REMOULINS Le nouveau collège Voltaire joue l’Arlésienne
C’est peu dire que ça fait un moment qu’il est attendu par les enseignants, élèves et leurs parents. Plus de quinze ans, même.
Le nouveau collège Voltaire de Remoulins n’est toujours pas sorti de terre, et a priori, ce n’est toujours pas pour demain.
La mauvaise surprise du PPRI
En effet, le Département a décidé il y'a quelques années de reconstruire le nouveau collège sur le site de l’ancien, sur la départementale 6100 qui traverse le village. Tout avançait bien, et la vice-présidente du Conseil départemental en charge des collèges Nathalie Nury avait même « présenté la maquette du nouveau collège aux parents d’élèves et aux professeurs il y a un an », se remémore-t-elle. Sauf que depuis, tout ce joli monde a eu une mauvaise surprise : « on a déposé un permis de construire, et les services de l’Etat nous ont informé d’un changement dans le PPRI (le Plan de prévention des risques d’inondation, ndlr) qui classe le terrain comme risque d’inondation avec aléa fort, explique Nathalie Nury. Trois ans avant, c’était bon et maintenant non. » Une situation kafkaïenne résultant notamment d’un manque de communication entre les services de l’Etat et le Département : « on a fait deux ans d’études pour ce projet, et pendant ce temps là le PPRI se montait, mais on n’avait pas l’information », reconnaît la vice-présidente du Département. « Ce terrain n’a jamais pris l’eau, et maintenant on nous dit qu’il pourrait la prendre », s’était d’ailleurs agacé le président du Département Denis Bouad il y a une dizaine de jours lors de la signature des contrats de territoire.
De quoi mettre une épée de Damocles au dessus du projet : au moindre recours de tiers, le permis peut sauter. « Pour l’instant il n’y en a pas, mais on nous demande des pièces, des études et la Direction régionale des affaires culturelles veut y faire des fouilles », poursuit la vice-présidente du Département. De quoi repousser le projet de « plusieurs années », probablement trois.
Coupures d’électricité, panne de chauffage…
La tuile. Pour le personnel enseignant du collège, la nouvelle d’un report probable de la construction du nouveau collège ne passe pas : « au delà du manque de place et des problèmes de vétusté, nous avons de fortes interrogations concernant la sécurité du collège », estime le personnel du collège qui compte 700 élèves dans un communiqué. Et le personnel d’évoquer l’absence de thermomètres sur les congélateurs et réfrigérateurs de la cantine, un problème d’amiante heureusement réglé pendant les dernières vacances, des interrogations sur l’efficacité du système d’évacuation en cas d’incendie ou encore des infiltrations d’eau importantes. Le personnel du collège dénonce également des dysfonctionnements : « jeudi dernier, il n’y avait plus de sonnerie et des coupures d’électricité dans certains locaux, et vendredi c’était une panne de chauffage ».
« J’ai fait intervenir les équipes pour régler les problèmes d’électricité et d’amiante, et nous allons régler celui des fenêtres, répond Nathalie Nury. Nous avons également mis un renfort de personnel à partir de janvier, on a mis les moyens sur un bâtiment vieillissant. » Autant de solutions qui restent provisoires, le collège actuel ayant de toute façon vocation à laisser la place au nouveau. Sur place ou ailleurs ? « On a une réunion jeudi prochain pour voir si on reconstruit sur place avec le risque de prendre trois ans de plus, ou à reconstruire ailleurs », explique Nathalie Nury. Pour cette deuxième option, un terrain avait été fléché et finalement pas retenu il y a quelques années, mais il ne serait pas lui non plus à l’abri de fouilles de la DRAC. Des fouilles qui risqueraient de s’avérer fructueuses — Remoulins étant à un jet de pierre du Pont du Gard — ce qui serait une bonne nouvelle pour la culture et l’histoire de notre Département, moins pour le futur collège…
Reste que les enseignants et les élèves du collège vont devoir encore prendre leur mal en patience. « Nous avons le sentiment que l’absence de volonté politique pour trouver une solution est au coeur de l’affaire », écrit le personnel enseignant, quand Nathalie Nury affirme que du côté du Département, « on fait ce qu’on peut ! » Quant à l’absence de gymnase et d’auditorium dans le dernier projet et dénoncée par le personnel enseignant, elle serait due aux contraintes liées… au nouveau PPRI, là aussi.
Thierry ALLARD