FAIT DU SOIR L'incroyable été du tennisman nîmois Clément Chidekh
Originaire d'Arles, mais licencié aux Hauts de Nîmes depuis plusieurs années, Clément Chidekh a enchaîné les performances tout au long de l'été. En quelques semaines, il a gagné 1 200 places au classement mondial et figure désormais dans le top 700 à l'ATP. Mais pas question de se lancer tout de suite dans la course aux points : Clément Chidekh garde les pieds sur terre.
Les études d'abord, le tennis ensuite. En matheux pur et dur, Clément Chidekh calcule tout et ne fait pas n'importe quoi. "J'ai toujours voulu poursuivre mes études, ça fait partie de mon équilibre", explique-t-il. Tennisman prometteur, il est suivi de près par les instances fédérales pendant toute son adolescence. Mais plutôt que de se lancer à corps perdu dans le circuit professionnel, le pensionnaire des Hauts de Nîmes préfère partir à Toulouse pour démarrer des études d'ingénieur après avoir obtenu son bac scientifique.
"Là-bas, j'étais dans un gros club mais il n'y avait pas assez de connexions avec mon école, se souvient-il. J'ai eu des problèmes pour m'organiser et je ne me suis pas assez bien entraîné pour progresser." Pour mieux articuler tennis et études, Clément Chidekh imite bon nombre de ses pairs et met le cap outre-Atlantique. Direction Seattle et l'Université de Washington.
Pendant un an, le jeune homme travaille ses maths et son tennis. Surtout, il se forge un mental de gagnant. "Le format des matches en championnat universitaire m'a beaucoup fait progresser dans la gestion des moments clés, analyse-t-il. Là bas, il n'y a pas de let, ni d'avantage à 40A et les rencontres se jouent en équipe ce qui rajoute de la tension."
"On m'a envoyé au milieu d'un camping !"
C'est donc beaucoup plus relâché que le Nîmois rentre en France au début de l'été. Le but ? "Faire des bons matches pour préparer la prochaine saison, indique-t-il simplement. Je n'avais pas vraiment d'objectif de fixé, je voulais juste enchaîner. J'ai donc décidé de m'aligner sur plusieurs tournois CNGT (un circuit parallèle à l'ATP regroupant les meilleurs joueurs français, ndlr) et Futures (le premier échelon du tennis professionnel, ndlr)."
En pleine confiance et totalement détendu, Clément Chidekh dépasse toutes ses espérances et multiplie les succès. Son bilan depuis son retour en France : une grosse trentaine de victoires pour seulement quatre défaites. Un ratio que ne renierait ni Novak Djokovic, ni Rafael Nadal. "J'ai souvent dû passer par les qualifications et quelques fois c'était folklorique, raconte le jeune tennisman. Sur un Future, il arrive qu'on s'auto-arbitre et c'est parfois un peu la jungle. Une fois, on m'a même envoyé sur un court au milieu d'un camping. Pendant qu'on jouait, on voyait des jeunes passer en maillot de bain avec une serviette sur l'épaule !"
Imperturbable, Clément Chidekh reste concentré et gagne match après match. "Sur ces dernières semaines, il devait jouer entre top 200 et 300 mondial, évalue son entraîneur Pascal Courtois. Il a une excellente lecture du jeu et joue très intelligemment. Je lui ai proposé de l'accompagner pour qu'il continue à monter sur le circuit, mais il préfère finir ses études."
Lucide et passionné, le jeune homme sait que les choses peuvent aller très vite dans les deux sens. "Je ne me sens pas encore complètement prêt à me consacrer au circuit, avoue humblement celui qui se considère comme un contreur, à l'aise sur dur. J'ai besoin d'armes supplémentaires au service et en coup droit pour me donner de meilleures chances de réussite. Il me reste deux années aux États-Unis pour valider mon diplôme tout en progressant sur le court."
À son retour, il aura 22 ans et tentera de suivre les traces de l'Anglais Cameron Norrie (29e mondial), de l'Américain Marcos Giron (65e à l'ATP), ou du Français Arthur Rinderknech (entré dans le top 80), tous passés par le championnat universitaire US avant de percer dans le tennis professionnel. Pascal Courtois, lui, attend son protégé de pied ferme. "Avec notre partenaire Bastide médical, on garde un peu d'argent de côté pour accompagner Clément, se projette-t-il. Une saison sur le circuit, ça coûte au moins 30 000€. Les seuls revenus sont les gains en tournoi."
D'ici là, Clément Chidekh entend s'aligner quand il le pourra sur des tournois Futures afin de conserver le meilleur classement mondial possible. Fort de ses résultats de l'été, il a même obtenu une invitation pour disputer son premier tournoi Challenger - un niveau où s'alignent régulièrement des joueurs du top 100 - à Cassis, dans quelques jours. Puis il sera temps de repartir à Seattle avant de rentrer dans le Gard en décembre pour disputer trois rencontres par équipe. Le tennis club des Hauts de Nîmes comptera sur lui pour obtenir son maintien en Pro B.
Boris Boutet