GARD CCI, Manduel, radicalisation, fêtes votives ... Le Préfet du Gard sans langue de bois
Au détour d'un déjeuner presse avec l'ensemble des directions des journaux de la place gardoise, le Préfet du Gard, s'est exprimé sur les sujets d'actualité du département : CCI Gard, radicalisation, future gare de Manduel... Avant une cure médiatique liée à la période dite de réserve, qui durera jusqu’aux élections législatives, Didier Lauga livre son point de vue en toute simplicité et avec la sincérité qui le caractérise.
Imbroglio à la CCI Gard
"Je regrette ce qu'il s'est passé. La médiation décidée par la CCIR avait pour but d'apaiser la situation mais elle n'a pu aboutir. Le Préfet de région a donc demandé un contrôle de l'élection du nouveau président afin de vérifier l'ensemble des points techniques et la régularité du vote. Ce n'est pas d'une grande simplicité. À ce jour, pour la préfecture de région, le président c'est Francis Cabanat. Maintenant, quand ils écrivent à la Chambre consulaire, c'est Eric Giraudier qui répond ... Nous sommes face à une situation inédite où M. Giraudier a pris le pouvoir au sein de la CCI. Nous nous interrogeons sur la légalité de l'élection. Maintenant, si le préfet de région considère que l'élection s'est déroulée normalement, considérant par ailleurs que M. Giraudier a été élu avec une confortable majorité, il n'y aura aucun problème à valider sa présidence. Dans le cas contraire, une nouvelle assemblée générale devra procéder à un nouveau vote. Une mise sous tutelle pourrait avoir lieu entre temps mais il est exclu d'envisager de nouvelles élections générales".
Nouvelle gare de Manduel : les risques de désengagement de la Région
"L'enquête publique se déroule normalement. L'ensemble des acteurs peut s'exprimer dans le timing prévu. Au niveau de l'État, il n'y a pas de remise en cause du calendrier et du projet, bien au contraire. En ce qui concerne la Région, à partir du moment où elle a mis un certain nombre de préalable, quelle sera sa position en matière de financement ? La Région est de toute façon engagée d'un point de vue juridique. Nous sommes dans un état de droit et la Région Occitanie est liée à l'État dans le financement et elle n'a pas à ma connaissance, démarré de processus de désenagagement. Sachez que le climat des discussions actuelles est plutôt positif et si une décision de désengagement avait été prise, nous en serions les premiers informés."
Épide, l'arlésienne
"Un conseil d'administration s'est réuni le 09 mars dernier. La position choisie est de ne pas choisir. La prochaine séance aura lieu dans un mois. Je souhaite que l'Épide (établissement pour l'insertion des jeunes sans diplôme dans l'emploi) s'installe dans ce département. J'ai beaucoup travaillé dans ce sens pour le choix de l’ex-collège Bigot, sans succès. Le Préfet de région a souhaité élargir aux autres départements de la région, je le regrette. Nous avons de notre côté avancé à La Grand-Combe, puis le projet de Bigot est revenu sur la table. Faut dire qu'Yvan Lachaud est très motivé sur le dossier. Son travail réactif a permis au conseil d'administration de reporter sa décision. Je ne pronostique pas mais j'espère que l'on aboutira positivement".
Nouvelle prison d'Alès
"Dans la mesure où 85 % des personnes concernées sont dans la juridiction du tribunal de grande instance de Nîmes, je considérais qu’il était plus pertinent d'envisager une nouvelle maison d'arrêt à Nîmes. Mais nous avions face à nous un raisonnement de technicien. Par ailleurs, les élus de Nîmes ne se sont pas suffisamment mobilisés alors qu'Alès a proposé un très bon dossier. Va se poser la question des transfèrements des détenus entre le palais de justice de Nîmes et la future prison d'Alès mais on nous parle de plus en plus de la mise en place d'un service sous l'égide du ministère de la justice. Le garde des sceaux a annoncé une mise en place pour l'automne prochain. Pour le moment soyons rassuré, il s'agit d'un problème virtuel car la nouvelle prison d'Alès ne sera effective que dans plusieurs années."
