Le plaisir se lisait ce matin sur le visage de David Storper, président du Collectif histoire et mémoire. Son projet de réinstallation de la statue de Bernard Lazare touche au but. Né en 1865, ce journaliste engagé s'était positionné pour défendre Alfred Dreyfus, fournissant de nombreux éléments à Émile Zola pour le très populaire "J'accuse". Le résistant continuera de lutter contre l'antisémitisme en s'engageant aux côtés de Théodore Herlz et décèdera à l'âge de 38 ans. Une statue lui sera érigée en sa mémoire en 1908 par le maire de Nîmes de l'époque, avant qu'elle ne soit dégradée et démantelée par des antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne reste aujourd'hui que le socle et une plaque précisant ce qu'il y avait auparavant.

Ainsi, au premier semestre 2025, devraient démarrer les travaux de sa réhabilitation, d'un montant total de 205 000 euros. Ce devoir de mémoire, s'ajoute à la célébration des 80 ans de la libération des camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier dernier. "Chaque geste et initiative renforce notre identité commune. Les services municipaux sont très engagés sur ce projet, dont le rendu final ne peut être précis pour l'instant, suite aux rigueurs administratives de l'État français", souligne Mary Bourgade, adjointe déléguée au patrimoine et aux monuments antiques.

Le Collectif histoire et mémoire, existant depuis 2013, a recueilli de nombreux témoignages de rescapés des camps, restitués dans un livre de recueil. En octobre dernier, les collégiens de l'Institut d'Alzon à Nîmes avaient été sensibilisés à l'histoire de Bernard Lazare, en collectant des éléments biographiques à son sujet. Pour la statue, 18 000 euros ont été récoltés au bon vouloir de 150 donateurs. Viennent s'ajouter des donations du Conseil régional et départemental (20 000 euros chacun), de la Fondation pour la mémoire de la shoah (20 000 euros), de la Fondation du judaïsme français (19 000 euros), du Crédit agricole de Nîmes ou encore de la Caisse d'épargne de Nîmes, en attendant d'autres subventions. 

"On travaille aussi à l'exonération de la TVA pour la reconstitution. Notre objectif sera de trouver 55 000 euros si possible avec cette signature de convention de partenariat. Nous aimerions que le travail soit terminé le 14 juin, jour d'anniversaire de Bernard Lazare, sinon le 4 octobre, jour de la construction de la première statue", dévoile David Storper. La Fondation du patrimoine, représentée par Patrice Genet, a également pour objectif de soutenir le patrimoine mémoriel, en aidant notamment à la reconstruction de tombes dans les villages.