UN JOUR, UN CANTON À Redessan, les sortants Dherbecourt-Blanc sur le pont pour garder le canton
Redessan, un canton rural composé de 21 communes sur lequel trône dignement le Pont du Gard, classé à l’Unesco. Car oui, ce territoire est principalement tourné vers le tourisme et l'agriculture. Élus sortants, la Droite et le Centre incarnés par Muriel Dherbecourt et Gérard Blanc font face à quatre binômes désireux de prendre leur place.
Dherbecourt-Blanc veulent conserver leurs sièges
Élu en 2015, le duo incarne l’union de la Droite et du Centre. Conseiller départemental depuis 2001 et ancien maire de Meynes, Gérard Blanc est bien implanté sur le territoire. Élue depuis 2015, Muriel Dherbecourt, elle, vient de devenir maire de Castillon-du-Gard. Si les sortants sont connus, il en faudra plus pour qu'ils conservent leurs sièges. Muriel Dherbecourt mise alors sur le bilan : « Nous avons poussé le dossier de la reconstruction du collège de Remoulins pour un montant de 24 millions d’euros. C’est l’un des plus beaux collèges d’Occitanie ! Certes, c’est la majorité de Gauche qui l’a inscrite à l’ordre du jour mais nous avons fait du forcing », insiste Muriel Dherbecourt. Pour l’élue de Droite, il en va de même concernant « la rénovation de l’EHPAD Les Oliviers ou de la création de la voie verte qui relie Montfrin à Remoulins et Vers-Pont-du-Gard jusqu’à Uzès ». Concernant les projets futurs, Muriel Dherbecourt aimerait que le Conseil départemental crée une légumerie en lien avec l’hôpital d’Uzès pour permettre de servir les EHPAD en produits frais et bio. La lutte contre les déserts médicaux et le développement des maisons en partage est aussi une priorité pour les sortants. Quant à ses adversaires, l’élue LR fait remarquer « il y a beaucoup de parachutés qui sont venus tracter sur le marché de Remoulins pour la première fois ! »
Un canton dans le viseur du Rassemblement national
Le canton de Redessan est l’un des territoires sur lesquels le Rassemblement national fonde de grands espoirs. « La dernière fois, nous avons fait 44% au second tour. Quand on regarde nos scores aux dernières élections européennes, on a de bonnes chances », croit Jean-Marie Launay qui mise donc sur la dynamique nationale de son parti. Une dynamique suffisante pour déloger les sortants ? Le frontiste de 29 ans attaque ses adversaires Muriel Dherbecourt et Gérard Blanc : « ils font le bilan de leur action alors qu’ils ne sont pas censés être dans la majorité ! Ça prouve bien qu’il y a une collusion entre la Droite et la Gauche au Département ». Jean-Marie Launay a pour binôme une avocate, Pascale Bordes. Comme pour les autres cantons, les candidats Rassemblement national veulent « revenir sur les aides apportées aux mineurs non-accompagnés ». Jean-Marie Launay évoque aussi son envie de « développer le tourisme en faisant connaître le petit patrimoine et pas uniquement concentrer toutes les actions autour du Pont du Gard ». Enfin, le frontiste indique : « Nous élus, nous n'aimerions pas être des représentants de notre canton mais représenter le département dans sa globalité. »
Debout La France, un cailloudans la chaussure de l’extrême-Droite ?
Redessan est l'un des trois cantons gardois où le parti de Nicolas Dupont-Aignan est présent. Il est représenté par Auguste Victoria et Nicole Pasqua. « Nous continuions à être des gens honnêtes et intègres. Moi, j’ai refusé de faire des alliances qui m’auraient permises de prendre des postes », commente Auguste Victoria, originaire d'Aigues-Mortes. Sur la polémique concernant l’implantation d’une plateforme Amazon, « il est important que l’on arrive à avoir des activités qui respectent l’identité du territoire. Toutefois, il faudrait se concerter avec les habitants pour savoir ce qu’ils en pensent », poursuit le candidat. Un ticket qui pourrait grignoter quelques voix au Rassemblement national.
Bachir Elkhalfi et Cécile Arroyas-Piquet partis sans parti
C'est sans appartenance politique que se lance le binôme formé par Bachir Elkhalfi (adjoint à Remoulins) et par Cécile Arroyas-Piquet (adjointe à Bezouce). Pas à gauche, pas à droite, "on est là pour le territoire, pour les habitants. C'est prématuré de parler idéologie", balaye Bachir Elkhalfi. Avec sa binôme, il sillonne le canton pour se faire connaître : "On ressent qu'il y a beaucoup de déception sur ce territoire. Les gens veulent du renouveau et il y a une inquiétude à avoir sur les votes extrêmes..." Le duo veut se poser en alternative au RN et enrayer ce désintérêt qu'il y a pour la politique. Et également redorer ce canton "bien placé avec l'axe Nîmes-Avignon mais mal exploité". Cela passera par un programme tourné vers la jeunesse pour qu'elle accède plus facilement à l'emploi mais aussi à des activités sportives et culturelles. "On se préoccupe aussi de l'agriculture sur ce canton où les enjeux autour de l'eau sont aussi très importants. Tout en dynamisant l'économie et le tourisme, car il y a vraiment de belles choses à voir", conclut Bachir Elkhalfi.
Karine Voinchet et Benoît Garrec, seuls à gauche et avec le soutien de la majorité départementale
Pour représenter l'union départementale de la Gauche, on a la militante La France insoumise, Karine Voinchet, et l'ancien maire écologiste de Collias, Benoît Garrec. Déjà en 2015, ce dernier s'était présenté avec Muriel Blachère et avait recueilli 9,95 % au premier tour. Cette fois, sa liste est la seule clairement identifiée à gauche et il a le soutien de la majorité départementale à travers neuf partis. Est-ce que cela suffira à tenir tête à un Rassemblement national encore renforcé et au binôme sortant de Droite ? À voir, surtout que l'étiquette LFI n'est pas forcément très fédératrice, surtout après les frasques de Jean-Luc Mélenchon. "On a fait du porte à porte, on a donné nos professions de foi avec beaucoup de propositions. Quand on voit que le RN distribue la même circulaire partout en changeant juste les noms, on a espoir", lance Benoît Garrec. La transition écologique et le social seront les axes forts du programme : "Il faut aider une personne même si cela a un coût. Quelqu'un qui n'a pas de souci dans sa vie aura moins tendance à faire des bêtises ou à tomber dans la délinquance", poursuit l'ex-maire de Collias. Il veut que tous les projets, subventions passant par le Département n'aillent pas à l'encontre d'une éthique sociale et fiscale.
Coralie Mollaret et Marie Meunier