Publié il y a 3 h - Mise à jour le 15.01.2025 - Thierry Allard - 4 min  - vu 83 fois

GARD La Confédération paysanne veut « un autre système » pour l’agriculture

La Confédération paysanne a présenté sa liste pour les élections de la Chambre d'agriculture

- Thierry Allard

La Confédération paysanne a présenté sa liste pour les élections de la Chambre d’agriculture du Gard, qui se tiennent jusqu’au 31 janvier, ce mardi à Vallérargues. L’occasion de présenter le programme du syndicat agricole, qui conteste la mainmise de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) sur la Chambre depuis des décennies.

Cette élection s’inscrit dans un contexte particulier, « avec une situation économique et sociale on ne peut plus catastrophique, avec toutes les filières agricoles en souffrance », rappelle le porte-parole de la « Conf’ », Didier Marion. On se rappelle de la mobilisation des agriculteurs il y a un an, et des poussées de fièvre régulières qui agitent le secteur depuis.

Pour améliorer les choses, la Confédération paysanne est convaincue qu’il faut « proposer un autre système » pour l’agriculture, avance Didier Marion, alors que la Chambre « est co-gérée depuis 70 ans par la FDSEA et les JA, avec une orientation non pas sur le renouvellement des générations, mais sur le maintien des parts de marché à l’export, avec des marges extrêmement faibles, qui conduisent à un agrandissement des fermes et à la disparition des paysans », poursuit-il.

« Changer de paradigme »

Alors pour la Confédération paysanne, il faut « retrouver du revenu », ce qui passe par « produire en fonction des besoins » et par mettre en place « un prix minimum d’entrée sur le sol français et européen. » La solution passe aussi par « une régulation des marchés », prône le syndicat et, globalement par « développer une agriculture plus locale et tournée vers les besoins de nos concitoyens. »

Dans le Gard, la viticulture regroupe de forts enjeux. « Nous sommes dans un modèle agro-industriel de compétition à l’échelle mondiale sur la filière du vin, qui nous met en concurrence avec des pays qui n’ont pas les mêmes normes », avance Simon Le Berre, viticulteur à Martignargues. Un système dont les viticulteurs seraient « prisonniers », affirme-t-il, avec une course au rendement et des marges réduites à peau de chagrin. La Confédération paysanne défend « la valorisation » du produit, ajoute le viticulteur, qui pense que le salut de la filière passera par « le collectif et l’entraide. »

Sur l’alimentation, la « Conf’ » veut « changer de paradigme », résume la maraîchère à Saint-Dionisy Mathilde Bertier. Ça passe par le consommer local avec les circuits courts, mais aussi par la diversification des productions, mais aussi par « installer massivement des agriculteurs, on ne peut pas se satisfaire des 150 installations par an dans le Gard, il faut deux à trois fois plus », dit l’agricultrice. Sur ces enjeux, « il y a un manque criant de volonté politique dans le Gard », estime-t-elle.

Autre axe majeur de la campagne : l’accès au foncier. « Notre territoire est soumis à de fortes pressions spéculatives, l’accès aux terres est difficiles pour les nouveaux installés », pose Emmanuelle Philip, agricultrice à Aigaliers. D’autant que les exploitations sont de plus en plus étendues, et les agriculteurs de moins en moins jeunes : « nous avons la population la plus vieillissante de tous les corps de métiers de France », avance Emmanuelle Philip, qui dénonce aussi « des projets de grande ampleur d’artificialisation des sols, comme Magna Porta, le projet de prison, le contournement ouest de Nîmes, la ZAC des Sablas, toutes les problématiques agrivoltaïques et les centrales photovoltaïques. » Pour la Confédération paysanne, « il faut une application stricte de la loi Zéro artificialisation nette, sans que la compensation soit une solution pour les collectivités », rajoute-elle. La question des retraites décentes pour les agriculteurs revient aussi, « pour ne pas qu’ils soient tentés de faire monter les enchères » lors des ventes de terrain.

La Confédération paysanne présente aussi deux candidats sur le collège retraités de la Chambre d’agriculture, avec comme principale mesure « un rattrapage, pour ne plus avoir de retraite sous le SMIC », affirme Jean-Paul Cabanis, agriculteur vauverdois retraité.

« Nous espérons un sursaut »

Pour porter ces idées, la Confédération paysanne présente une liste de 20 noms conduite par le sortant, David Desvernes, éleveur de poules et maraîcher à Aubord. « Une liste totalement paritaire, alors que les femmes sont sous-représentées dans le milieu agricole », avance Rémi Balmassière, maraîcher à Montaren. Une liste « jeune, avec une moyenne d’âge de 43 ans », poursuit-il, « avec une diversité de culture et une représentativité géographique large. »

Une liste qui a pour objectif de « prendre la Chambre d’agriculture pour changer la vision », affirme Simon Le Berre. Pas gagné, tant le système proportionnel à un tour au plus fort reste donne une majorité écrasante à la liste arrivée en tête. Lors de la dernière élection, la « Conf’ » n’avait raflé que deux sièges, suffisant pour « jouer le rôle d’aiguillon », rappelle Jean-Paul Cabanis, mais pas pour changer le système en profondeur. « Il faut que la profession soit consciente qu’on va prendre un virage dans un sens ou dans l’autre, nous espérons un sursaut », affirme Simon Le Berre.

Ces élections interviennent dans un contexte où la Coordination rurale, considérée comme proche de l’extrême-droite, est sortie du bois ces dernières années. « L’agriculture n’échappe pas aux dynamiques sociales, et la Coordination rurale surfe sur cette vague, affirme Didier Marion. C’est un point d’interrogation. » Et à gauche, la présence du Modef, idéologiquement proche de la Confédération paysanne, pourrait venir grignoter l’électorat de la « Conf’ », qui est toutefois sur une bonne dynamique, « avec 40 % d’adhérents en plus en deux ans dans le Gard », souligne Didier Marion.

La liste

David Desvernes, Mathilde Bertier, Simon Le Berre, Ester Percivati, Rémi Balmassière, Sylvain Hermet, Mylène Pimor, Emmanuelle Philip, Cyril Lestienne, Timothé Medoux, Johanna Bon, Sophie Renaudie, Tom Rampazzi, Maud Massé, Nicolas Villain, Thomas Bouët, Florence Parker, Marie-Hélène Fayolle, Flavie Millet, Sylvain Planque.

Thierry Allard

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