déjeuneront chez Eurest,
14h : Film sur l’histoire de la Police, présentation des Techniques d’Optimisation du Potentiel, visite éventuelle de Nîmes et divers ateliers ludiques et sportifs. En soirée : soirée Flamenco suivie d’une soirée dansante. La restauration et la soirée se feront dans les jardins du Mas.
Demain :
10h : Laser Run, ateliers divers ludiques et sportifs, projection en boucle du film à l’amphithéâtre, exposition photos bâtiment Provence sur 20 salles. Déjeuner au mess.
14h : Tir pistolet à plomb, démonstration TOP, Chorale dans les jardins, concert groupe de l’école à 16h, suivi d’une animation concert avec "les Rustyn’s" et les " Rockin’ Three".