Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 15.03.2019 - anthony-maurin - 4 min  - vu 2514 fois

NÎMES La feria rapporte 65 millions d'euros et accueille plus d'un million de visiteurs

11 actions seront mises en place dès le mois de juin pour faire renaître les ferias de leurs cendres.
Les deux affiches de la feria créées par Brigitte Weymann et Yann Ceribac. À gauche celle taurine, à droite celle festive (Photo Anthony Maurin).

Frédéric Pastor, adjoint à la tauromachie, et Daniel-Jean Valade, adjoint à la culture, entourent le chef de lidia du cartel municipal, le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (Photo Anthony Maurin).

Les beaux jours arrivent et la saison touristique s'annonce bien. À Nîmes, le tourisme c'est aussi et surtout la feria ! Au premier semestre 2018, la Ville a lancé une étude sur le devenir des ferias ainsi que sur leur évolution.

L’objectif de cette réflexion collective était de redonner à la fiesta de Nîmes une attractivité, une modernité et la possibilité de susciter une adhésion plus forte et plus hétérogène. Pour cela, il faudra s'ouvrir à d'autres publics.

25 000 euros, c'est le coût de l'audit lancé par la Ville mais quand on comprend les chiffres qu'il a détaillé, on ne réfléchit plus à la dépense. Oui, la feria injecte dans l'économie nîmoise 65 millions d'euros ! Comment le sait-on ? L'enquête a été réalisée lors de la feria de Pentecôte 2018 auprès d'un échantillon représentatif. En plus de cela, 100 commerçants ont également été interrogés par téléphone... En complément, une analyse comparative des ferias de Dax, Béziers, Valencia et Séville a été réalisée.

66 ans et plus toutes ses dents...

" Notre feria a célébré son 66e édition en 2018. Nous avons assisté à un essoufflement de son attrait. Neuf mois de travail ont été nécessaires pour dessiner les contours de cette étude. Je souhaitais qu'elle se fasse sur la base d'une consultation axée sur la valorisation de l'identité nîmoise et de ses traditions taurines ", expose Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes. Et le premier édile de reprendre : " Le point essentiel soulevé par l'étude réalisée fait ressortir que les visiteurs présents sont un public fidèle mais qui se renouvelle peu. Nos fidèles doivent rester fidèles et nous devons attirer ceux qui veulent découvrir notre ville en fête avec nos traditions. "

À l'entrée de la rue Fresque, on avait droit au tube de Patrick Sébastien, "Les Sardines" repris avec énergie par des fêtards serrés comme les petits poissons argentés au fond de leur boîte...

Une partie des propositions choisies pour relever le niveau de la fiesta fut également apportée par le collectif Manianîmes d'Olivier Jalaguier. Trois axes principaux se sont dégagés : le partage des cultures taurines, la proposition d'un feria pour tous et un meilleur accueil des visiteurs. Il est bon de rappeler que plus d'un million d'entre eux se pressent aux portes de la ville durant ces moments de fête (431 000 visiteurs uniques).  Plus de 80% des visiteurs viennent plusieurs jours (2,4 en moyenne pour 5 heures du temps passé).

Les chiffres sont nets : 77% des visiteurs viennent de la région, dont 7% pour la première fois. 23% sont des touristes dont 27% découvrent la feria. Il y a 8% d'étrangers. 32% des visiteurs débarquent d'autres départements et 12% sont des primo-visiteurs. La note de satisfaction donnée est plutôt belle avec un joli 8,32/10. Les visiteurs semblent apprécier l'ambiance festive, la qualité des spectacles taurins, la restauration et le sentiment de sécurité. De l'autre côté, ils aiment moins la foule, la musique trop forte et on note que la corrida est un frein pour 13% des sondés.

65 millions d'euros, un réel enjeu économique

De ces fameux 65 millions d'euros de retombées économiques, l'étude nous dit que 40% émanent des touristes, 36% des familles et 18% des personnes venues entre amis. Neuf visiteurs sur dix se promènent dans les rues et plus de 6% des visiteurs assistent à une corrida. Si en 2010 le nombre de spectateurs était de 129 000, il est tombé à 89 000 en 2017. Contexte généralisé, Nîmes s'en sort même mieux qu'ailleurs en France et qu'en Espagne. Moins de jeunes fougueux, des toros monocaste...

Bref ! des spectacles stéréotypés que les aficionados renâclent à apprécier dans le fond. À ce sujet, les cartels de la feria de Pentecôte seront dévoilés le 2 avril prochain. De plus et dès cet automne, le nouveau cahier des charges du futur délégataire sera établi. Il promettra une autre approche de la feria.

Au rayon des nouveautés, 11 actions seront mises en place dès cette année. Parmi elles, le retour de la Pégoulade dans les arènes, un dress code suggéré (jean bleu, tee-shirt blanc et bandana bleu) aux visiteurs, un pack " première corrida " vendu par l'Office de tourisme afin que les néo-aficionados puissent mieux comprendre ce qui se joue en piste grâce à un audioguide.

Dans les arènes (Photo Archives Anthony Maurin).

Autres choix, Siest'en feria, la distribution de fascicules expliquant la corrida, le retour des tertulias (conférences post-corrida qui ouvrent les débats), la requalification de l'espace du Bosquet aux Jardins de la Fontaine où il y a de petites arènes portatives qui permettent à la jeunesse de s'essayer à nos traditions, des visites guidées du musée des cultures taurines, la création d'un espace visiteur sur les allées Feuchères et un changement de la communication.

Pour cela, deux affiches furent créées par les services de la Ville (par l'excellent duo Brigitte Weymann et Yann Ceribac). Une est plutôt taurine et servira à mettre en valeur des cartels, l'autre moins, sera plus festive. Enfin, un concours international sera créé pour attirer de nouveaux artistes qui se lanceraient dans la conception des futures affiches. " De ces arènes, 2 000 ans de toros vous contemplent ! " affirme Daniel-Jean Valade en parlant du fronton des arènes où apparaissent deux magnifiques et antiques toros. C'est le moment de réaffirmer une position. La feria est un grand événement, la Ville l'a compris. Trop tard ? Non !

Anthony Maurin

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