GARD Pic de chaleur : les températures vont diminuer, mais les vignes déjà impactées
Depuis quelques jours, le thermomètre s'emballe. Ce mercredi était annoncé comme le pic de chaleur. Dans le Gard, à Nîmes-Courbessac, le mercure est monté au plus haut jusqu'à 37,2°C le lundi 14 juin. Un chiffre proche du record du 12 juin 2014 où il avait fait 37,6°C.
Ces températures sont bien au-dessus des moyennes de saison qui sont plutôt autour de 27,5°C, dans le Gard. Depuis 1922, année depuis laquelle Météo France prend des mesures à la station Nîmes-Courbessac, la température a dépassé quinze fois les 35°C avant le 15 juin (dont 12 fois sur la période 2003-2021, et 3 fois cette année les 13, 14 et 15 juin).
Que l'on se rassure, le thermomètre devrait redescendre dans les prochains jours. Entre 30 et 33°C sont prévus dans le nord du Gard demain, avec quelques averses localement. Vendredi, on sera autour de 29°C à Nîmes, avec un temps perturbé. Il y aura à nouveau une petite hausse samedi avec 33°C dans la cité des Antonin.
"Les raisins ne vont pas se bousculer aux vendanges"
Cette chaleur extrême a plongé le Département en alerte canicule en début de semaine. Elle s'explique par une masse d'air très chaude installée sur le pays. Le plus gros semble passé, mais du côté des viticulteurs, ces quelques jours très chauds ont fait des dégâts. C'est ce qu'explique Jérémie Castor, qui dirige le domaine du Château Saint-Nabor à Cornillon : "On est en pleine floraison des grappes en ce moment. Et le grenache, cépage principal de la vallée du Rhône, est très sensible à la coulure. C'est-à-dire que la fleur va avorter. Là, le chaud qui est arrivé très vite d'un coup a créé du stress chez la plante. On a des coulures en très forte proportion aujourd'hui. Il y a des parcelles où il ne reste plus que la tige, toutes les fleurs dessus sont mortes et donc aucun raisin ne poussera dessus."
Son frère, avec qui il dirige le domaine familial, a fait le tour des terres ce matin et il n'était pas très rassurant. "C'est presque plus inquiétant que le gel qu'on a subi au printemps, alors que déjà, on avait très impacté. C'est fatiguant d'enchaîner ces épisodes météorologiques qui entament nos productions. Clairement, les raisins ne vont pas se bousculer aux vendanges", déplore Jérémie Castor. Depuis qu'il a repris le domaine avec son frère en 2008, le producteur ressent de plus en plus un dérèglement climatique, illustré ici par un coup de chaud sans montée en température graduelle : "Il n'y a plus de demi-saison, et ce sont nos cépages qui en pâtissent. C'est inquiétant, ça oblige à réfléchir sur comment gérer nos entreprises aujourd'hui..."
"La canicule fera plus de dégâts quand on sera au-dessus de 40°C"
Pour Hervé Saïn, agriculteur à la tête du Clos Méjean à Sauveterre, l'impact est moindre : "La chaleur a quand même écourté plus tôt que prévu la culture de la fraise qui ne tient plus les hautes températures. On voit aussi une chute de production des courgettes sous abri, sûrement liée au chaud aussi." Lui avait davantage pâti du gel au printemps qui a tué sa récolte de pêches et d'abricot. Aucun n'a poussé cette année. "La canicule fera plus de dégâts quand on sera au-dessus de 40°C, comme ça avait été le cas l'année dernière et comme ce le sera sûrement cette année encore", estime Hervé Saïn.
Alors faut-il s'habituer à ces épisodes de chaleur anormaux et extrêmes à l'avenir ? Si on regarde les données, il faut croire que oui... "Alors que la France connaissait en moyenne 1,7 jour de vagues de chaleur par an avant 1989, elle en a subi 7,95 jours par an depuis 2000 et à 9,4 sur la dernière décennie", est-il indiqué sur le site de Météo France. Les moments de forte chaleur s'annoncent plus fréquents et plus longs. Et quelle que soit l'évolution des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique se poursuivra pendant plusieurs années.
Marie Meunier