Publié il y a 5 h - Mise à jour le 03.03.2025 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 89 fois

ARLES L'Intensive Interaction, "ça a été radical pour Simon"

Simon Cauvin, 16 ans, est atteint d'un handicap à expressions multiples.

- S.Ma

Anna Cauvin pratique l'Intensive Interaction depuis plusieurs années avec son fils Simon, aujourd'hui âgé de 16 ans, polyhandicapé. Grâce à cette approche développée en Angleterre dans les années 80 toutefois encore méconnue en France, l'Arlésienne d'adoption a pu établir un contact avec son enfant et ainsi l'aider dans son évolution.

Simon est né en 2008. Ce n'est qu'à ses 2 ans alors que l'enfant montre quelques signes d'un retard de développement, qu'une généticienne annonce froidement aux parents : "Votre fils est handicapé." Un handicap sans diagnostic qui entraîne des difficultés d’apprentissage sévères ainsi qu’une déficience visuelle et des difficultés motrices. Le point de départ d'un long parcours, les deux premières années marquées par la solitude. "Je me sentais isolée de tout. Il y avait un espoir pour la marche, mais pour la parole, les avis des professionnels étaient plus pessimistes. Simon produisait quelques sons, mais pas de mots", se souvient Anna Cauvin, 44 ans, sa maman. Difficile alors pour le petit garçon de gérer sa frustration, "il tapait, il mordait, il ne dormait pas", rapporte l'Arlésienne d'adoption. Car quelques années auparavant, Anna avait traversé la Manche pour venir s'installer à Saint-Martin-de-Crau. "C'est impossible de produire du foin de Crau (l'activité de son mari, NDLR) en Angleterre", s'amuse la quadragénaire.

"Passer du temps avec la personne, s'adapter à son rythme, comprendre son comportement"

Mais c'est vers son pays natal que la professeure de langues, s'est tournée pour parvenir à établir un contact avec son garçon après avoir découvert par le biais d'une amie, l'Intensive Interaction. Une approche développée dans les années 80 par Dave Hewett. "ll ne s'agit pas d'enseigner de manière mécanique et sans relation sociale, mais de passer du temps avec la personne, de s'adapter à son rythme, de comprendre son comportement, de la rejoindre dans ce qu'elle fait, dans sa bulle", explique Anna. En suivant chaque ligne du manuel intitulé « The Handbook of Intensive Interaction », la maman a appliqué à la lettre les consignes.

Anna Cauvin est la seule coordinatrice et formatrice de l'Intensive Interaction en France. • S.Ma

"Ça a été radical pour Simon", témoigne-t-elle se remémorant leur premier échange. "Il était appuyé contre la fenêtre, dans sa bulle. Il tapait contre la vitre. J'ai reproduit son geste. Il a eu un temps d'arrêt. Puis il m'a regardé dans les yeux, ce qu'il ne faisait jamais." L'enfant avait 7 ans. Chaque jour, Anna entrait dans l'univers de son fils pendant dix minutes "et au bout de quelques semaines, j'étais convaincue que j'avais la clé". "Être coupé de son enfant, c'est très dur. J'étais en grande souffrance, j'ai appris que cette méthode nous aidait autant l'un que l'autre. Je l'ai senti moins stressé, il mangeait, dormait mieux. Aujourd'hui Simon a fait beaucoup de progrès pour exprimer ses envies et besoins par des gestes ou des outils de la méthode, il arrive aussi à dire quelques mots", poursuit-elle.

"En France, les troubles du neuro-développement concernent 1% de la population, et environ 2 000 personnes à l'échelle du Pays d'Arles pour seulement entre 300 et 400 places disponibles dans les centres d'accueil pour adultes."

Anna Cauvin

La personnalité de Simon s'est révélée petit à petit. L'enfant accueilli à l'Institut médico-éducatif de Fontvieille depuis l'âge de 5 ans, est devenu un adolescent de 16 ans, un grand frère doté d'un sacré sens de l'humour. Anna Cauvin s'est depuis formée et a obtenu - elle est la seule en France - le certificat de coordinatrice et formatrice de l'Intensive Interaction. La quadragénaire a dans l'idée de créer à Saint-Martin-de-Crau, un lieu d'accueil pour les personnes atteintes de troubles du neuro-développement mais aussi de formation et de pratique dédié à l'Intensive Interaction. "En France, les troubles du neuro-développement concernent 1 % de la population, et environ 2 000 personnes à l'échelle du Pays d'Arles pour seulement entre 300 et 400 places disponibles dans les centres d'accueil pour adultes", explique Anna.

Cette dernière a également participé à la création de l'association Diverti-Sens, Christine Lecomte, animatrice du réseau Parcours Handicap 13, en est la présidente, Virginie Raer, psychologue spécialisée dans les troubles de l'apprentissage, sa vice-présidente. Diverti-Sens regroupe une quinzaine de familles lesquelles participent à diverses activités, notamment celles proposées par l'association Sport Santé du Pays d'Arles.

Stéphanie Marin

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