Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.08.2022 - corentin-corger - 2 min  - vu 14218 fois

NÎMES 44 personnes expulsées ce jeudi à cause de "la dangerosité des lieux"

Le bâtiment en question rue Pierre Sémard (Photo Corentin Corger)

Ce matin, 44 personnes, dont la plupart en situation irrégulière, ont été expulsées d'un logement appartenant à la SNCF situé rue Pierre Sémard. Certaines vivaient ici depuis octobre 2019. Trois de ces huit familles vont pouvoir bénéficier d'un logement social, les autres ont été relogées en hébergement d'urgence. 

Ce jeudi matin, un commissaire de justice a procédé à l’expulsion des occupants des immeubles situés 93 et 95 rue Pierre Semard à Nîmes, avec le concours de la force publique. Cette expulsion vient en exécution d’une ordonnance de référé du tribunal judiciaire de Nîmes du 3 mai 2021 et d'une décision du juge de l’exécution en date du 10 décembre 2021. La SNCF, propriétaire des lieux, avait lancé une demande d'expulsion.

Pour la préfecture du Gard, cette décision est motivée : "par la dangerosité des lieux et l’absence de conditions de sécurité suffisantes au maintien des occupants dans le bâtiment. Il existait notamment un risque d’incendie et d’électrocution pour les occupants." Depuis octobre 2019, plusieurs familles vivaient dans ce bâtiment vide auparavant occupé par des salariés de l'entreprise ferroviaire. En attendant de régulariser leur situation sur le sol français, elles étaient accompagnées par différentes associations pour les procédures administratives, la scolarisation des enfants et l'apprentissage de la langue.

Ce matin, ce sont donc huit familles qui ont été évacuées originaires du Maroc, d'Arménie, de Bosnie-Herzégovine ou encore d'Albanie. Ce qui représente 19 adultes et 25 enfants. Les services de l’État ont proposé à chacune de ces familles une solution d’hébergement. Trois familles (cinq adultes et neuf enfants) justifiant d’un droit au séjour en France se sont vues proposer un logement social. Les autres occupants de l’immeuble, en situation irrégulière ou inconnue pour l'État, (14 adultes et 16 enfants) vont devoir retourner dans un hébergement d’urgence à l’hôtel. "Ils ont pu disposer d’une offre de transport sur les lieux et y bénéficieront d’un accueil social", assure la préfecture

"Notre objectif depuis le début n'a jamais été que ces familles restent là durablement"

"Là-bas elles sont vulnérables car la police peut les expulser à tout moment", s'inquiète Daniel, coordinateur inter associatif et mobilisé depuis trois ans. "Notre objectif depuis le début n'a jamais été que ces familles restent là durablement. C'était une solution provisoire car certaines étaient à la rue. La situation a duré avec le covid", tient-il à rappeler. Dans son communiqué, la préfecture précise que : "les familles ne disposant pas d’un droit au séjour en France pourront déposer un dossier pour étude auprès des services de la préfecture."

Quelques minutes après l'opération terminée à 11h30, débutée trois heures plus tôt, le député Nupes de la 5ème circonscription Michel Sala a réagi. Après avoir employé le terme "inacceptable" pour qualifié cette opération, il demande : "que les pouvoirs publics mettent en œuvre, en partenariat avec les familles concernées et les associations qui les soutiennent, un programme de relogement de toutes les familles, dans le respect de leurs droits." Le bâtiment a ensuite été rendu à la SNCF.

Corentin Corger

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