EXPRESSO Masculinistes, tradwife, regain du patriarcat… L’alerte de l’élue Isabelle Fardoux-Jouve
L’élue chargée de l’égalité femme-homme au Département, Isabelle Fardoux Jouve, alerte l’opinion sur les nouveaux mouvements de soumission de la femme à l’homme.
Quel dommage ! La semaine dernière, la publication du rapport sur l’égalité femme-homme a été noyée au milieu du débat d’orientation budgétaire 2025 et l’examen d’un autre rapport sur le développement durable, lors de la séance publique du Conseil départemental. Quel dommage, en effet, puisque l’élue chargée de la lutte contre les discriminations, Isabelle Fardoux-Jouve, a profité de l’exercice pour alerter « sur les mouvements masculinistes : une chose qui semble anecdotique pour l’instant. »
« Soumission à l’homme »
En provenance des États-Unis, ces mouvements rassemblent ceux dont l’identité masculine serait « menacée » par l’émancipation des femmes. « Autrefois cantonnées à des forums obscurs, ces théories souvent liées à l’extrême-Droite s’affichent désormais sur les réseaux sociaux. J’ai la conviction qu’elle est une vraie menace pour le droit des femmes », relève Isabelle Fardoux-Jouve qui, en 2016, avait été l’une des premières à se saisir de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Hasard du calendrier, l’année 2024 marque le 50ᵉ anniversaire du discours de Simone Veil pour la légalisation de l’avortement. Malgré les avancées des droits des femmes, et bien que celles-ci représentent plus de la moitié de l’humanité, les menaces de recul sont bien réelles. De plus, l’ennemi vient aussi de l’intérieur avec le mouvement des « tradwife » : « Ces femmes qui, par, je ne sais quel phénomène d’aliénation, revendiquent la soumission à l’homme ».
Très actives sur les réseaux sociaux, ces dernières « ont épousé la pensée évangéliste et politique de l’ultra-droite américaine ». Elles sont suivies par des milliers d’abonnés. Selon elles, la femme devrait être « douce, féminine et pas féministe ». À ce propos, « j’entends de plus en plus souvent des femmes engagées dans la défense du droit des femmes dire qu’elles ne sont pas féministes… C’est un premier recul », continue d’alerter Isabelle Fardoux-Jouve.
Du réseau social au tribunal
Alors, ces mouvements sont-ils cantonnés aux réseaux sociaux ? « Non, le pas du virtuel à la réalité est franchi ». Comment ? « Aux États-Unis, le doit à l’avortement a reculé », rappelle l’élue qui ironise : « Le combo décolleté, tablier de cuisine et brushing impeccable vient s’avérer une arme de guerre redoutable. » Et d’indiquer : « Une étude révélée en janvier indique qu’un jeune français sur trois estime qu’il est normal pour une femme de s’arrêter de travailler pour élever des enfants ».
Le youtubeur La Menace, qui affirmait sur les réseaux sociaux que le but des élites était de détruire l’homme, a été condamné en 2023 à un an de prison pour violence et menace de mort sur son ex-compagne. L’Américain Andrew Tate et son frère ont été mis en examen, pour une affaire de proxénétisme et de viol. Enfin, le youtubeur français, Mickaël Philetas, purge une peine de prison à perpétuité pour avoir tué son ex-compagne Mélanie de 80 coups de couteaux.
Comme toute pensée politique, celle-ci trouve ses prolongements dans la société. Quel dommage, alors, que ce phénomène de société n’ait pas pu être mis au débat dans l’assemblée départementale, vendredi dernier.