BEAUCAIRE Prison avec sursis pour les deux femmes accusées de proxénétisme
Il n’y a pas que le loto qui peut rapporter gros. A en croire la présidente du tribunal de grande instance de Nîmes, Jennifer Jouhier, le proxénétisme à Beaucaire peut occasionner de belles rentrées d’argent : jusqu’à « 5 000€ par semaine », annonce-t-elle. Les deux prévenues, Valérie et Lidia, 50 et 30 ans, sourient, donnant l’impression qu’elles n’ont jamais vu de telles sommes passer entre leurs mains.
Il leur est reproché d’avoir fait « travailler » deux autres femmes, Eila et Cindy, pendant plusieurs mois à Beaucaire. D’après l’enquête, ce petit réseau féminin était géré par Lidia, une trentenaire très bien organisée. Elle passait des petites annonces sur le site Internet Vivastreet, s’occupait du service après-vente en répondant aux clients intéressés, en organisant les rendez-vous, et, parfois, en récupérant un peu d’argent des prestations réalisées par ses collègues pour ses bons services rendus. Quand les prostituées n’étaient pas disponibles, Lidia, qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte, s’occupait elle-même des clients.
Au moment de son interpellation, Lidia avait à son domicile quatre téléphones portables, trois cartes bancaires et un fusil à pompe. Sa protégée Eila, elle, avait 1 100€ en liquide. Dans le box, Lidia proteste en entendant les sommes d’argent évoquées :
- Je n’ai jamais touché 5 000€ par semaine ! Oui, j’ai récupéré de l’argent mais c’était 20€ par-ci, par-là. C’est vrai qu’à une époque, je gagnais 4 000 à 5 000€ par mois mais maintenant, pour faire 2 000€, c’est difficile. Et puis, c’est elles qui m’ont demandé, je n’ai jamais forcé personne. Pour moi à la base, c’étaient des amies que j’ai essayé d’aider.
- Des amies qui vous donnaient régulièrement de l’argent…, conclut la présidente.
Vient ensuite le tour de Valérie, la deuxième accusée. Le rôle de la quinquagénaire était d’héberger ses amies pour qu’elles réalisent leurs prestations. Elle assure qu’elle ne savait pas que c’était répréhensible. Pour elle, il n’était question que de dépanner des amies.
- Je n’ai pas vu la gravité des faits, explique-t-elle. Je me suis jeté dans le sexe, perdu dans le sexe, les clients n’étaient que des numéros.
Le procureur Patrick Bottero doute de la sincérité des deux femmes :
- Je veux bien qu’on parle d’entraide aujourd’hui mais il y avait une vraie organisation derrière tout ça. On est d’accord, ce n’est pas un réseau international mais c’est une entreprise locale qui fonctionnait très bien.
Il demandera un an de prison avec sursis et 1 000€ d’amende contre Valérie et deux ans de prison dont un an avec sursis ainsi que 5 000€ d’amende contre Lidia. Le tribunal sera plus clément : 8 mois avec sursis et 1 000€ d’amende contre Valérie et 18 mois dont 12 avec sursis et 3 000€ d’amende contre Lidia qui est ressortie libre.