Carré d’art est un lieu public qui dispose d’un musée d’art contemporain, mais qui dispose de bien d’autres atouts. Cependant et en premier lieu, c’est une bibliothèque ! Le service patrimoine organise au moins une exposition autour de livres d’artistes car la collection nîmoise est d’environ 1 200 ouvrages. Faire vivre ce fonds et faire découvrir de nouveaux noms, telle est la mission.

Pour cette exposition, deux plasticiennes ont construit une proposition commune autour d’une grande diversité. Le visiteur y trouvera des livres d’artistes, des dessins, des estampes et des photographies.

Cette démarche est le fruit d’un long cheminement et d’une complicité de travail lors de résidences dans les Hautes-Alpes et les Préalpes d’Azur. Il est vrai que Sylvie Deparis et Florence Barbéris y ont exploré les liens et les corrélations entre éléments complémentaires comme le solide et le fluide, l’immobile et le mouvant.

La ville de Nîmes dévoile l’exposition « Méandres, entre roche et eau », qui sera donc présentée jusqu’au 22 septembre. Issue du travail de Florence Barbéris et Sylvie Deparis, artistes plasticiennes, cette exposition dévoile un monde où la roche et l’eau se rencontrent, s’effleurent, se heurtent et se mêlent sur des supports variés : livres d’artistes, dessins, estampes, photographies et installations… Plusieurs œuvres des deux artistes sont présentes dans les collections de la bibliothèque de Nîmes.

Née en 1964, Florence Barbéris vit et travaille à Aubais. Elle a reçu le prix de la gravure Regner-Lhotellier en 2022. Estampes, dessins, photographies… autant de traces diffusées au fil des rencontres et des histoires à conter, ici comme ailleurs.

Sylvie Deparis est quant à elle née en 1965, mais elle vit et travaille également dans le Gard. Passée par l’école des Beaux-arts de Toulouse, diplômée des Études supérieures en conservation et restauration des Œuvres peintes de l’école d’Art d’Avignon, elle expose depuis 30 ans.

Sylvie Deparis crée en 2009 les éditions SD éditions. Florence Barbéris a publié de nombreux livres d’artiste aux éditions Po&psy, Cadex, Encre et Lumière, les Cent Regards. Elle est aussi co-fondatrice de la biennale SUDestampe.

Du dessin à la gravure puis à l’édition de livres d’artistes, les deux plasticiennes maîtrisent l’intégralité du processus créatif. Leur travail se nourrit de résidences d’artistes dans différents territoires, ainsi que de leur intérêt pour l’Asie.

Au cœur de l’expo on peut lire, quelques mots de Sylvie Deparis. « Suivre des yeux les lignes de la roche, ses arêtes vives, ses courbes, son grain, ses fissures et anfractuosités. Le regard passe là où l'eau a creusé des nids pour ses méandres indéfiniment formés et défaits. Lente pénétration, danse inversée du yin-yang, l’eau creuse le roc. »

Deux artistes, deux démarches, une proposition commune entre deux recherches complémentaires.

Pour Florence Barbéris : « Cette expo est le fruit de deux résidences que nous avons passé ensemble avec Sylvie. Des moments très importants pour se mettre dans une bulle. Le travail nourri l’œuvre, même si nous n’avons rien réalisé à quatre mains, nous regardions le travail de l’autre. Osciller entre mouvement et immobilité, entre très petit et très grand, la goutte d'eau peut devenir mer, la pierre montagne. Collecter à la manière d'un scientifique des cailloux, des coquillages, des graines, des prises de notes, des relevés de terrain, des relevés d'empreintes. Et à chaque fois réinventer, rejouer, se mettre en danger, aller souvent sur de fausses pistes. Le dessin, la gravure, le monotype, les estampages, la photo m'accompagnent dans ces recherches, dans un travail expérimental, souvent empirique, où le hasard tient une place importante. »

Sylvie Deparis ajoute : « La thématique était d’abord celle du minéral, puis nous avons voulu le lier avec l’eau. Nous avons travaillé sur la corrélation entre ces deux éléments. Voilà ce qu’il se passe quand ils se rencontrent… Ils se transforment mutuellement et nous transforment aussi car nous sommes fait d’eau et de minéral ! Ma démarche est une recherche de mise en résonance avec les vibrations du monde. Elle est avant tout une pratique mettant en œuvre des expériences de perception, de présence, de souffle, et la plupart du temps au moyen du dessin. Elle cherche à appréhender et à transcrire une forme de non dualité. Questionnant le passage entre apparition et disparition, voilement et dévoilement, elle interroge le réel dans ses rythmes, perçus comme circulations de flux. »