Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 09.07.2024 - Anthony Maurin - 7 min  - vu 391 fois

GARD Fracasse ? Le capitaine en capitale vous attend

Une partie de la compagnie Artichaut (Photo Anthony Maurin)

Une partie de la compagnie Artichaut (Photo Anthony Maurin)

La compagnie Praticable et la compagnie l’Artichaut présentent Fracasse d’à peu presque Théophile Gautier.

Après le parc du château de Flaux, le foyer municipal de Clarensac, la place de la Mairie à Boissières ou encore la cour de la médiathèque de Calvisson, la compagnie Praticable et la troupe Artichaut sont en représentation à Rodilhan ce mardi soir. 18 ans pour la plus jeune, 44 pour le plus ancien, la troupe Artichaut est « hétérogène » comme dirait Isaac.

Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)
Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)

Isaac ? Oui, c’est un membre de la troupe qui est aussi membre du conservatoire de Nîmes… Sept élèves du conservatoire, dont certains en classe prépa, sont heureux de remonter sur scène : « Nous avons monté l’Association de représentations théâtrales indispensables au caractère humain, artistique, unique et trépidant, Artichaut pour les intimes ! Tout ça pour monter des spectacles en-dehors des cours. Nous avions des cours avec Olivier Costa qui a également une compagnie et qui voulait nous faire tourner un peu. Nous avons donc lié les deux pour avoir le côté professionnel de la compagnie d’Olivier et apprendre à la dure le métier. C’est l’alliance entre l’expérience et la jeunesse ! »

Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)
Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)

Pour la troupe de jeunes nîmois, l’aventure commence par une idée d’Olivier. « Nous nous sommes renseignés sur le roman de Théophile Gautier et c’était parti. Olivier a adapté les rôles pour nous, il a même créé des personnages qui n’existent pas pour faire avancer l’histoire. On part quand même d’un roman de 300 pages pour une pièce qui dure 1h15 », notent les élèves comédiens.

Depuis janvier dernier, la troupe est au travail. Un cours de deux heures par semaine au conservatoire, puis en plus dudit cours, une session dominicale mensuelle puis rapidement hebdomadaire avant de passer des vacances un peu plus intenses avec des journées complètes dans les locaux du Praticable.

Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)
Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)

Pour l’aspect professionnalisant de cette transition entre la théorie du conservatoire et la pratique du théâtre de tous les jours, chaque membre de la troupe avait un rôle dans le projet. Yasmine faisait la communication, Isaac les costumes, Noémie les subventions et les relations avec les mairies, Lison le planning, Clément la musique de la chanson et les musiques du spectacle, Inès le budget et Lia les décors et accessoires.

Mais tout ça pour quoi ? Pour une pièce faite et jouée avec amour. « C’est l’histoire d’un baron ruiné et esseulé, un noble déchu, qui rencontre une troupe de comédiens coincés. Le baron tombe amoureux d’une des comédiennes, il la suit à Paris. Ainsi, il découvre la vie de comédien, c’est un Gascon romantique. Hélas, le méchant de la pièce est aussi intéressé par cette même comédienne. Amour non réciproque puisqu’elle préfère le jeune et beau baron. »

Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)
Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)

Chacun a un moment de gloire, un moment technique, des exercices sur ce texte costaud et profond. La mise en scène, très rythmée et minutieuse, permet une belle variété de tons. De l’amour à l’humour. D’ailleurs une chanson est chantée de manière collective et quelques passages musicaux dans le spectacle.

Les comédiens

Lison Destoop (Photo Anthony Maurin)
Lison Destoop (Photo Anthony Maurin)

Lison Destoop. Étudiante en théâtre, Nîmoise qui est toujours montée sur les planches, elle est au conservatoire depuis ses 15 ans. Une Licence théâtre à Montpellier pour se nourrir de sa passion et hop, la voilà dans la pièce où elle interprète Léandre et Chiquita. « Léandre, jeune premier de la troupe, est un personnage un peu extraverti, dragueur, constamment dans la représentation, drôle. Chiquita est quant à elle une petite fille très mignonne et très inquiétante qui aime autant les perles que l’odeur du sang ! Je suis vraiment très heureuse de ces rôles mais le texte a demandé un effort d’appropriation car pas forcément contemporain. »

