FAIT DU SOIR Une nouvelle carrière de dressage au Haras d’Uzès pour perpétuer l’excellence
Le Haras national d’Uzès a inauguré ce samedi soir sa nouvelle carrière de dressage, un outil de pointe pour l’équitation de tradition française, classée au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis dix ans.
Pour le profane, il s’agit d’un grand rectangle de sable entouré de barrières, mais la carrière de dressage c’est bien plus que cela. C’est avant tout un outil de travail, rappelle le directeur du Haras national d’Uzès Luc Fruitet. Un outil « repensé pour répondre aux exigences de sécurité du cavalier, du bien-être du cheval et du développement durable », affirme-t-il.
Côté sécurité, la carrière est ceinturée de lices en PVC, pour le bien-être animal le sol est plus adapté à la préservation du cheval, quant à l’environnement, il est préservé par un système d’irrigation souterrain qui permet une gestion rationalisée de l’eau et la garantie d’un contrôle précis du taux d’humidité du sable. En tout, l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) a mis environ 160 000 euros sur cet équipement, « qui servira à nos missions : la formation, la recherche et la préservation du patrimoine équestre », note le directeur.
De quoi aussi perpétuer l’équitation de tradition française, classée au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2011, une philosophie héritée du XVIIe siècle qui repose « sur une participation volontaire du cheval, une harmonie avec le cavalier, une véritable relation », résume Didier Garnier, président du comité culture, patrimoine et Unesco de l’IFCE. Alors le volet bien-être animal de cette nouvelle carrière de dressage s’inscrit parfaitement dans cette tradition qui met le cheval au centre de tout. « Quand on parle de bien-être animal, nous sommes précurseurs, depuis le XVIIe ! », glisse Didier Garnier.
Le Cadre noir de l’IFCE, qui regroupe les cavaliers d’élite français à Saumur (Maine-et-Loire), travaille notamment sur cette question du bien-être animal. Il était bien représenté ce samedi soir à Uzès pour des démonstrations exceptionnelles sur la nouvelle carrière, montrant une autre facette de l’excellence de l’équitation de tradition française, qui revendique son caractère « unique au monde », selon les termes de Didier Mercier.
Une tradition unique et enviée : « beaucoup de monde se déplace, nous questionne sur nos méthodes, et nous demande des formations », ajoute-t-il avec fierté. Pour autant, les français ne se reposent pas sur leurs lauriers, l’Unesco demandant une évolution des méthodes pour éviter de figer la discipline.
« Faire rayonner l’excellence »
En attendant, les résultats sont là. L’IFCE accompagne les athlètes, comme la championne de France de Para-dressage Céline Gerny, qui a ramené une belle sixième place de Tokyo cet été et vise l’or à Paris 2024. Présente ce samedi, la cavalière paraplégique a montré l’étendue de son savoir-faire dans le dressage, qui passe par un langage élaboré entre elle et le cheval, pas par les coups de cravache, équitation de tradition française oblige. Idem pour l’adjudant Nicolas Ménard, qui a décroché une troisième place aux championnats du monde d’équitation militaire, lui aussi auteur d’une belle démonstration d’harmonie entre le cheval et l’homme samedi soir à Uzès.
Un savoir-faire national qui trouve un terrain d’expression local, à Uzès, « un environnement fantastique, un site exceptionnel », soulignera le député Philippe Berta, pour accueillir « un projet exemplaire qui tient compte du développement durable et du bien-être animal », pour le président de la Communauté de communes du Pays d’Uzès Fabrice Verdier. De quoi, pour la conseillère départementale Bérengère Noguier, « faire rayonner l’excellence de l’équitation française au-delà de nos frontières. »
Thierry ALLARD