Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 20.10.2018 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 443 fois

FAIT DU JOUR Viticulture : le bio au centre des enjeux de l'avenir

Alors que les dernières grappes sont en train d'être vendangées dans le Nord du département, le président de la fédération des vins IGP du Gard, Denis Verdier, regarde vers l'avenir d'une filière qui se tourne résolument vers une production bio.
Le ciel sobscurcit face aux enjeux sanitaires nationaux... (Photo Anthony Maurin).

(De gauche à droite) Gérard Sanchez, Denis Verdier et Christophe Aguilar (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Hasard facétieux ou choix délibéré, toujours est-il que c'est au Wine Bar de Nîmes que Denis Verdier, Gérard Sanchez, le directeur du centre œnologique de Nîmes de l’Institut coopératif du vin (ICV), et Christophe Aguilar, producteur de Coteaux de Pont du Gard, recevaient la presse. L'occasion d'évoquer la campagne 2018 et de se projeter sur la suite.

Et pour parler justement de la suite, selon le dernier cité, la viticulture gardoise sera bio ou ne sera pas. En tout cas pour l'IGP (indication géographique protégée) Gard et les deux IGP de territoire que sont les IGP Cévennes et Coteaux Pont du Gard. "Dans un avenir proche, nous devrions avoir plus de 75% de la production en bio", affirme-t-il avant que Denis Verdier ne complète d'un "même si nous garderont une production traditionnelle".

Car le président Verdier l'a affirmé avec force et conviction : sa fédération, qui représente environ 70 % des professionnels gardois, veut encourager une production "verte", plus respectueuse des enjeux environnementaux et moins consommatrice de phytosanitaires. Une mutation qui s'accompagnera du remplacement progressif des ceps locaux par des ceps résistants, adaptés aux spécificités du territoire (ensoleillement, irrigation, vent, terre...). À ce jour entre 15 et 20% du vignoble gardois est travaillé en bio.

"On va mettre le paquet"

Concernant les ceps résistants, ce ne sont pas des OGN (organisme génétiquement modifié) mais sont issus de croisements très traditionnels de pépins comme la nature se charge parfois d'en organiser naturellement. Des essais sur une douzaine de ces ceps immarcescibles agréés par l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité) sont en cours depuis près de 25 ans dans l'Hexagone. Dans le Gard, une cinquantaine d'hectares de ces ceps sont plantés. Il faut compter en moyenne entre 15 000 et 20 000 euros pour remplacer une parcelle et le vin, jadis cultivé sur des terres souillées par les pesticides et les produits phytosanitaires, devra attendre la 4e année de récolte pour obtenir le label Bio, les sols étant après quoi considérés comme régénérés et nettoyés. Un protocole justifiant la période de latence de cette conversion au bio pourra entre-temps figurer sur les bouteilles pendant trois ans. Dithyrambique, le président Verdier lâche un "on va mettre le paquet sur ce sujet", qui en dit long de sa détermination.

Les consommateurs font pression en faveur du bio 

Selon Denis Verdier, le grand public, à travers une autre façon de consommer, fait pression sur la filière en privilégiant les vins bio et leur consommation a augmenté de façon significative pour atteindre désormais 20% des bouteilles achetées dans le Gard. Des vins qui contiennent jusqu'à 50% de sulfites en moins que les vins traditionnels mais dont le prix de revient vient de faire un bond de 20%, lui aussi. "Le bio demande 20% de travail et d'interventions diverses en plus", souligne Christophe Aguilar. Et selon le principe des vases communicants, les viticulteurs entendent bien répercuter ce surcoût sur le prix des cols. Pour autant, "pas question que ce soit le consommateur qui paie la note. La grande distribution a assez de marge de manœuvre", estime le président Verdier qui voit d'ores et déjà se profiler des négociations ardues avec les chaînes de supermarchés et les négociants pour préserver la juste rémunération des professionnels de la vigne...

En attendant les prochains millésimes, en termes de production, celui de 2018 sera une année "dans la moyenne basse" avec 3,3 millions d'hectolitres (2,5 l'an dernier, NDLR). "Si les conditions de ramassage ont été excellentes, le printemps et le début d'été compliqué par la pluie, la grêle et le mildiou ont généré sur une perte de 10% environ en moyenne", explique Gérard Sanchez. Versant qualité, s'il faudra attendre encore quelques semaines pour savoir ce qu'il en est du rouge - annoncé prometteur -, on est déjà fixé sur le blanc et le rosé. "Il va falloir composer avec un petit manque d'acidité, relève le spécialiste, mais on a un bel équilibre aromatique" , conforme à ce que réclame un marché de plus en plus exigeant animé par des acheteurs de plus en plus avertis.

Circuits courts pour les deux IGP de territoire

La faible récolte 2017 a eu au moins comme avantage d'épuiser les stocks. "On ouvre une nouvelle campagne sur de nouvelles bases. Cela va bien aider nos vignerons au plan économique, note le président Verdier qui invite à "bien produire mais aussi à bien vendre" et pour cela éviter la surproduction de rosé, "un volume qui monte, y compris dans le Bordelais". Concernant les IGP de territoire, le Coteaux du Pont du Gard, les 20 000 hectolitres produits sont quasiment tous écoulés en vente directe en circuit court mais commencent à attirer l'attention des coopératives. Avant les négociants ?... Quant à la Cévennes et ses 80 000 hectolitres, 2e IGP du Languedoc-Roussillon en matière de volume, "elle est bien valorisée. On monte en puissance", analyse Gérard Sanchez. Ce n'est qu'un combat, continuons le début...

Philippe GAVILLET de PENEY

Philippe Gavillet de Peney

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