Isaac Duart (Photo Anthony Maurin)
Isaac Duart (Photo Anthony Maurin)

Isaac Duart. Ça fait quatre ans qu’il fait du théâtre mais depuis toujours il voulait devenir comédien de doublage. « J’ai grandi physiquement très vite et il y avait une distance entre ma voix et mon intérieur… J’ai commencé en faisant du chant lyrique, j’ai toujours été plus à l’aise avec ma voix. Puis, le théâtre a fait lien entre les deux. Je joue les rôles du capitaine Matamore, celui du bandit Agostin, et d’un mousquetaire. Nous sommes peu de garçons et comme Clément prend les rôles antagonistes, j’ai pris les rôles masculins forts et virils ! Matamore est un vantard, il se donne des grands airs mais c’est un grand peureux. Cela n’a pas été facile de trouver de la nuance, j’ai bien été accompagné pour y arriver. Pour Agostin, père de substitution de Chiquita, c’est un bandit au grand cœur que j’interprète. Il est quand même un peu canaille ! Enfin et avec le mousquetaire, je prends des coups ! Mais je me bats tout le temps, je danse… »

Noémie Seys (Photo Anthony Maurin)
Noémie Seys (Photo Anthony Maurin)

Noémie Seys. Comédienne au Conservatoire depuis six ans, elle est en classe prépa depuis trois ans mais elle suit des cours intensifs pour devenir comédienne professionnelle. Elle commence à avoir quelques projets comme cette année dans les arènes pour Germanicus et la colère barbare où elle jouait la volva qui se faisait clouer à l’arbre. « Nîmoise d’origine, j’ai apprécié cette incroyable expérience, à refaire ! L’année prochaine je partagerai mon temps entre Nîmes et Lyon pour découvrir une autre ville, pour être une formation théâtre et cinéma. » Dans Fracasse elle incarne… le capitaine Fracasse ! « Le rôle du jeune premier, un rôle très masculin, à la Cyrano. On a beaucoup bossé sur ma masculinité, j’ai dû trouver une posture, une manière de me déplacer et enlever quelques mimiques féminines. C’est un bel exercice. C’était marrant car pour me préparer j’observais les hommes dans la rue, je regardais leur démarche. La troupe est super, on est tout le temps ensemble, on se connaît bien, l’ambiance est géniale, à refaire ! » Noémie a même appris à se battre à l’épée avec un maître d’armes et des habitués de la rapière.

Yasmine Yakout (Photo Anthony Maurin) IMG_5060
Yasmine Yakout (Photo Anthony Maurin)

Yasmine Yakout. Passionnée de théâtre depuis son adolescence Yasmine a beau être née à Alexandrie (Égypte) c’est à Nîmes qu’elle vit depuis sa plus tendre enfance. D’abord passée par le Télémac Théâtre, elle est au conservatoire depuis six ans. « C’est mon premier projet professionnel, j’avais envie de créer une troupe amateure mais je n’arrivais pas à trouver les bonnes personnes. Je vais continuer, je ne lâcherai pas ! Sur scène, c’est l’endroit où je suis le plus épanouie, quand je parle au public je me sens forte, comme si j’avais des super-pouvoirs ! Je n’ai pas eu de souci à m’approprier le texte mais je fais quatre rôles ! » Chiriguigui et son accent du Sud-Ouest, la duègne, le prince et Judith qui s’est rajouté et en lieu et place d’un tueur à gage. Dur de différencier les quatre personnes. « Mon plus grand fan est mon fils qui m’encourage et vient me voir à chaque fois ! Je fais aussi partie de l’association Roller Lib ! C’est super, on a que six dates, j’aurais aimé plus mais merci à olivier de nous offrir cette chance, j’en rêvais depuis un moment. »

Clément Martinez (Photo Anthony Maurin)
Clément Martinez (Photo Anthony Maurin)

