Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 02.01.2024 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 3023 fois

CCBTA Juan Martinez au sujet du projet de ligne à très haute tension : "Tout le monde est contre, mais on veut tous toujours plus d'électricité"

Juan Martinez, président de la CCBTA.

- Yannick Pons

Juan Martinez, président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Agence, fait le point sur les projets structurants de l'année 2024, s'exprime sur celui de la création de ligne à très haute tension entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer, et répond à l'interpellation de Claire Starozinski, présidente d'Alliance anticorrida. 

Objectif Gard : RTE, gestionnaire du réseau de transport d'électricité, mène un projet de création d'une ligne électrique aérienne à deux circuits de 400 000 volts, sur une distance de 65 kilomètres entre les postes électriques de Jonquières-Saint-Vincent et de Feuillane, sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. Le maire de Beaucaire, Julien Sanchez, a déjà fait savoir qu'il est contre ce projet. Et vous comment vous positionnez-vous ?

Juan Martinez : Je ne suis ni pour ni contre. Je pense qu’il faut respecter les territoires qui sont traversés, les hommes et les femmes de ce territoire. Si c’est vraiment indispensable en termes de fourniture électrique, à la fois pour nous et pour la phase de réindustrialisation de notre pays, il me semble important d’échanger un pylône contre un autre - avec l’enfouissement des lignes de 63 000 volts, il y en a un paquet sur le territoire - et qu’on essaie d’améliorer la distance des lignes par rapport aux habitations existantes, même dans le milieu agricole. Ce serait moins impactant pour nos paysages, nos milieux naturels et surtout pour la santé de nos concitoyens. Lors de la réunion à Arles au mois de novembre, tout le monde était contre, mais on veut tous toujours plus d'électricité pour pouvoir charger notre téléphone portable, nos voitures, se chauffer etc. On consomme de plus en plus d’électricité et on va continuer à consommer de plus en plus.

Avez-vous d’ores et déjà des informations concernant une compensation financière de la part de RTE ?

Une commission sera mise en place sur ce sujet-là. On nous a parlé d’une compensation de 10 % du montant total du projet, destinée aux projets du territoire.

Quels seront les grands projets structurants sur le territoire de Beaucaire Terre d’Argence pour l’année 2024 ?

Nous continuons avec le contrat d’aménagement local pour chaque commune, ça avance. On travaille par exemple sur le presbytère de Vallabrègues, la rénovation énergétique de certains bâtiments de la commune de Fourques, un aménagement de voirie en centre-ville de Jonquières mais aussi bien sûr, sur la construction du centre des congrès à Beaucaire. Nous espérons pouvoir démarrer les travaux dans le courant de l’année 2024. À Bellegarde, il s’agira d’aménager une piste cyclable et un parc urbain en entrée de ville, du côté de la route de Beaucaire. Les travaux sur les vestiaires du stade des Clairettes ont pu reprendre (ils avaient été stoppés après le placement en liquidation judiciaire de l'entreprise en charge du gros oeuvre, NDLR) et devraient être terminés d’ici la fin du premier trimestre. Et puis, nous poursuivons le projet de réhabilitation de l'îlot Aillaud à Beaucaire, avec la phase de sécurisation du site pour un montant de près de 500 000 €.

Ce projet avait fait l’objet d’une concertation citoyenne en 2022 et devait déterminer le futur de îlot Aillaud, en savez-vous plus aujourd’hui ?

Pour l’instant, nous n’avons pas acté définitivement son utilisation. Il y en aura certainement plusieurs d’ailleurs. Des bâtiments devraient être dédiés à l’office de tourisme, mais il pourrait aussi y avoir un lieu d’exposition, un accueil et hébergement temporaire lié au cyclotourisme - d'ailleurs les travaux pour le tronçon de la ViaRhôna reliant Bellegarde à Saint-Gilles démarreront cette année et devraient être clôturés pour le printemps 2025 - ainsi qu’un point de restauration. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire avant d’en arriver à cette phase de restructuration de l’ensemble des bâtiments pour laquelle il nous faudra aller chercher des financements. Et puis, il y a aussi le traitement de l'accès au château de Beaucaire, pour le rendre plus facile, les escaliers actuels constituent un véritable frein pour certaines personnes.

Après 2023, marquée par une inflation qui a plombé le pouvoir d'achat des particuliers et fortement impacté les budgets des collectivités, comment envisagez-vous 2024 ?

Je pense que 2024 va être une année très difficile économiquement parlant. Je pense notamment que le logement est un sujet très important, que nos élus nationaux n'ont pas assez appréhendé. Il faut redonner des possibilités de construire sur les territoires (une ressource fiscale essentielle pour les collectivités, NDLR) , notamment du logement accessible à tous, pour tous, social, appelez-le comme vous le voulez. Mais aujourd'hui, c'est de plus en plus difficile pour les jeunes couples de s'installer, des gens ne peuvent pas devenir propriétaires parce qu'ils n'ont pas accès au crédit, parce que les nouvelles réglementations font un peu plus le jeu de l'inflation sur le coût d'achat d'une habitation, en plus on nous parle de zéro artificialisation nette. Il faut donner de l'espoir aux gens, il y a trop de messages contradictoires. Alors je pense que l'année 2024 va être compliquée...

Cela pourrait-il avoir un impact sur les projets du territoire ?

Non parce que nous avions planifié nos investissements sur les deux mandats pour qu'en 2026, l'ensemble des projets prévus puissent être réalisés. Puis nous préparerons "notre prochain mandat", pour ceux qui seront encore là et en fonction des finances que nous aurons. Nous n'avons d'ailleurs pas parlé du projet du port de Fourques, pour lequel je vais engager des discussions avec l'État, le Département et la Région pour le financement. 

Un projet qui tarde...

Il ne faut pas dire ça. C'est un projet à 10 M€, un projet sensible sur une zone impactante, zone aussi où des travaux du Symadrem ont pris du retard, il a fallu faire une révision du plan local d'urbanisme de Fourques, une étude environnementale etc. Tout prend du temps, mais c'est un beau projet d'équipement, un port de 300 anneaux dès le départ du Petit Rhône, qui permettra de moins impacter le littoral et redonnera un souffle à notre territoire mais aussi au département et à la région, voire même aux deux régions, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur. J'espère que les travaux démarreront avant 2026.

Claire Starozinski vous a interpellé, ainsi que les maires de Fourques et de Beaucaire, suite la publication dans les pages de Midi Libre d'une communication mettant à l'honneur le territoire, ses traditions dont la course camarguaise et où le taureau est roi. La présidente d'Alliance anticorrida vous demande "d'être cohérent avec votre communication", et de faire stopper les spectacles de tauromachie avec mise à mort. 

Je pense qu'il faut formuler le voeu pour 2024 d'un peu plus de tolérance, que les personnes qui n'aiment pas quelque chose ne l'imposent pas aux autres. La communauté de communes favorise les courses camarguaises, mais les communes telles que Beaucaire, Fourques ou encore Bellegarde, ont tout à fait le droit d'accueillir des novilladas, organisées par des clubs taurins. Pour moi il n'y a aucun problème. 

Stéphanie Marin

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