Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 05.08.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 20200 fois

NÎMES Les problèmes des gens de la rue en été en ville

Julien (Photo Anthony Maurin).

Une mère et sa fille au petit matin sur l'Avenue Feuchères (Photo Anthony Maurin).

Les gens qui vivent dans la rue, SDF ou pas, l'été à Nîmes ne sont pas des invisibles. Ils ont une vie, une dignité, des joies, des peines. Comme en hiver où il fait froid, l'été les accable de plusieurs infortunes.

"Macron l'avait dit, en 2022 il n'y aura plus de SDF dans la rue en France !" sourit Julien en guise d'ultime bon mot. Julien a le visage marqué. Fraîche séquelle d'une rixe. Des points sur l'arcade sourcilière, des balafres sur les bras et une croûte au menton. "Cette année, le problème majeur, c'est la violence. Les zonards de l'été ont débarqué !"

Les zonards de l'été sont les SDF qui viennent se mettre au vert dans la cité des Antonin. Espérant que les touristes soient plus généreux, visant les axes routiers et les espaces verts, ces personnes ne sont pas à l'année à Nîmes. Cela fait 12 ans que Julien est là, lui. "Ils arrivent, il te piquent la sacoche, le téléphone, ils te dépouillent, il y a beaucoup de vol. Il nous faut toujours être attentifs parce que le pire c 'est que les pauvres volent les pauvres..."

Un épineux problème qui aura du mal à se solutionner tout seul. Tout le monde ferme les yeux et laisse la loi de la jungle mener sa vie, pas si tranquille que ça. Mais heureusement, il y a quelques fois, un regard, une attitude, une attention qui remet du baume au coeur à ces oubliés de la cité. "J'ai ma place de manche, les gens me connaissent, tout se passe bien, je suis respectueux et eux aussi, je leur dis bonjour, je ne les agresse pas. Je suis anti violence, je suis chrétien... Mais c'est un peu le bazar quand même !"

On parle toujours de la vie des gens de la rue l'hiver sous des températures négatives mais c'est l'été que le taux de mortalité est le plus élevé pour eux. Julien a identifié quelques problèmes facile à résoudre. Ses problèmes d'alcoolisme ne l'empêchent pas d'être lucide. "Les fontaines d'eau étaient fermées mais maintenant tout fonctionne. Tout le monde boit de l'alcool mais certains résistent moins bien..."

Que manque-t-il pour que leur vie soit moins dure ? Pour Anna, "Il nous manque des toilettes publiques et gratuites. Des toilettes comme on voit en feria, soit des préfabriqués, soit des toilettes de chantier. Tout cela existe, je ne comprends pas qu'on ne les laisse pas à l'année. Pas besoin d'en avoir partout mais au moins sur quatre ou cinq secteurs de la ville. À Saint-Baudile, à la gare, aux Carmes, à Saint-Charles... Ça sent la pisse partout !" Et des douches ? Julien peut s'en passer car il a une solution. "On peut aller prendre une douche dans les associations."

Sur l'Esplanade (Photo Anthony Maurin).

Mous est un habitué de l'été à Nîmes. Mais il connaît aussi la ville en hiver. C'est une personne qui vit au gré des saisons et de ses envies. Arles, Montpellier, Aix, Nîmes, Lyon, il erre d'une cité à l'autre mais c'est parfois pire qu'ailleurs. "En hiver, je pense que nous sommes plus de cent à vivre dans la rue à Nîmes mais l'été nous sommes plus encore. Avec les fortes chaleurs tout le monde est énervé et ça dégénère plus que le reste de l'année et plus qu'ailleurs en France. Maintenant les zonards sont agressifs, on peut en avoir peur, regardez-moi... J'ai peur."

D'autres ethnies sont présentes à Nîmes. Et pour Julien, c'est aussi un problème. "Je n'ai rien contre eux mais on ne s'entend pas. Les Roumains... C'est compliqué, on n'a pas les mêmes codes, pas les mêmes manières de vivre et de voir notre vie !"

(Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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