SALINDRES "On veut travailler mais pas au détriment de notre santé", clament les employés de Solvay
Un rassemblement se tenait devant l'usine Solvay de Salindres ce mercredi 29 janvier, avant tout pour soutenir les salariés de l'usine qui vont être licenciés et aborder la potentielle dangerosité à laquelle ils ont été exposés durant des années.
C'était un cri du cœur qui concerne pas moins de 61 salariés, mais aussi les riverains et des dizaines de familles. À l'occasion de la Semaine européenne de mobilisation contre les PFAS ("polluants éternels"), l'association Générations Futures et les salariés de l'usine Solvay de Salindres se sont mobilisés devant le portail de l'usine ce mercredi 29 janvier. Un an après que le journal Le Monde et l'association GF révèlent une pollution significative, notamment au TFA (acide trifluoroacétique, il est environ 100 000 fois plus puissant que l'acide acétique), dans les eaux des rivières aux alentours de Salindres, tout s'est accéléré pour les salariés.
"Ça fait une dizaine de mois qu'on est sous angoisse", avouent les employés devant l'usine. Si l'annonce de leur Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) a été faite en octobre, il a été validé lors de ce mois de janvier, et ne sera officiel qu'à partir d'avril. En attendant, les salariés ont refusé de travailler et demandent depuis quelques mois à se faire tester pour connaître la quantité de TFA qu'ils ont dans le sang. Des tests, qui ont d'abord été acceptés par Solvay, avant de faire machine arrière il y a deux mois.
"On ne les lâchera pas"
"On est dans le flou, avoue Bilel, salarié de Solvay. On est en cours de procédure. À l'heure actuelle, on devrait se faire tester d'ici un mois, mais il n'y a pas encore de réglementation officielle. On veut demander des comptes à Solvay, on ne les lâchera pas. Ça fait dix ans que je travaille ici, j'ai respiré une quantité énorme de produits, je ne sais pas si dans quelques années j'aurais pas un cancer ou une autre maladie."
Avec l'appui des experts scientifiques qui ont informé sur la possible toxicité du TFA pour la santé et l'environnement, l'association Génération Futures veut alerter l'opinion publique sur les conséquences sanitaires, environnementales et sociales de la présence du TFA dans l'environnement. Ainsi, de multiples requêtes ont été demandées pour soutenir les salariés, comme mettre en place et prendre en charge des analyses toxicologiques des salariés et leurs familles, d'engager un plan de dépollution du site de Salindres, mais aussi aux communes concernées de réaliser des analyses systématiques du TFA dans l'eau potable de tous les forages puisant dans les nappes du Gardon.
Pour Sophian, représentant syndical des salariés, la situation est encore dans le flou de la part des pouvoirs publics. "On est face à cette pollution sans précédent, certains disent que c'est la plus grosse contamination de la planète par l'homme. Il y a beaucoup de suspicion de dangerosité, mais on aimerait savoir à quel point c'est dangereux. On veut travailler, mais pas au détriment de la santé." Un cri d'alerte qui devrait continuer le mercredi 12 février prochain à la Bourse du travail d'Alès, ou le collectif "Gard-Eau-PFAS" se réunira pour sensibiliser les populations locales et informer sur la situation actuelle.