L'INTERVIEW Franck Proust : "On doit aller petit à petit d'un transport subi à un transport choisi"
Avec ce lundi l'inauguration du nouveau réseau de transport Tango sur l'agglomération de Nîmes métropole, Franck Proust, le président, parle des enjeux de cette rentrée. Interview.
Objectif Gard : Rentrée oblige, il est l'heure de faire un point d'étape. Comment se porte Nîmes métropole ?
Franck Proust : Depuis que j'ai repris l'Agglo, nous ne sommes pas franchement aidés. Entre le covid, l'inflation des matières premières et la conjoncture économique actuelle qui est catastrophique et qui pose problème... N'oublions pas que nous sommes dans une situation de redressement. En tout cas le chantier de la T2 a été l'un des plus gros de l'agglomération. Aujourd'hui, on parle quand même de 42 millions d'euros pour cet accroissement de la T2. Les travaux ont été réalisés en deux ans et j'avais demandé aux entreprises la possibilité de les payer en trois... Merci à elles car ce n'était pas gagné ! J'ai toujours dit que les deux colonnes vertébrales de l'Agglo étaient le transport et le développement économique. J'ai rajouté une priorité avec la protection des biens et des personnes.
La requalification urbaine était un objectif avoué de ce chantier.
Les chantiers d'insertion, une de nos craintes, se sont très bien déroulés. Ce qui est important, c'est la consultation qui a été menée pour l'extension de la T2, mais aussi la restructuration des autres lignes, notamment les T3 (Valdegour-gare centre) et T4 (Marguerittes-gare-Caissargues). S'il y a des aménagements à revoir, nous les reverrons, nous sommes un peu dans une phase de test. Mais ce chantier c'est aussi un exemple de chantier de requalification urbaine dans le cadre du nouveau programme de renouvellement urbain. Ça désenclave les quartiers du Chemin-Bas et du Mas-de-Mingue. C'est un chantier valorisant car il y a de beaux aménagements, des quais et des arbres ! Sur l'ensemble de la T2 nous en avons planté mille et nous avons évité d'en arracher plus de cent...
Le réseau est restructuré. Les villages ne sont-ils pas oubliés ? Et les entreprises ?
Le but du jeu est de profiter des T1, T2, T3 et T4 pour restructurer complètement le maillage territorial lié au transport, faire une sorte de métro aérien avec des correspondances ! Il y avait des besoins concernant les villages et les zones économiques. Une partie reste encore un peu enclavée mais nous y travaillons, c'est Leins-Gardonnenque. Il devrait y avoir des navettes et des navettes inter-villages un peu comme ce que nous avons proposé pour la feria pour rabattre les usagers sur les TER avec notamment les plateformes multimodales telles que Saint-Génies-de-Malgoirès. On pense aussi aux pistes cyclables pour les modes de transports doux. On ne peut pas mettre un bus dans chaque village. On améliore les dessertes et les fréquences, y compris pour les zones économiques car n'oublions pas qu'une partie du transport est en partie financée par le "versement transport" des entreprises. Mais le problème est que les entreprises n'ont pas le service qui doit être à la hauteur de leur financement. Maintenant, ces zones seront bien irriguées.
Nîmes métropole tente un verdissement. Quels seront les impacts sur nos déplacements ? Avez-vous d'autres projets ?
Dans notre concept d'éco-métropole, c'est un chantier remarquable ! Nous avons aussi des bus complètement hybrides électriques et gaz. On en a commandé un certain nombre à l'Agglo de Toulouse, ils vont arriver au fil de l'eau. On a une phrase de transition, mais dès aujourd'hui la totalité du réseau sera en fonctionnement. Je veux transformer les choses. Le bus ne doit pas être pris par défaut. On doit aller petit à petit d'un transport subi à un transport choisi d'où l'intérêt de faire des plateformes multimodales. Je ne lâcherai rien sur la troisième voie car c'est aussi un mode de transport collectif pour les villages de l'Agglo. Il y a des combats permanents : ma priorité reste l'emploi et je vais faire quelques belles annonces d'implantation d'entreprises. Mais nous devons aussi revoir et trouver du foncier économique. Nous devons travailler sur l'espace Magna Porta où nous allons ouvrir 40 hectares... Autre chose, l'environnement et la lutte contre les incendies. Je fais le job mais la France doit se porter candidate pour faire de Nîmes une agence européenne liée à la gestion des risques. J'ai écrit au président Macron dans ce sens. Nous devons aussi travailler sur le captage et la redistribution des eaux diluviennes qui peuvent tomber alors que nous connaissons aussi des périodes de sécheresse.
Propos recueillis par Anthony Maurin