ALÈS / LE VIGAN Enfarinade du député Allégret-Pilot : les faits requalifiés en outrage, le prévenu évite la prison

Nathan L. en discussion avec son avocat, le bâtonnier alésien Guillaume Garcia, avant la décision du tribunal
- François DesmeuresL'accusé a été reconnu coupable. Il évite toutefois la prison réclamée par le procureur de la République.
La plaidoirie de maître Guillaume Garcia a été suivie : les faits qui concernaient le prévenu Nathan L. - qui avait reconnu avoir jeté le contenu d'un sac de farine sur le député Alexandre Alégret-Pilot lors de la foire de la pomme et de l'oignon doux du Vigan - ont été requalifiés. De "violence sur une personne chargée d'une mission de service public sans incapacité lors de manifestation sur la voie publique en récidive", le tribunal accuse finalement le prévenu "d'outrage sur personne chargée d'une mission de service public".
En conséquence, Nathan L. évite la prison qu'avait réclamée le procureur de la République, lors de l'audience du 5 février (relire ici), et la récidive liée aux violences. L'amende requise était de 800 €, elle passe finalement à 1 500 € (réduite de 20 % si payée dans un délai d'un mois) auxquels s'ajoutent 35 heures de travaux d'intérêt général, à effectuer dans un délai de douze mois, au profit d'une personne morale de droit public ou de droit privé exerçant une mission de service public.
"La montagne a accouché d'une souris"
Me Guillaume Garcia, avocat de Nathan L.
Côté parties civiles, le tribunal déclare Nathan L. responsable. Il fixe les indemnités pour préjudice moral à 1 000 €, ainsi que 100 € au titre du préjudice matériel (une estimation des frais de pressing du costume du député UDR). Nathan L. devra aussi acquitter les frais d'avocat de la partie adverse, soit 800 €, ainsi que 234 € de frais de procédures.
"La montagne a accouché d'une souris, a commenté Me Garcia, défenseur de Nathan L. Les violences ont été écartées, elles étaient hors de propos pour le geste symbolique d'un jet de farine." L'avocat a confirmé qu'il ne pensait pas s'orienter vers un appel, dans le délai imparti des dix jours. Pour Nathan L., la décision est "lourde mais c'est ce qu'on attendait. C'est plutôt une très bonne décision." Pour le maçon qu'il est, les sommes restent lourdes à payer, mais Maître Garcia rassure sur la possibilité d'établir un échéancier. Une soirée de solidarité pourrait être organisée.
"Le député se garde le droit de faire appel"
Nathan Casano, assistant parlementaire du député Alexandre Allégret-Pilot
"Le député se garde le droit de faire appel." Assistant parlementaire d'Alexandre Allégret-Pilot, Nathan Casano laisse planer le doute sur les intentions de son employeur. S'il constate la requalification des faits, "nous n'avons pas de satisfaction à avoir, ou pas, d'une décision de justice. Mais est-ce qu'on considère qu'un outrage n'est pas violent ? Moi, je considère que oui." L'assistant parlementaire se satisfait aussi que l'amende ait presque doublé par rapport aux réquisitions du procureur Abdelkrim Grini et prend note d'un préjudice moral réduit à 1 000 €, quand Me Vergani, avocat du député, avait réclamé 15 000 €. "Mais réclamer 15 000 € n'était pas hors circuit, plaide encore Nathan Casano, car le costume du député était détruit et on nous a empêché d'aller discuter avec les agriculteurs." Manifestement, pour le tribunal alésien, ce préjudice ne méritait pas une telle somme.