LE 7H50 de Jean-Luc Gibelin : "Gare de Manduel, si des TGV circulent...des TER seront mis en place"
Vice-président de la Région Occitanie délégué aux transports, le communiste Jean-Luc Gibelin présente la nouvelle convention TER 2018-2025 avec la SNCF qui sera signée ce lundi 9 avril à l'Hôtel de Région de Toulouse. L'occasion d'évoquer également la future gare de Manduel-Redessan.
Objectif Gard : Sur quels aspects portent la nouvelle convention TER entre la Région et la SNCF ?
Jean-Luc Gibelin : Elle porte sur l'organisation de l'ensemble des transports réguliers à l'échelle de l'Occitane commandée par la Région et gérée par l'opérateur historique la SNCF, et ce pour les huit prochaines années, soit jusqu'en 2025. Elle est financée à hauteur de 2,5 Mds€ par la Région (hors investissements). Ce lundi, la présidente de la Région, Carole Delga, le directeur général TER, Frank Lacroix, et le directeur régional SNCF mobilités Occitanie, Jacques Rascol, signeront cette convention.
Quelles sont les avancées, notamment pour le Gard ?
La convention intègre les attentes exprimées lors des États généraux du rail et de l’intermodalité que ce soit en matière de qualité de service, de ponctualité, de confort du transport et de l'articulation d'un service public régional des transports, pour tous et pour tous les territoires. Sans oublier le volet emploi. Dans le Gard, on s'engage sur une augmentation significative de l'offre avec 11% de kilomètres en plus. Il y aura également des liaisons supplémentaires, des trains supplémentaires et donc une modification du matériel roulant. Sans compter les réouvertures de lignes, je pense à Alès-Béssèges mais aussi l'axe rive droite du Rhône avec la ligne Pont-Saint-Esprit et Nîmes. Ce renforcement des liaisons entre Avignon et Nîmes permettra de passer par Beaucaire comme nous le proposons depuis longtemps. On fait les liaisons qui ont du sens. Et dans ce cas précis, c'est le cas.
En ce qui concerne les tarifs, des nouveautés sont-elles prévues ?
Tout à fait avec une nouvelle gamme tarifaire qui va être présentée. Elle comporte trois piliers : les abonnés utilisateurs fréquents (quotidien) ou réguliers (au moins un aller-retour par semaine). Nous allons proposer des abonnements améliorés en particulier à destination des jeunes. Nos tarifs dits "sociaux" qui avaient cours en Midi-Pyrénées seront généralisés à l'échelle de la région Occitanie. Avec par exemple la possibilité d'avoir jusqu'à 20 trajets gratuits par semestre. Seront également présentés des tarifs attractifs pour les voyageurs occasionnels. Enfin, tous les outils mis en place et qui fonctionnent du type "Train à un euro" seront étendus à tous les territoires sachant que la ligne Nîmes-Le Grau du Roi reste totalement à un euro. Pour finir, nous regardons l'opportunité de mettre en place des tarifs petits prix et ronds. L'objectif, vous l'avez compris, est de rendre le train attractif. Il faut que le principe de voyager en train soit mieux et moins cher que le covoiturage.
Comment allez-vous mesurer l'efficacité de la SNCF en matière de ponctualité et de qualité de service ?
Par des indicateurs journaliers, hebdomadaires et mensuels. Le rapport annuel d'activité nous permettra de sanctionner plus durement le délégataire que dans d'autres régions via des pénalités de non atteinte d'objectifs. Un exemple : la composition des rames. C'est un problème qualitatif qui ne correspondait pas jusque-là à nos attentes. Nous serons rigoureux à travers des nouveaux critères qui vont obliger la SNCF a assurer des liaisons renforcées. Notamment lors des pics de la semaine, le lundi matin et vendredi soir.
Un mot sur la future gare de Manduel-Redessan. Sur ce projet, on a le sentiment que la Région ne sait pas sur quel pied danser ?
Nous sommes pragmatiques. Depuis de longs mois, nous nous posons la question de l'opportunité de cette nouvelle gare et de son utilité. On pose la question du coût et du nombre de TGV prévus. Et depuis, nous n'avons eu aucune réponse ni de la SNCF, ni de la Métropole de Nîmes.
Depuis le début du projet, le nombre de 21 TGV a été évoqué...
Dans les études, mais dans la réalité... Cette question est fondamentale car elle est en correspondance avec le nombre de TER supplémentaires à mettre en place. Le matériel roulant supplémentaire a un coût et nous ne pouvons agir sans connaître la réalité de cette future gare. Cela ne nous laisse pas tranquille. Et je veux aussi prendre date car dans deux ou trois ans, quand la Chambre Régionale des Comptes viendra demander aux élus des explications sur le financement et le taux d'occupation de cette gare, il ne faudra pas s'en prendre à la Région. Nous aurons suffisamment alerté sur le peu d'intérêt de cette nouvelle infrastructure.
Malgré vos réticences, force est de constater que cette gare va sortir de terre et sera inaugurée en décembre 2019. Comment la Région va-t-elle s'opposer à une réalité ?
Aujourd'hui, la future gare de Manduel-Redessan n'est pas connectée à la gare centrale de Nîmes. Pour ce faire, nous souhaitons savoir combien de TGV circuleront. Il ne faut pas inverser la responsabilité. Bien entendu, si la gare s'ouvre, si des TGV circulent, nous n'empêcherons pas le service rendu à la population et des TER seront mis en place.
Serez-vous présent à la pose de la première pierre de la future gare de Manduel-Redessan ?
La date vient d'être repoussée et une nouvelle pose n'est pas encore à l'ordre du jour à ma connaissance. Moi, j'ai envie de savoir quand Nîmes métropole va se décider à inaugurer officiellement le contournement Nîmes-Montpellier coté Gardois, qui lui est une vraie avancée. Depuis sa mise en place, plus aucun fret ne passe par la gare centrale de Nîmes, ce qui a libéré une bonne cinquantaine de sillons. Cela nous offre l'occasion d'augmenter les liaisons. Il serait temps d'y penser.
Propos recueillis par Abdel SAMARI