FAIT DU JOUR Ruisseaux couverts : révolution scientifique sous nos pieds
Sujet glissant, le problème des ruisseaux couverts semble enfin sortir de sa tanière. Mieux, il devient aujourd'hui un terrain d'innovation révolutionnaire porté par l'Ecole des Mines d'Alès et un groupe d'entreprises spécialisées.
Fissures, déchaussements, affaissements, déformations, les tunnels qui serpentent les sous-sols cévenols se fragilisent. Il faut dire que depuis l'arrêt de l'exploitation minière, aucun entretien suivi n'a été mis en place. Ce qui devait arriver se produit en 2012 : un terrain de tennis s'effondre à Robiac-Rochessadoule et la commune prend conscience du risque pour le bassin tout entier. Au total, seize villages sont concernés.
Quatre ans plus tard, le dossier commence enfin à avancer. Les entreprises Antea, BRL, Nouvetra et Richer, en consortium avec l'Ecole des Mines d'Alès, ont mis la main à la poche pour mettre en oeuvre un outil 3D innovant capable d'évaluer les risques mécaniques et hydrauliques, exportable à tout type de ruisseau couvert. Nom de code : Eredos.
Une idée économiquement porteuse puisque la France compte 300 km de tunnels, et l'Amérique du Sud presque 2000 km. "On a été voir les députés, les sénateurs, on est monté au ministère, on a visité des sites similaires à côté de Lyon, on a accueilli des élèves ingénieurs de l'Ecole des Mines d'Alès, à force d'enquiquiner tout le monde, ça avance!", se satisfait le maire Henri Chalvidan. Cette modélisation verra le jour d'ici deux ans et coûtera au total 2,6 millions d'€ dont 930 000 € financés par le Fonds unique interministériel. Elle générera la création de neuf emplois dont trois à l'Ecole des Mines.
Une première étape
Si Eredos représente une "révolution recherche et développement" pour la municipalité de Robiac-Rochessadoule, d'autres voisins sont plus sceptiques. "C'est un projet important mais ce n'est qu'un premier pas", rappelle une élue de Bessèges. De fait, cette solution clé en main "n'a pas pour vocation de tout réparer mais de répondre aux sollicitations", répète Davis Salze, enseignant chercheur aux Mines d'Alès.
A charge ensuite aux autorités d'investir pour prévenir d’éventuels effondrements. Des millions d'euros seront nécessaires. Mais les ruisseaux couverts ne relèvent pas du droit minier qui incombe à l'Etat, et les communes - propriétaires de nombreux terrains -, n'auront pas les moyens de payer. Qui s'occupera donc de la patate chaude ? Henri Chaldivan veut que l'Etat assume. "Sans les plates-formes construites sur les tunnels, on n'aurait pas pu construire d'usines d'exploitation. Ils sont donc purement liés à l'exploitation minière", insiste-t-il. "Il est trop tôt pour parler de financements, mais le sujet sera mis sur la table, forcément", avance prudemment Bruno Amat, chef de pôle à la sous-préfecture d'Alès. Le travail ne fait que commencer.
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