LE DOSSIER Mammouth de Dufort : un crâne radiographié de fond en comble
En l’absence de connaissances poussées sur le Mammuthus meridionalis - la preuve avec la marche imprimée au mammouth dans la galerie, qui ne respectait pas l’espèce -, crâne et défenses avaient été positionnés comme ils le sont sur un éléphant actuel. Une erreur qui devrait être reconduite, pour ne pas endommager l’ensemble. Reste que cette position est inexacte, mais sans doute peu éloignée de la vérité.
Si les scientifiques ont remis l’ensemble en question, c’est que le crâne s’est offert une villégiature, seul et à peine démonté, au début de l’été 2022. Ses 420 kg sont partis vers la Provence et son site nucléaire de Cadarache. C’est que lors de l’exhumation, la crâne avait été endommagé, notamment pour être resté près de trois ans à l’air libre après des centaines de milliers d’années passées dans un sarcophage lacustre. Dès 1873, il reçoit une première restauration, expliquant la présence de résine, de bois et de plâtre dans son mètre de largeur.
À Cadarache, le CEA (centre d’énergie atomique) abrite le laboratoire de mesures nucléaires qui peut s’occuper d’une pièce d’un tel volume. Les scientifiques du Muséum attendent d’obtenir une vue en trois dimensions du crâne, pour établir, à 0,5 mm près, les matériaux qui le composent. Passé aux rayons X, le crâne a subi 15 000 radiographies permettant d’envisager tous les angles et de comprendre quel assemblage ou rajouts avaient été portés. De quoi effectivement constater qu’il avait été remodelé, au XIXe siècle, comme un crâne d’éléphant, pour supporter des défenses de près d’une tonne chacune. L’erreur initiale, trop lourde à transformer et dont le changement aurait constitué une menace pour les authentiques morceaux préservés, ne sera donc modifiée qu’à la marge.
Le mammouth de Durfort sera tout de même présenté au grand public dans une nouvelle posture, à partir de mercredi 28 juin, avec une démarche à l’amble (lire par ailleurs) une inclinaison de colonne vertébrale modifiée, un cou raccourci et une queue installée « dans un mouvement plus naturel », d’après le Muséum national d’histoire naturelle. Une queue dont la partie supérieure a été restaurée grâce au parrainage de la famille Devieuzos... Un nom prédestiné.