JUSTICE Un ancien raseteur se fait dérober 140 000 € par son meilleur ami
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La victime, voix tremblante et larmes aux yeux, explique au tribunal : “Cet homme s’est fait passer pour mon ami, mais il m'a trahi. Il manipule tout le monde”.
Un vol par effraction a été commis chez un ancien raseteur à Aigues-Mortes, le 16 janvier 2025 entre 8h30 et 9h15. La fenêtre de sa cuisine a été brisée, et dans le garage, son coffre-fort et sa veste de chasseur ont été dérobés. Très vite, la suspicion s’est dirigée vers Nicolas, son meilleur ami d’enfance. En effet, quelques jours auparavant, le raseteur lui avait confié ce que contenait le coffre : près de 140 000 € d’argent liquide y étaient cachés. De plus, le jour des faits, Nicolas avait insisté pour appeler son ami en FaceTime et lui avait demandé plusieurs fois où il se trouvait. La victime a porté plainte.
En raison de l'importance du préjudice, l'enquête a été confiée aux militaires de la brigade de recherches de Vauvert, qui ont collaboré avec la brigade du Grau-du-Roi. Les enquêteurs orientent aussi leurs soupçons vers l'ami de la victime, seul à connaître l'emplacement de la somme d'argent. Une perquisition a été faite à son domicile et 50 500 € ont été retrouvés en espèces. Le voleur n’était pas seul à commettre l'infraction. Un homme de 48 ans a aussi participé à ce cambriolage, et les forces de l’ordre ont trouvé 35 000 € en billets de banque au domicile de sa compagne âgée de 64 ans.
Un jugement sous tension
Ce vendredi 21 février, les trois prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Le duo de voleurs est jugé pour vol par ruse et la sexagénaire pour recel de bien provenant d’un vol par ruse. “Nicolas m’avait dit que son ami voulait faire un coup à l’assurance. Donc, nous devions faire semblant de le cambrioler. Mais, je me suis rendu compte qu’il y avait un problème quand on a ouvert le coffre, et qu’il y avait beaucoup d’argent. Je m’excuse sincèrement auprès de la victime et je regrette d’avoir fait confiance à cet énergumène”, soutient, dans le box, le prévenu de 48 ans.
Malgré cet étonnement à l'audience, il ne s’est pas empêché de se la couler douce. Il s’est acheté deux T-Max neufs et en a profité pour offrir des cadeaux de valeurs à sa famille. Puis, il a laissé de nombreuses liasses de billets chez sa conjointe retraitée.
Nicolas, lui, s’est très peu exprimé devant le tribunal. La victime, voix tremblante et larmes aux yeux, explique : “Cet homme s’est fait passer pour mon ami, mais il m'a trahi. Il manipule tout le monde”. La défense le questionne : “Mais d'où vient cet argent monsieur ?” Réponse : “J’ai été raseteur pendant 15 ans, et j’avais peur d’un contrôle fiscal, donc j’ai tout mis dans ce coffre”.
Frédéric Kocher, le représentant du ministère public, annonce : “Je suis très embarrassé de la malhonnêteté de ces trois prévenus. Ils étaient tous parfaitement au courant qu’il s’agissait d’un cambriolage. Nicolas s’est mis en scène pour tromper au mieux son ami. Puis, si le co-auteur avait des suspicions sur l'honnêteté de Nicolas, pourquoi n’a-t-il pas cherché à contacter la victime ? Il a préféré se partager le butin. Et l’attitude de madame est très déplaisante. Elle préfère se taire et profiter. Pour les deux voleurs, je demande une peine de 30 mois de prison dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire pendant 24 mois, un mandat de dépôt à l’audience, et la restitution du numéraire à la victime. Pour madame, je requiers 16 mois de prison dont huit assortis d’un sursis probatoire.”
Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné le duo de voleurs à 18 mois de prison dont 12 mois avec sursis, avec un mandat de dépôt à l’audience. Ils sont incarcérés à la maison d'arrêt de Villeneuve-les-Maguelone. La femme de 64 ans a écopé de 12 mois de prison avec sursis. Le tribunal a ordonné la restitution du numéraire à son propriétaire.