GARD RHODANIEN À Marcoule, tout roule
Sur un secteur géographique où le nucléaire est un employeur de tout premier plan, la cérémonie de voeux des différentes entités du site de Marcoule sont une bonne manière de prendre la température de l’année écoulée et de celle à venir.
Au sortir des différents discours, l’optimisme est de mise : globalement, les objectifs sont réalisés, les projets vont bon train et des embauches sont en perspective.
« 2016 a été une année riche pour le CEA »
Le premier à s’exprimer a été comme chaque année le directeur du CEA Marcoule Philippe Guiberteau. Le directeur a ainsi estimé que « 2016 a été une année riche pour le CEA », avant de faire un tour d’horizon en partant de la recherche et développement pour le cycle du combustible, « plus que jamais un pilier pérenne de la mission du CEA Marcoule ». Et Philippe Guiberteau d’évoquer le lancement des investissements pour un nouveau procédé d’incinération vitrification de déchets ou encore une progression dans la mise au point d’un nouveau procédé de digestion des résidus de dissolution pour le combustible nucléaire MOX, qui se poursuivra en 2017. Le directeur du CEA Marcoule évoquera rapidement le projet de réacteur nouvelle génération ASTRID, que le site convoite : « la phase d’avant-projet détaillée se poursuit de manière normale pour s’achever en 2019. »
Sur l’assainissement-démantèlement, « 2016 a été une année charnière », et « Marcoule reste l’un des plus grands chantiers du type en Europe », rappellera-t-il, avant d’annoncer que les industriels du secteur seront prochainement invités à une présentation des projets. Toujours dans ce domaine, Philippe Guiberteau reviendra sur la première mondiale que constituait la découpe d’équipements nucléaires en haute activité via laser embarqué du robot Maestro, « qui offre de réelles perspectives. » Question sûreté, incontournable dans le secteur, « les autorités de sûreté considèrent que le niveau de sûreté et de radioprotection est globalement satisfaisant. »
Par ailleurs, la rénovation de la station de traitement des effluents liquides « a bien avancé », tout comme l’Institut européen d’hydrométallurgie, sur lequel planche la start-up Extracthive, crée par deux ingénieurs du CEA. Enfin, Philippe Guiberteau s’est félicité du fait que le Visiatome a maintenu sa fréquentation à « 23 000 visiteurs, dont beaucoup d’élèves, malgré le contexte sécuritaire que nous traversons. »
« La route du MOX est bien ouverte vers le Japon »
Du côté d’Areva Melox, « 2016 a été une année remarquable », a souligné le directeur Jean-Marc Ligney. Une année marquée par « la reprise des fabrications de MOX pour le Japon », qui était très attendue depuis Fukushima : « la route du MOX est bien ouverte vers le Japon ». En tout, le site a produit 124 tonnes de combustible nucléaire en 2016, « c’est comparable à 2015, et nous devrons pour 2017 accroître ce chiffre pour offrir plus de souplesse à nos clients », soulignera Jean-Marc Ligney, l’objectif étant à 130 tonnes. Seule ombre au tableau, les résultats de sécurité « pas à la hauteur de nos ambitions, avec plusieurs accidents avec arrêt », qui ont conduit au renforcement des actions managériales.
Sur Areva au sens large, Jean-Marc Ligney a évoqué le plan de départs volontaires qui a touché notamment les sites Gardois, mais qui a permis « le maintien de nos compétences », avant d’aborder la convention de redynamisation signée dans ce cadre. Les perspectives sont meilleures, après l’accord pour la recapitalisation par l’Etat de l’entreprise à hauteur de 5 milliards d’euros. Toujours au rayon gros sous, Jean-Marc Ligney a rappelé que Melox investit « 20 millions d’euros pour renforcer d’ici 2018 ses moyens de réaction en cas d’aléas extrêmes. »
Le nouveau directeur d’Areva Marcoule Philippe Regnault a ensuite pris la parole pour évoquer 2016, la première année de renouvellement du partenariat industriel avec le CEA Marcoule, dont « les résultats sont globalement en ligne avec les attentes du client. » Le directeur soulignera « des innovations de premier ordre dans les domaines de la robotique et des investigations en milieu nucléaire », qui ont valu à Areva un prix au WNE, le grand raout mondial du nucléaire. Par ailleurs, le nouveau contrat a permis de créer localement « cinquante postes. » Quant à 2017, l’objectif de l’année s’inscrit dans la continuité, « avec l’ambition de rester leader sur notre segment. »
Des recrutements à prévoir
Place à EDF, avec le secrétaire général de Socodei Roland Vierne, dont le site Centraco a eu « une activité très riche en 2016 avec un peu plus de 1000 tonnes fondues dans l’unité fusion », et des premières dans le domaine du découpage de métaux contaminés, dont 330 tonnes sont passées par les ateliers du site en 2016. Quant à l’incinérateur, il a éliminé « 5 000 tonnes de déchets solides et liquides », et « le cap des 60 000 tonnes a été franchi cette année. »
Si les objectifs sont respectés et même parfois dépassés, le bémol concerne là aussi la sécurité : « une politique volontariste a été déployée sur la sûreté et la sécurité, a rappelé Roland Vierne. Elle porte ses fruits sur la sûreté, mais pas assez sur la sécurité, avec trois accidents avec arrêt. » Reste que le site d’EDF a recruté « un peu plus de 20 personnes en 2016 » et compte en 2017 réaliser un objectif centré autour d’un chiffre : « 10 nouveaux emplois, 10 millions d’investissements, et +10 % de chiffre d’affaires. »
Enfin, la plus petite installation du site de Marcoule, Synergy Health, a elle aussi connu une année riche, après son rachat fin 2015 par le groupe Steris : « la fusion a créé le numéro 1 mondial de la stérilisation industrielle », a souligné le directeur exécutif de Synergy Health Thierry Cava. Là aussi, tout va bien : « on a augmenté la production de 25 %, on a doublé l’irradiateur expérimental, et les perspectives sont alléchantes, a estimé le directeur exécutif. Le groupe est décidé à investir sur le site, avec une augmentation prévue de 30 % de l’activité de l’irradiateur industriel, et une optimisation de l’irradiateur expérimental. » Et si pour l’heure le site ne compte « que » 11 salariés, « 2 personnes seront embauchées en 2017. »
Thierry ALLARD