Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 11.11.2022 - norman-jardin - 4 min  - vu 1699 fois

L'INTERVIEW Francis Anjolras : « Dans l’affaire Bessèges – Pissevin-Valdegour, le district se constitue partie civile »

Francis Enjolras est président du district Gard-Lozère depuis 1980 (photo Norman Jardin) (2)

À 87 ans, Francis Enjolras passera bientôt la main (photo Norman Jardin)

Alors que le football amateur a été marqué par les graves incidents du match Bessèges – Pissevin-Valdegour durant lequel un jeune spectateur et un gendarme ont été blessés, Francis Anjolras, le président du district Gard-Lozère, s’exprime sur cette affaire et sur les incidents dans les stades. À 87 ans, l’homme fort du football gardois depuis 1980 fait le bilan de son parcours et rappelle les aspects positifs, au niveau local, du sport le plus populaire du monde.

Objectif Gard : Combien il y a-t-il de footballeurs amateurs dans le Gard et la Lozère ?

Francis Anjolras : Nous avons actuellement 21 000 licenciés, ce qui fait du district Gard-Lozère, la plus grosse association du département. Après le Covid, nous nous attendions à une baisse des licenciés, mais c’est le contraire qui s’est passé avec une hausse de 10 % ! Nous avons 170 clubs : 140 pour le Gard et 30 pour la Lozère.

Sur les terrains, comment est représenté le district ?

Il y a les délégués et les arbitres que nous formons. Nous essayons de fournir des délégués expérimentés sur les matchs sensibles. Ils sont là pour constater tout ce qui se passe sur le terrain, notamment ce que ne voit pas l’arbitre. Il doit ensuite relater, dans un rapport, ce qu’il a vu aux commissions. Délégué, c’est un poste très important et ce ne sont que des bénévoles qui ne touchent que des frais.

Le district Gard-Lozère organise quelles compétitions ?

Il y a les championnats de D1, D2, D3, D4, les coupes Gard-Lozère, André-Granier, le foot d’animation Pitch, les coupes féminines et toutes les compétitions de jeunes.

« Dans cette affaire, le problème vient des tribunes »

Dernièrement il y eu des graves incidents lors du match Bessèges - Pissevin-Valdegour. Cela arrive t-il souvent ?

Globalement, compte tenu des problèmes de la société, on peut dire que les matchs se passent très bien. Mais chaque fois qu’une rencontre dérape, on fait l’objet d’une mauvaise publicité. Les médias veulent faire du buzz.

Comment traitez-vous ces incidents ?

Nous sommes régis par la loi. Il y a des règles qui nous amènent à convoquer des personnes et faire des instructions.

Où en est la dossier ?

Il sera jugé en commission de discipline le 14 novembre. Dans cette affaire, le problème vient des tribunes et le district se constitue partie civile pour les dommages collatéraux fait au football.

« Ils voudraient tous que leur enfant soit le nouveau Zidane »

Quelles actions menez-vous pour lutter contre la violence ?

Le comité de direction a demandé aux commissions disciplinaires d’aggraver les sanctions prévues au code fédéral et nous demandons aux clubs d’exclure les fauteurs de troubles. Il y a deux ans, nous avons fait installer des panneaux pour rappeler les règles de bonne conduite, dans tous les stades et cela a coûté 28 000 €. Nous avons instauré un système qui permet de retirer des points au classement en fonction du nombre de matchs de suspension dans la saison.

Le district Gard-Lozère compte 170 clubs et il fonctionne avec un budget de 550 000 € (photo Sacha Virga)

Avez-vous des chiffres sur le nombre d'incidents sur les terrains de football ?

Tous les incidents sont remontés à la Fédération française de football (FFF) et plus précisément à l’observatoire des comportements et on arrive au chiffre de 1,8 % des matchs touchés par de gros incidents. Pour le Gard, ce chiffre est encore plus faible.

Quelle est la plus grosse source de problème ?

Ce sont les parents. Ils voudraient tous que leur enfant soit le nouveau Zidane. Ils insultent les entraîneurs, les éducateurs et les dirigeants. Ce n’est pas d’aujourd’hui.

« J’ai connu l’époque où l’arbitre partait parfois en courant dans les vignes »

Quel est votre parcours avant de devenir président du district Gard-Lozère ?

Je suis né à La Grand'Combe et j’ai fait mes études à Alès avant de devenir cadre au Crédit Lyonnais. J’ai même joué arrière dans l’équipe de cette banque. À cette époque, il y avait le championnat Nîmes-Ville. Il n’y avait pas de vestiaires et on se changeait dans les voitures. J’ai connu cette époque où l’arbitre partait parfois en courant dans les vignes.

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

J’ai un parcours énorme et je suis le seul président d’un district en France à avoir la Légion d’honneur. J’en suis très fier et je ne l’ai pas demandée. J’ai vécu des choses extraordinaires et je pourrais en écrire des lignes.

Quelle est votre plus grande fierté en tant que président du district ?

D’avoir servi et d’avoir rencontré autant de personnes attachantes. 

« Je suis dans mon dernier mandat et il y aura une élection en 2024 »

Quel souvenir garderez-vous du stade des Costières qui tire sa révérence ?

En 2002, nous avons organisé, avec Henri Émile, une opération caritative pour les sinistrés autour du match France 98 – OM au stade des Costières. Nous avons récolté 1,7 millions d’euros pour les victimes des intempéries. Dernièrement on a beaucoup parlé du stade des Costières, mais personne n’en a parlé.

Financièrement, vous aidez régulièrement les clubs gardois et lozériens ?

Cette année, la FFF a financé des bons d’essence et pour notre district, 126 clubs se sont partagés 23 400 € de bons de carburant. Nous avons décidé d’abonder cette même somme directement dans les comptes des clubs.

Vous êtes au district Gard-Lozère depuis 1967 et vous en êtes le président depuis 1980. Quel est votre avenir dans cette association ?

C’est simple, j’ai 87 ans. Si je suis là c’est par défaut, car j’avais prévu que Guillaume Dathueyt monte une liste pour me succéder. Il est malheureusement décédé en janvier 2021. Je ne voulais pas laisser le district entre les mains de n’importe qui. Je suis dans mon dernier mandat et il y aura une élection en 2024.

Propos recueillis par Norman Jardin 

Norman Jardin

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