FAIT DU SOIR Sixième circonscription : Philippe Berta, un député en danger ?
Chaque soir de la semaine, à 21 heures, Objectif Gard passe au crible l’une des six circonscriptions du Gard en vue des Législatives (12 et 19 juin). Place ce vendredi à la sixième circonscription où le député sortant MoDem, Philippe Berta, brigue un nouveau mandat dans un contexte difficile...
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Si on en croit cet adage, le député Berta doit être intelligent. L’enseignant-chercheur, qui annonçait en 2017 ne briguer qu’un seul mandat, a revu sa copie. « Je me voyais mal laisser cette circonscription aux extrêmes et rester au fond de mon lit. J’aurai eu très mauvaise conscience ! », se justifie-t-il. Et de vouloir poursuivre ses travaux « sur les maladies rares. Les 360 associations m’ont demandé de continuer le boulot parce qu’il n’est pas fini. » Le revoilà sur le terrain à demander aux électeurs nîmois et des communes de l’Uzège, de lui accorder de nouveau leur confiance.
La clef du scrutin reste la mobilisation après une campagne présidentielle qui est loin d’avoir enthousiasmé les foules. Face à un Jean-Luc Mélenchon qui a redonné un enjeu au scrutin, Philippe Berta fait valoir le « péril démocratique » que serait la victoire de la Gauche aux Législatives. Une manière d’alerter les 52% d’électeurs qui ont placé Emmanuel Macron en tête au second tour de la Présidentielle sur cette circonscription. Selon un sondage Harris Interactive, la majorité présidentielle pourrait compter sur une majorité de députés, autour de 300 élus. Les derniers jours avant le scrutin s’annonce décisifs.
François Courdil, le couteau entre les dents
Sauf que Philippe Berta a plusieurs problèmes. D’abord, son concurrent, élu Les Républicains et ancien attaché parlementaire, François Courdil. Jadis proches, les deux rivaux se vouent aujourd’hui une vrai animosité. Lors du débat d’Objectif Gard le 20 mai, François Courdil a remis au député Berta une carte de la sixième circonscription : « N’hésitez pas à m’appeler si vous êtes perdu à un angle de rue. » La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé : « Je connais malheureusement François Courdil qui n’a jamais ou presque travaillé de sa vie… »
En campagne depuis plusieurs mois, l’adjoint à la ville de Nîmes a le couteau entre les dents. Consultations, tractages, soutiens des élus locaux… Le républicain espère ramener les électeurs de Droite au bercail, eux qui ont préféré voter Emmanuel Macron à la Présidentielle. Une mission difficile car Les Républicains n’ont plus vent en poupe. Sur la circonscription, le candidate à la Présidentielle Valérie Pécresse a réalisé 4% des suffrages au premier tour. D’ailleurs un sondage Harris Interactive estime que le parti aura déjà du mal à conserver ses élus sortants. Aujourd’hui composé d’une centaine élus, le groupe LR-UDI pourrait tomber entre 35 et 55 parlementaires. Reste que les électeurs grappillés par François Courdil pourraient cruellement faire défaut à Philippe Berta. Surtout dans un contexte où la participation serait faible…
Nicolas Cadène au second tour ?
Un autre paramètre vient ouvrir le jeu sur cette 6e circonscription : l’Union de la Gauche. Pour la porter, Nicolas Cadène. La personnalité du quadragénaire socialiste, "macrocompatible" qui plus est, colle au territoire et notamment aux zones cossus de l’Uzège. « Il va plaire aux bobos écolos ! », lance un cadre de La République en marche dans le Gard. Nicolas Cadène devra toutefois se battre bec et ongles pour arracher sa place au second tour. D'autant que si la participation est faible, le candidat Mounir Benslima du Mouvement des écologistes libres et Cap 21 pourrait lui piquer quelques électeurs précieux.
Dans sa campagne, le socialiste cherche à capitaliser sur les 22,50% récoltés par Jean-Luc Mélenchon au premier tour (Emmanuel Macron a recueilli contre 22,95%). Un leader de la France insoumise qui a fait germer l’idée que les électeurs pouvaient infléchir sur la ligne politique d’Emmanuel Macron. « Un autre cap politique est possible pour renforcer la cause sociale et écologiste. Ce sont les véritables urgences collectives de notre pays ! », enfonce Nicolas Cadène sachant cette fois que selon le baromètre Ifop-Fiducial pour LCI, la Nupes obtiendrait 195 à 230 sièges à l’Assemblée nationale.
Rassemblement national, un vote enraciné
Dans notre département à la présidentielle, la candidate Rassemblement national, Marine Le Pen, est arrivée en tête des suffrages avec 52% des voix contre 48% pour Emmanuel Macron. À l’échelle nationale, le Président sortant décroche son second mandat avec 58,8% contre 41,2% pour Marine Le Pen.
Ici, le vote est enraciné notamment dans les communes périurbaines de Nîmes comme à Poulx où Marine Le Pen a récolté 51% des voix au second tour et 61% à Bezouce. Candidate comme en 2017, Laurence Gardet repart au combat. Si son potentiel électoral est réel, il ne lui a pas permis jusque-là de décrocher un fauteuil à l’Assemblée, les électeurs de l’Uzège n’étant pas acquis à la cause de Marine Le Pen.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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Les autres candidats : Sophie Guillot (Concertation citoyenne) ; Jean-Claude Maurin ; Aïcha Terbeche (Lutte Ouvrière) ; Nicolas Stival ; Stéphane Guillemin (Reconquête!) ; Stéphane Gilli (Mouvement écologiste indépendant) ; Mounir Benslima (Mouvement des écologistes libres et Cap 21).
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