Clément Martinez. Dessinateur en architecture à la ville, il incarne sur scène le fils d’un seigneur. Nîmois né à Nîmes, passé au conservatoire en contrebasse, clarinette et chant lyrique, il était fort logique de le retrouver sur scène. « Ma voix n’étant pas faite pour être le lyrique… mais j’ai fait de la figuration avec les copains qui, eux, sont devenus pros en lyrique. Je suis en deuxième année au Conservatoire mais techniquement c’est ma cinquième année de théâtre. C’est le Coivid qui a stoppé l’association dans laquelle j’étais alors j’ai donc basculé au Conservatoire et on m’a gardé. Dès ma première année je suis tombé par hasard sur le cours du lundi, avec la classe prépa. Ils m’ont adopté et me tirent vers le haut depuis ! » Clément fait l’entrée du spectacle avec un petit rôle, celui de Pierre, le serviteur du baron qui voit arriver la troupe arriver à Paris… Il repasse en colisses et se change en duc pour devenir le méchant, le fils du grand seigneur qui se croit tout permis, « en mode droit de cuissage ». Quand il voit la petite nana et il croit que… Mais non parce qu’elle en aime un autre et c’est la seule qui lui résiste. « J’ai un combat à l’épée pour le côté technique et je gère la musique. »

Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)
Compagnie Artichaut (Photo Archives Cie Artichaut)

Lia Ducrot. Elle fait du théâtre depuis quelques temps maintenant et est de Saint-Laurent-d’Aigouze. Lia n’a pas trop aimé son passage au cours Florent de Montpellier alors elle s’est inscrite au Conservatoire où elle se plaît. L’année prochaine elle va se former pour faire de la scénographie. Dans Fracasse elle joue le rôle d’Isabelle, une jeune fille qui est l’objet de tous les désirs ! C’est un personnage intéressant car à l’époque, disons au XVIIe siècle, les comédiennes étaient aussi perçues comme des prostituées… Isabelle ne se laisse pas faire, elle se bat même au nunchaku ! Ça fait toujours son effet ! Ce rôle lui plaît beaucoup, elle s’épanouit avec. Dans la compagnie elle était en charge des décors et des accessoires.

Inès Lahlou. Elle fait du théâtre depuis longtemps et a obtenu son certificat d’étude théâtrale une fois son cursus au Conservatoire fini. Après un CAP fleuriste, le théâtre lui manquait et elle a passé le concours du Conservatoire et a intégré la classe prépa pour essayer d’en faire son métier. Elle écrit, surtout. Elle joue parfois. Pour Fracasse, elle incarne le directeur (sans nom) de la troupe, un personnage très dessiné, un rôle fort, c’est la seule qui porte un masque du début à la fin ! Elle a dû beaucoup bosser ses expressions gestuelles et ses intentions car le masque prend de l’espace. Dans la troupe c’est elle qui s’occupait du budget prévisionnel, elle compte tout, c’est important !

Une partie de la compagnie Artichaut (Photo Anthony Maurin)
Une partie de la compagnie Artichaut (Photo Anthony Maurin)

Pour finir, cette belle troupe doit rendre hommage à ses premiers soutiens. « Dans notre travail de recherche de dates pour la pièce, nous avons appelé plusieurs collectivités et six mairies nous ont accueillis ! Merci à elles pour leur confiance ! Merci aussi Olivier et Clarisse de Praticable pour leur investissement humain et pas que ! Merci également à Hervé du Centre capillaire de la rue Sainte-Anne à Nîmes pour ses perruques professionnelles qui nous ont permis de changer de rôle et d’incarner des personnages différents ! »

L’association de Praticable et Artichaut a ouvert la voie à quelque chose. Ce spectacle mérite le détour alors si vous n’êtes pas trop foot ou que vous souhaitez simplement passer un bon moment avec des passionnés, foncez !

Mise en scène d’Olivier Costa, lumière Clear Eyes. Prochaines dates à Rodilhan ce 9 juillet puis à Saint-Pons-La-Calm. Info et résa au 07 74 52 66 10 ou par mail à fracasse@praticable.com

Anthony Maurin

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