Publié il y a 1 an - Mise à jour le 04.11.2023 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 6385 fois

ALÈS Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise : "Carole Delga est dans une réelle et franche hostilité"

Manuel Bompard

Manuel Bompard, député LFI et coordinateur national du parti.

- Photo MaxPPP

Le patron de la France Insoumise était à Alès ce vendredi 3 novembre pour une réunion organisée par les Jeunes Insoumis sur la thématique de la précarité chez les jeunes et de "l'imposture" du Rassemblement national. 

Avant la réunion publique, Manuel Bompard a accordé une interview à Objectif Gard. L'occasion d'évoquer les propositions du parti de Jean-Luc Mélechon, de revenir sur la communication de La France insoumise relative à la la guerre au Proche-Orient et d'évoquer les relations avec la présidente socialiste de la Région Occitanie, Carole Delga.

Objectif Gard : Vous êtes en déplacement dans le Gard, à Alès précisément à l’invitation des Jeunes Insoumis sous deux thèmes : la lutte contre la précarité notamment chez les jeunes et la dénonciation de l'arnaque sociale qu'est le Rassemblement National. Qu’est-ce que vous pouvez en dire ?

Manuel Bompard : C’est en effet à l’initiative des jeunes Insoumis. Le thème des difficultés sociales auxquelles se confrontent la jeunesse est essentiel dans le débat. L’idée de notre réunion publique est aussi de populariser les propositions de la France Insoumise. Nous sommes par exemple favorables à l’allocation d’autonomie pour tous les jeunes afin de faire en sorte qu’ils puissent disposer d’une allocation pour subvenir à leurs besoins et se consacrer pleinement à leurs études. On le sait, travailler en parallèle, c’est cela qui crée des inégalités. La deuxième proposition défendue par nos soins à l’Assemblée nationale, c’est le problème de la précarité alimentaire. Nous souhaitons généraliser le repas à un euro. Cette proposition a été examinée au début de l’année, il n’a manqué qu’une seule voix.

Est-ce qu’elle pourrait revenir dans le débat à l’occasion de votre niche parlementaire fin novembre ?

On s’est posé la question. Mais nous n’avons pas choisi de remettre cette proposition pour le moment. L’idée est plutôt de se battre pour l’accès aux logements des jeunes. C’est une réelle problématique souvent mise de côté. Notre proposition de loi vise donc à permettre de faciliter l’accès à une logement et faciliter la production de logements sociaux pour les jeunes.

Le RN est puissant aujourd’hui dans le Gard avec quatre députés. Comment l’expliquez-vous ?

Il est certain qu’il y a aujourd’hui une grande colère dans le pays. Elle est liée à la politique proposée depuis plus de 10 ans. La Droite a gouverné, le PS version Hollande aussi. Et le sentiment d’une partie des Français, c’est que de toute façon la droite et la gauche, c’est la même chose. Il faut donc essayer autre chose. On combat cela. Nous, on propose un programme qui n’a jamais été appliqué dans ce pays. On a combattu le programme du président François Hollande. Et nous avons une véritable alternative à proposer. À la différence du Rassemblement national. C’est pourquoi, l’un de nos objectifs est de faire la lumière sur la vérité de l’extrême-droite. Démasquer l’imposture sociale du RN. Ils se font passer pour ceux qui sont du côté de gens qui souffrent alors que c’est tout le contraire. Chaque fois qu’il y a un vote pour être aux côtés des plus faibles, ils ne sont pas là. Nous avons proposé le blocage des prix des produits de première nécessité, le blocage des loyers, l’augmentation du SMIC, à chaque fois, ils ont voté contre.

Pourtant, aujourd’hui, ils tentent de se normaliser et les Français, selon les derniers sondages, semblent y croire. Alors que vous, LFI, vous êtes pointés du doigt. Même diabolisés désormais…

Je crois qu’il y a une grande responsabilité des Macronistes en particulier sur cette réalité. Ils ont contribué depuis plusieurs mois à favoriser cette dédiabolisation. En ne s’appuyant sur aucun élément concret. Alors que la réalité de notre programme : c’est plus d’égalité sociale, plus de richesse pour tous, plus de démocratie, plus de culture au sens large, plus de service public, plus de solution pour lutter contre le dérèglement climatique. Et dans le même temps, le RN n’est pas attaqué alors que d’un point de vue social, c’est clairement une imposture. Avec un principe fondateur chez eux : l’inégalité entre les citoyens en fonction de leur origine, leur couleur de peau.

Reconnaissez-vous que votre position ambiguë sur la guerre au Moyen-Orient donne du crédit à ceux qui vous attaquent ?

Je crois que l’on a été très clair au contraire. Ceux qui voulaient comprendre sincèrement notre position l’ont comprise. Nous avons tout de suite condamné l’horreur du Hamas le 7 octobre. Mais nous avons aussi appelé à une attention et vigilance vis-à-vis de la réponse d’Israël qui, de notre point de vue, ne peut pas être soutenue de façon inconditionnelle. Le président de la République, la présidente de l’Assemblée nationale ont laissé penser que l’on pouvait légitimer les bombardements sur Gaza. Ce qui obligerait la France à reconnaitre une forme de complicité de milliers de morts. Davantage que de la polémique politicienne, nous appelons à un cessez le feu immédiat au nom de la France. Notre position est raisonnable. C’est d’ailleurs la position traditionnelle de la France.

Revenons en France. Et à la situation de la Gauche. Ici en Occitanie, la présidente de la Région ne veut pas entendre parler de vous. Encore moins pour les prochaines alliances électorales. Comment faire face à la force d’attraction de Carole Delga en Occitanie ?

C’est à elle qu'il faut poser la question. Il est clair que ses prises de position sont constantes vis-à-vis de nous avec une réelle et franche hostilité y compris lors des débuts de l’alliance Nupes. Madame Delga a soutenu d’ailleurs des candidatures alternatives aux candidats d’union. Nous avons, il est vrai, des désaccords profonds. Carole Delga fait partie des gens au PS qui ne veulent pas tourner la page et faire la critique du bilan de François Hollande. Nous, on dit qu’il faut tourner cette page pour construire autre chose à Gauche. Le projet de la présidente de la Région Occitanie s’inscrit au contraire dans la continuité d’Hollande. Pour nous, clairement, c’est une opposition totale. Une politique qui a fait beaucoup de mal. Nous verrons ce que les lecteurs décideront…

Propos recueillis par Abdel Samari

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