OCCITANIE Les levées de fonds se portent bien
Perfusée à l’IA, jusqu’à quand la French Tech pourra-t-elle résister ?
Le baromètre des levées de fonds In Extenso Innovation Croissance est sorti. Cette publication donne un bilan de l’année 2024. L’Occitanie se maintient à la quatrième place des régions françaises quand on parle de levées de fonds en 2024. Elle réalise ainsi une belle progression en valeur avec 406 millions d’euros collectés (+27 % par rapport à 2023) comme en volume, avec 51 deals (+9 % par rapport à 2023). La région recense deux levées majeures avec celles d’Onestock de 65 millions d’euros et de Sensorion à 51 millions d’euros.
Mais voyons plus large. En 2024, la contraction du marché du capital-risque s’est poursuivie pour la deuxième année consécutive par rapport à l’année record 2022 (13,6 milliards d’euros), impactant les start-ups de la Tech française.
La qualité est là
Les 822 opérations réalisées ont permis aux start-ups tricolores de collecter 8,1 milliards d’euros, des levées en baisse de 10 % en valeur et de 18 % en volume par rapport à 2023, où les montants financés avaient atteint 9 milliards d’euros.
Les montants captés par la French Tech restent cependant à un niveau largement supérieur à celui enregistré avant la pandémie (4,7 milliards d’euros), reflétant la résilience et le dynamisme de l’écosystème entrepreneurial français, dans un contexte politique et économique très incertain. Malgré ce recul, le ticket moyen en France a progressé de 14 %, s’établissant à 11,4 millions d’euros, en raison d’une poignée de méga-levées remarquables. Les fonds américains et asiatiques demeurent actifs dans le financement de la French Tech, en quête de nouvelles pépites.
Les trois secteurs les plus financés en 2024 sont le logiciel/software, avec une hausse de 34 % de montants captés par rapport à 2023 notamment grâce à un engouement pour l’intelligence artificielle (IA) ; l’énergie/Cleantech, malgré une baisse de 40 % en valeur dans un contexte de ralentissement plus prononcé au second semestre 2024 ; et la fintech, qui revient sur le devant de la scène avec une augmentation de 57 % des financements. Comme en 2023, les financements à destination des entreprises en stade d’amorçage (inférieur à deux millions d’euros) ont drainé plus de 40 % des opérations totales de l’année, soulignant la confiance des investisseurs dans les projets innovants portés par les jeunes pousses.
En Europe ?
En Europe, le ralentissement du marché en valeur entre dans sa troisième année consécutive. Cependant, la diminution de 8 % enregistrée en 2024 par rapport à 2023 est moins prononcée que la tendance baissière observée depuis 2021. La France conserve sa deuxième place dans le classement européen des pays ayant levé le plus de fonds, après la Grande-Bretagne, mais toujours devant l’Allemagne.
À l'échelle européenne, les start-ups ont levé 47,4 milliards d’euros en 2024 au cours de 6 850 deals. Les montants levés par la tech européenne sont en repli de -8 % en valeur, malgré un nombre d’opérations assez stable (+2 %) par rapport à 2023 (6738 deals représentant 51,6 milliards d’euros). Le ticket moyen reste stable à 9,5 milliards d’euros (contre 9,7 milliards d’euros en 2023).
Le Royaume-Uni conserve sa première place dans le classement européen, avec 14,4 milliards d’euros levés en 2024. Les financements progressent en volume (+7 %) mais décrochent en valeur (-8 %) par rapport à 2023. Les cinq levées spectaculaires de Wayve (955 millions d’euros / IA et transport), Abound (480 M€ / fintech), Zepz (410 milliosn d’euros / fintech), Monzo Bank (408 millions d’euros / fintech) et Highview Power (360 millions d’euros / énergie) figurent dans le top dix des levées en Europe.
La France s’installe durablement en deuxième place depuis 2022. Les levées de HR Path, Poolside AI et Mistral AI font partie des 10 plus belles levées européennes de l’année.
L’Allemagne demeure à la troisième marche du podium avec 7,1 milliards d’euros levés en 2024, un montant stable par rapport à 2023. Helsing (450 millions d’euros / sécurité et IA) réalise la septième levée la plus importante en Europe.
Les spécificités françaises
Les trois secteurs les plus prisés en Europe sont le logiciel/software qui arrive en pole position, suivi par la santé et l’énergie/Cleantech. Ces trois secteurs captent respectivement 22 %, 19 % et 17 % des montants levés en Europe.
Comparativement à 2023, les secteurs qui progressent le plus sont le logiciel (+43 %), la Fintech (+23 %) et la santé (+14 %). Le logiciel, l’énergie et la Fintech sont les trois secteurs d’activité les plus financés en France, captant respectivement 30 %, 20 % et 15 % des financements. À noter l’inversion des secteurs de l’énergie et du logiciel sur le podium cette année par rapport à 2023, du fait des méga-rounds plus nombreux sur les dossiers d’IA notamment.
Comparativement à 2023, les secteurs qui connaissent les plus fortes progressions sont la Spacetech (+181 %), la Fintech (+57 %) et le logiciel (+35 %). 2024 a confirmé la robustesse de la Deeptech française, grâce à la montée en puissance de nouvelles pépites en IA. Le volume d'opérations progresse de près de 6 % au global, et l'IA représente plus de 45 % du nombre d’opérations de la Deeptech. Les start-ups Deeptech ont ainsi capté plus de 42 % des montants levés en France, malgré une diminution de 24 % des montants levés par rapport à 2023. Bpifrance soutient largement la Deeptech française, apportant sa contribution dans près de 17 % des opérations.
À la recherche de la pépite française
Les fonds nord-américains renforcent leur présence dans l’écosystème français de l’innovation. Malgré un ralentissement en 2023 lié à une conjoncture macroéconomique tendue, ils montrent une reprise progressive et conservent un fort intérêt pour des investissements stratégiques.
En effet, en 2024, ils ont été impliqués dans 17 % des opérations réalisées, un chiffre presque doublé par rapport aux 9 % de 2020, témoignant d'un engouement renforcé pour les pépites de la French Tech par les investisseurs outre-Atlantique. Cette montée en puissance s'est matérialisée par des participations dans des méga-levées emblématiques, telles que celles de Mistral AI, Poolside AI, Alan et The Exploration Company.
En parallèle, les fonds asiatiques continuent de se positionner stratégiquement sur le marché français. Leurs interventions ont progressé de 50 % ces cinq dernières années, traduisant une ambition croissante en faveur des start-ups françaises. Ils ont alterné entre des stratégies très offensives (2021-2022) et une phase de prudence en 2023.
Cependant, la remontée des tickets moyens en 2024 laisse entrevoir une nouvelle phase d’expansion sélective, potentiellement guidée par des levées ciblées dans l’IA et l’espace.