FRANCE 2 Yvan Lachaud : "Je veux que les Nîmois connaissent la vérité sur l'eau"
C'est dans une atmosphère tendue et sur un ton remonté qu'Yvan Lachaud s'est exprimé dans une conférence de presse après les révélations de l'émission de France 2, "Cash Investigation", qui a pointé du doigt une gestion quasi désastreuse de l'eau à Nîmes.
Le président de l'agglomération nîmoise a rapidement décrit son humeur : "je suis prêt à me défendre, si vous voulez m’attaquer." Il a d'abord commencé par remettre en cause le montage de la séquence le concernant. "L'entretien dans mon bureau a duré une heure et demi. Moi je n'avais pas de papier et Madame Lucet avait une oreillette et le tournage était coupé dès qu'elle était en difficulté. Sur toute l'interview, elle n'a gardé que les 7 minutes qui l'intéressait. Pour moi, c'est de la malhonnêteté intellectuelle."
Il a ensuite tenu à livrer ce qu'il considère être les véritables chiffres concernant la rentabilité de la Saur à Nîmes. Nîmes métropole conteste que seul le chiffre des 12,12% de marge réalisée par la Saur à Nîmes soit retenu dans le reportage. Dans une démonstration mathématique, au tableau, l'élu arrive à un résultat totalement opposé et parle d'une marge totale de 0,08%. Car, selon lui, en réalité les 12,1 % ne concernent que la marge sur l'eau potable auquel il faut ajouter la perte sur l'assainissement de -19,8% à Nîmes pour obtenir le résultat total. En résumé, si l'on ne se réfère qu'à l'eau potable, la marge de la Saur à Nîmes est donc très élevée par rapport à la moyenne (4%).
"Vous trouvez ça honnête de dire que cela coûte 9 millions d’euros"
Le point principal de divergence se trouve sur le montant que représente les fuites d'eaux à Nîmes. "Cash Investigation" estime la perte annuelle financière à 9,4 millions d'euros. Un montant qu'Yvan Lachaud dément totalement : "nous avec la Saur, on arrive à un chiffre de 644 000 euros. Je veux que les Nîmois et les métropolitains connaissent la vérité sur l'eau. Leur faire savoir qu'ils ne perdent pas des millions d’euros comme ils ont pu le voir et leur montrer le travail effectué depuis 2015." Une volonté de réparer les pots cassés car la Métropole nîmoise sait le préjudice porté par cette émission et le sentiment général de l'opinion publique. Mais il confesse malgré tout avec insistance "on ne va pas se réjouir d’avoir un réseau défaillant, mais cela ne représente pas des millions."
Une opportunité également pour dénoncer, expert à l'appui, les moyens utilisés par les journalistes de l'émission pour détecter les fuites, notamment celle du centre-ville qui a tant fait jaser. "La recherche de fuites, c’est un vrai métier technique. Il faut un matériel spécialisé et de l'expérience. J'ajouterai même des prédispositions naturelles, comme une histoire d’oreille. Vouloir prétendre que l’on fait de la recherche de fuites avec un téléphone et un micro, ce n’est pas sérieux."
Et sur le contrôle de l'activité de la Saur ?
Un décret du 9 avril 2000, oblige les DSP (délégations de service public) à un suivi par une commission de contrôle financier dès lors que les recettes de fonctionnement dépassent les 75 000 euros. Jusqu'en décembre dernier, Nîmes métropole ne l'avait pas mise en place. "Vous savez combien, avant nous, l’avaient créée ?", se défend le patron de l'Agglo, "seulement cinq ! Nîmes est la sixième", lâche t-il pour se raccrocher à la bouée.
De plus, il a regretté que le reportage laisse croire qu'aucun contrôle n'avait été effectué avant que Marie Maurice, journaliste de France 2, n'évoque l'existence de cette commission. "En 2015, on a mis en place un audit pour contrôler la gestion de la Saur. C'est de la mauvaise de foi de dire que s'il n'y a pas de commission, forcément il n’y a pas de contrôle." Une prise de position dont Julien Devèze, directeur du cabinet de M. Lachaud, profite pour surfer. "J'ai transmis tous les documents que la journaliste souhaitait grâce au contrôle réalisé depuis trois ans. Elle a essayé de démontrer que c’était grâce à "Cash Investigation" qu'on l'avait instauré. C’est totalement faux. La commission n’aurait jamais pu se mettre en place aussi rapidement si il n’y avait pas eu l’audit avant."
Une conférence de presse qui se veut rassurante pour les Nîmois en montrant que le problème est pris au sérieux. "En 2017, Nîmes Métropole et la Saur ont investi 6,4 millions d'euros dans le domaine de l'eau, ce qui représente une augmentation de 60% depuis 2015. Et l'avenant 37 signé en 2015, prévoit que la DSP octroie un budget de 3,2 millions sur la période 2017-2019 pour un rendement annoncé de 76%." Une goutte d'eau quand on sait que 200 millions d'euros sont nécessaires pour atteindre le zéro fuite sur le réseau Nîmois. L'Agglo précise qu'elle se plie aux prérogatives du contrat : "je ne peux pas imposer ce que je veux à la Saur, sinon elle me fait un bras d’honneur. Déjà que ce fut très dur de faire signer l’avenant 37." Inondé par les questions multiples sur la qualité du travail de la Saur, Yvan Lachaud a fini par répondre "on n'est pas là pour défendre la Saur." Après avoir sorti la tête de l'eau, le président de Nîmes métropole a promis une baisse de 5% du prix de l'eau en 2018. C'est maintenant à la Saur d'ouvrir les robinets pour moderniser le réseau nîmois.
Corentin Corger
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