FAIT DU JOUR Rallye Dakar : Romain Dumas tout feu tout flamme au départ
Double vainqueur des 24 heures du Mans, l’Alésien prend part à son cinquième Dakar ce dimanche. Après un abandon au 65e kilomètre de la dernière édition suite à l’incendie de son buggy, le pilote du team Rebellion a revu sa copie, optant notamment pour Gilles de Turckheim au poste de copilote. Suite au prologue qui a eu lieu hier, mettant déjà en difficulté les deux hommes, le duo s’élancera de Djeddah à la 59e place, dans l’espoir de rallier l’arrivée le 15 janvier.
L’officialisation de sa cinquième participation au rallye Dakar avait tardé à être annoncée, Romain Dumas préférant le travail de l’ombre, entretenant le suspense. Puis elle avait fini par arriver, fin novembre, sur les réseaux sociaux du pilote alésien. Quelques jours plus tard, au Pôle mécanique Alès Cévennes de Saint-Martin-de-Valgalgues, le quadragénaire présentait devant pléthore de journalistes son bolide, un buggy DXX made in Cévennes, conçu au sein de sa propre écurie RD Limited.
Mais le monstre de 1 580 kilos, équipé de deux roues motrices, d’un moteur V8 de la marque Ford et d’une puissance de 370 CV pourra-t-il rivaliser au milieu des grosses écuries ? « L’objectif est de faire notre course et de ramener la voiture en une pièce à Alès », rétorque modestement Romain Dumas interrogé sur ses objectifs. « C’est sûr que sur un Dakar, rien que le fait de ramener la voiture intacte est une belle performance. Mais un compétiteur comme Romain ne peut pas s'en contenter », promet de son côté Gilles de Turckheim, le nouveau copilote. Et d’ajouter, un peu plus ambitieux : « Faire un top 15 à la fin, ce serait intéressant. Un top 10 serait très bien. Un top 7 génial et un top 5 tout simplement incroyable ! »
Une piste maison pour s'entraîner
L’Héraultais va vivre sa première aventure dans la catégorie rallye raid et son association avec le Cévenol a des allures de gageure. « On s’entend hyper bien avec Romain, ça fait déjà dix ans qu’on se connaît, on a déjà fait plusieurs rallyes ensemble dont le Monte Carlo », rassure cependant celui qui remplace Alex Winocq sur le siège passager de l’une des deux voitures du team Rebellion Racing.
Faute de pandémie, la préparation à l’événement n’a pu être optimisée, les habituels stages au Maroc, dont le terrain est propice à la reproduction des conditions des déserts saoudiens, ayant été annulés. Mais Romain Dumas, qui a fêté ses 43 ans le 14 décembre dernier, est une figure sportive emblématique à Alès. Double vainqueur des 24 heures du Mans dont il a pris la 4e place de la dernière édition en septembre dernier, le pilote du team Rebellion est un étendard pour les élus locaux qui n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour le placer dans les meilleures dispositions.
Ainsi, reproduisant en partie les effets des dunes d’Arabie Saoudite, une piste rallye raid a récemment été inaugurée au Pôle mécanique. Le Cévenol, qui « a travaillé plus de 15 heures par jour, sept jours sur sept pendant deux mois » avec ses mécaniciens, s’y est exercé à plusieurs reprises, ne compensant pas pour autant le manque de repères sur un parcours exigeant qui a changé à 90 % par rapport à janvier dernier.
Un mauvais souvenir à effacer
L’Alésien, qui a déjà achevé un Dakar à une place d’honneur (8e en 2017), a une revanche à prendre avec l’Arabie Saoudite où son rêve est parti en fumée dès le 65e kilomètre de course l’an dernier, après que son buggy ait pris feu. S’ils venaient à s’ensabler, ce qui est très fréquent sur une course comme le Dakar, les deux amis pourront compter sur les nouveaux vérins hydrauliques du véhicule prévus pour répondre à une telle mésaventure.
« Motivé et content d’être là », Romain Dumas est arrivé au Moyen-Orient avec une fraîcheur supérieure à l’ordinaire et bien moins de kilomètres d’asphalte parcourus, en raison de l’annulation de plusieurs courses. Une annulation qui a un temps menacé la tenue du Dakar 2021 et auquel le duo est d’autant plus heureux de participer puisqu’il n’a rien à perdre. « On connaît tous les sept ou huit favoris, derrière il y a encore des gars qui vont très vite. Il y a du gros niveau. Ce n’est plus vraiment de l’endurance et du rallye raid, ça attaque vraiment ! », s’enchante le nouveau copilote.
Après un isolement de 48 heures passé notamment à faire des longueurs dans la piscine de l’hôtel, puis un désagréable curage des narines pour montrer patte blanche, le tandem, qui a pris une peu reluisante 59e place au terme d'un prologue chaotique hier, ne s’élancera pas au départ de la première spéciale ce dimanche dans les meilleures conditions. Mais s’il est épargné par les ennuis mécaniques, le duo ralliera Djeddah le 15 janvier prochain, au terme de douze journées de course où il tentera de se frayer une place parmi les meilleurs.
Corentin Migoule