GARD Crise sanitaire : le Département sauve les meubles
Ce matin, les élus départementaux ont examiné l'évolution des comptes, avant et après la crise sanitaire. Moins de recettes, plus de dépenses… Un « effet ciseau » que redoute à long terme la collectivité.
« L’effet ciseau ». Un mauvais souvenir que beaucoup d’élus avaient gommé de leur mémoire. L'épidémie de covid-19 a rappelé que rien n'était acquis. Encore moins au Département. Il y a cinq ans, lorsque le conseiller départemental d’Uzès, Denis Bouad, devient président, il fait face à une situation financière difficile. La crise économique fait encore son œuvre dans le Gard avec des dépenses sociales élevées (RSA, APA…). A contrario, les aides de l’État diminuent à travers la dotation globale de fonctionnement et le reste à charge, compensant le coût de ces allocations.
La politique d’économies enclenchée par son prédécesseur, Jean Denat, est poursuivie par Denis Bouad. Des actions soutenues par son opposition de Droite, renforcée après les Départementales 2015. Au fil des années, les frais de fonctionnement baissent et la santé de la collectivité s'améliore. Le vice-président aux Finances, Martin Delord - qui n’a pas toujours été d’accord avec Denis Bouad - saluera même la capacité de remboursement de la dette qui devait passer à 7,2 ans en 2020 (contre 11,6 ans en 2015).
De l’emprunt pour financer les investissements
Mais ça, c'était avant. Avant « cette pandémie qui a bouleversé nos équilibres », regrette Denis Bouad. Le président n’arrive toujours pas à croire que les économies réalisées en 2019 (soit 62 M€) ne seront pas affectés aux 137 M€ d'investissements prévus en 2020, mais combleront les dégâts de la crise sanitaire. Par dégâts, l'exécutif entend la baisse des ressources fiscales liées aux transactions immobilières (soit 59 M€). L'autre dégât de la crise, c'est aussi la hausse de 12 M€ des dépenses liées au RSA, qui ont donné lieu à une première modification du budget 2020.
Pour ne pas ajouter de la crise à la crise, Denis Bouad entend honorer ses engagements : « Nous avons une obligation d’emprunter. J’ai décidé qu’il n’y aurait aucun frein à l’investissement. » L'édile reçoit d'ailleurs demain et jeudi les 351 maires du Gard. Au-delà des emprunts, l’opposition préfère de son côté que l'exécutif continue à faire des économies pour investir. Le président du groupe Centristes et indépendants, Thierry Procida, souhaite que soit intensifié la lutte contre la fraude sociale. Reste que le rapport 2019 sur la fraude au RSA (98% des bénéficiaires contrôlés) a permis de récupérer 3,6 M€. Ce n'est pas énorme au regard des baisses des ressources fiscales.
Les Sénatoriales s'invitent au Département
Le président du groupe Le Bon Sens Républicain et candidat aux sénatoriales, Laurent Burgoa, se dit favorable à la proposition du Sénat d’inscrire dans la Constitution le principe du décideur-payeur. L’élu nîmois prend ainsi l’exemple des pompiers : « L’État a décidé d’augmenter la prime pour le feu des agents. C’est très bien mais ça représente 100€ net mensuel. Qui va payer ? » Denis Bouad saute sur l'occasion et regarde le président du SDIS, Alexandre Pissas, lui-aussi candidat aux sénatoriales : « Pour financier les pompiers il y a aussi les communes (et grands électeurs aux sénatoriales, ndlr). J’espère que le Département ne sera pas la seule variable d’ajustement. » Malicieux, le président s'est remis à cultiver l'ambiguïté sur sa potentielle candidatures aux Sénatoriales du 27 septembre. Quelle ambiance !
Cathy Chaulet : « Serions-nous des élus hors-sol ? »
Au-delà de ces taquineries, le Conseil départemental doit agir. La collectivité s'inscrit dans le fonds local de soutien à l’économie lancé par la Région. Une enveloppe de 2,3 M€ destinés aux acteurs du tourisme a été débloquée ce matin. En charge de l’économie sociale et solidaire, Bérengère Noguier, a présenté son schéma départemental 2020-2023. Un « livre blanc » issu de l’audition de 200 acteurs gardois, évoluant dans l’insertion, le développement économique durable ou le cadre de vie. « Il faut aider ce réseau en l'informant sur les outils de financement et en l'aidant à accéder aux marchés publics », fait valoir l'écologiste.
Appuyée par sa camarade Cathy Chaulet, la communiste - plutôt en forme - a conclu la séance en regrettant que le vœu de son groupe sur « la non-implantation d’Amazon » ait été retiré : « Serions-nous des élus hors-sol, cantonnés à nos compétences ? […] Cette crise sanitaire ne fait qu’accentuer nos difficultés. La maison brûle depuis longtemps et nous nous continuons de regarder ailleurs. » Vers le Palais du Luxembourg, siège du Sénat à Paris, par exemple ?
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
Et aussi : Quatre millions d'euros ont été provisionné par la collectivité dans le cas d'une deuxième vague de l'épidémie de covid-19 dans le Gard.