Mouvement de grogne des policiers
"Ce mouvement est particulièrement actif à Nîmes. J'ai présidé un comité ces derniers jours à l'hôtel de police de Nîmes, notamment sur la réorganisation des week-end des policiers. Ce problème est à présent réglé. Par ailleurs, nous avons eu des renforts sur Bagnols-sur-Cèze et Alès avec respectivement deux policiers et dix policiers en plus. Au total, on compte une vingtaine de nouveaux agents sur le département depuis quelques mois. Le compte n'y est pas encore mais l'on avance. Je voudrais dire par ailleurs que je suis aussi très attentif aux attentes des gendarmes."
Fêtes votives, le cœur des traditions
"Je ne suis pas contre les fêtes votives, je suis contre le nombre exagéré de jours, pas pour être tranquille mais pour des questions de sécurité légitime. Je trouve que nous avons de très belles traditions mais tout se passe sans concertation, ce n'est pas normal. Les maires décident mais c'est nous qui assurerons la sécurité, je veux donc juste que l'on soit tous responsables. Les gendarmes et les policiers doivent être respectés. Après les attentats de Nice, je n'ai rien annulé, j'ai laissé les maires du Gard décider et le week-end qui a suivi, ce sont 10 fêtes votives qui ont eu lieu. J'ai demandé la mise en place d'une charte autour des fêtes votives, 44 communes l'ont signée, ce qui prouve que beaucoup de mairies font les efforts nécessaires. Je n'ai pas le sentiment d'avoir pris des arrêtés de façon excessive depuis mon arrivée à la préfecture du Gard. J'ai maintenu la feria des vendanges, les concerts dans les Arènes de Nîmes, ... En état d'urgence, il faut discuter, se concerter ! Il reste à mon sens une dizaine de communes gardoises qui font un peu de résistance, nous allons les recevoir pour en discuter."
Le Gard, un des départements de France le plus radicalisé
"Notre département est l'un des foyers le plus radicalisé de France. Par chance j'ose dire, il ne s'est rien passé de grave pour l'instant. Pour autant, c'est le sujet de préoccupation permanente. Nous menons donc des opérations en cours et à venir. Dans la presse nationale, on parle d’une centaine de cas... Les chiffres qui ont été donnés sont à peu près justes. La concentration s'opère en particulier à Nîmes, dans les quartiers ouest de la ville. Les personnes qui se radicalisent sont de plus en plus jeunes. Évidemment, on a beau dire le contraire, un lien est établi avec des indicateurs sociaux fragiles : la pauvreté, l'ignorance, l'exclusion... Ces personnes qui se sentent exclues de la société n'attendent plus rien, donc se radicalisent et sont dans l'opposition. "
Fermeture du collège Diderot
"La décision dépend de la rectrice mais je crois que c'est une décision raisonnable. Dans ce collège, la situation était difficile avec une fréquentation en baisse et une mixité sociale au néant. Il nous faut trouver les solutions pour obtenir un minimum de mixité sociale dans les établissements scolaires. Le pire c'est de ne rien corriger. L'ANRU 2 participe aussi à la modernisation de ces quartiers. Je pense que cela améliore les choses, cela modifie le paysage quotidien des gens qui y vivent. Un exemple : la galerie Wagner à Pissevin. Le projet était très généreux, l'architecte avait certainement imaginé autre chose. Pourtant, aujourd'hui, force est de constater que l'on a crée un ghetto à l'intérieur d'un quartier. L'ANRU doit participer à changer les choses. Cela prendra des années mais nous parviendrons à un meilleur résultat. Par ailleurs, je regrette l'arrêt des crédits aux associations de ces quartiers. Je suis attaché à l'humain. Le rôle de l’État et des collectivités est d’aider les associations qui œuvrent au quotidien."