LE 7H50 d'Yvan Lachaud : "On a raison de maintenir les établissements ouverts"
Avec la grève nationale des enseignants ce jeudi 13 janvier, beaucoup de classes sont fermées et les élèves, pour la plupart, resteront chez eux, même si beaucoup de municipalités assurent au moins un service d'accueil. Moins touché dans le secteur privé, l'Institut catholique Emmanuel d'Alzon n'est néanmoins pas épargné par la Covid sur ces 15 établissements de la crèche à l'enseignement supérieur répartis entre Nîmes, le Grau-du-Roi, Beaucaire, Garons et Vestric. Yvan Lachaud, le directeur de l'Institut, fait le point.
Objectif Gard : Par rapport à la crise sanitaire, quelle est la situation actuellement au sein de vos établissements ?
Yvan Lachaud : Déjà nous avons la chance d'avoir un médecin scolaire à temps plein et trois infirmières pour l'ensemble de nos établissements. Ça nous a sauvé depuis le début du Covid puisqu'en fait tous les cas passent par notre service médical. Mercredi matin, nous avions 35 professeurs absents sur les 400 que compte l'Institut. C'est compliqué mais au niveau des élèves nous oscillons entre 7 et 10% des élèves absents. Dans le privé, on a aussi une mission de service public donc le protocole est exactement le même.
Ainsi, comment vous adaptez-vous au quotidien ?
Cette situation est très délicate à gérer. Aujourd'hui, on a raison de maintenir les établissements ouverts dans la mesure où on sait pertinemment que si l'école est fermée, le monde économique se retrouve en difficulté. La preuve en est c'est que cette semaine on a fermé une section dans une de nos crèches, ça a été compliqué pour les parents. Si on devait fermer, avec 6 100 élèves, ce serait au moins 4 000 familles qui seraient en difficulté par rapport à des gardes d'enfants.
La situation est-elle encore gérable et comment peut-on agir ?
Il n'y a pas de solutions miracles ! Oui c'est difficile, oui on peut toujours faire mieux. Mais devant une telle situation improbable, inédite, moi je suis respectueux des gens qui essaient de faire. La seule chose que je pourrais peut-être reprocher, c'est que nous sommes informés trop tard des nouvelles mesures. La veille pour le lendemain, c'est compliqué. Le plus important c'est d'isoler les cas positifs, puis de prévenir les parents des cas contacts. Après, ceux qui sont cas contact auprès de leurs proches ou dans les pratiques sportives, on demande aux familles de nous tenir au courant et on gère au coup par coup. On impose les gestes barrières, on a interdit la piscine, le port du masque est obligatoire en sport, y compris à l'intérieur du gymnase, les vestiaires sont fermés, on s'est donné des moyens de fonctionnement. Tous les élèves respectent scrupuleusement le port du masque. Il y a du gel dans toutes les classes.
"Des secrétaires qui travaillent parfois jusqu'à 22h"
Selon vous, dans les collèges et lycées, le Gouvernement doit-il recourir à des demi-jauges ?
Je n'y crois pas parce que ce qu'il faut prendre en compte aujourd'hui ce sont les difficultés psychologiques de certains élèves qui ont vécu cette période-là. Repartir aujourd'hui dans ce système où l'enfant ne va pas ou peu à l'école, on en mesure les effets. Et aujourd'hui, on peut se dire que par exemple pour des enfants qui souffrent de handicaps psychologiques et qui n'ont plus accès à des classes adaptées, les conséquences sont terribles. Même si c'est compliqué, il faut une présence quotidienne.
Concernant la mobilisation d'aujourd'hui, avez-vous beaucoup d'enseignants grévistes ?
Hier après-midi, moins de dix enseignants avaient prévu de faire grève sur les 400 que nous avons. Je ne crois pas qu'il y aura beaucoup d'absents du côté des élèves parce que les parents sont assez contents du suivi. Car ce qu'il faut dire, et je rends hommage également à tout le personnel administratif, médical, aux enseignants, c'est que nous avons des secrétaires qui travaillent parfois jusqu'à 22h pour envoyer des mails aux familles et les tenir au courant. Et ce tous les jours, y compris le samedi et dimanche quand nous sommes avertis sur notre serveur vocal de la possibilité d'avoir deux ou trois enfants positifs dans la même classe. Je leur tire mon chapeau, elles ont fait un travail extraordinaire depuis le début du covid et ça continue aujourd'hui. Vivons cette période délicate le plus sereinement possible en mettant le maximum de protection. Et surtout en sachant raison garder surtout pour les donneurs de leçon. Je pense qu'il y a autre chose à faire !
Propos recueillis par Corentin Corger