EXPRESSO Retailleau ou Wauquiez ? Deux Républicains gardois font le match
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Les 17 et 18 mai, les militants LR seront appelés à choisir le patron de leur mouvement. Dans le Gard, le président du parti, Richard Tibérino, soutient le député de Haute-Loire, Laurent Wauquiez. Le sénateur Laurent Burgoa, lui, est derrière le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Qui aurait cru, il y a encore quelques mois, que Les Républicains se retrouveraient dans pareille situation ? Mis à mal par l’avènement d’Emmanuel Macron, la dissolution a permis aux Républicains de se refaire une santé. « La Droite républicaine », comme elle se fait appeler, est de retour au gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, vient même contrarier les ambitions de Laurent Wauquiez, qui se voyait déjà président du parti.
Tous les ingrédients sont réunis pour alimenter le suspense du scrutin des 17 et 18 mai, pour lequel 700 militants gardois, selon la fédération, sont appelés à voter. À Nîmes, le président de la fédération, Richard Tibérino, 32 ans d’adhésion au compteur, l’avoue : « Je ne sais pas qui sortira vainqueur… » L’équipe dirigeante de la fédération, Franck Proust, proche de ce dernier, ne peut pas se prononcer en raison de sa qualité de secrétaire départemental, mais elle est plutôt acquise à la cause de Laurent Wauquiez.
Ministre : avantage ou inconvénient ?
En 2022, à Nîmes, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait été accueilli en star à la fédération LR. « Ça fait des mois que nous travaillons pour qu’il prenne le parti, refonde la Droite avec un nouveau nom et une nouvelle ligne politique… », explique Richard Tibérino. Et de piquer : « Maintenant que Bruno Retailleau est bien placé dans les sondages, il y va ! » Alors, si Richard Tibérino « aime beaucoup » le ministre de l’Intérieur, il est plus dubitatif sur la capacité du Vendéen à diriger le parti : « En tant que ministre, il n’est pas indépendant. S’il n’est pas d’accord avec Emmanuel Macron, il est obligé de se taire. Pour notre parti, ce n’est pas sain. »
« Bruno Retailleau a toujours dit ce qu’il pensait ! », rétorque le sénateur Laurent Burgoa, qui ne l’entend pas de cette oreille : « Lorsqu’il était président du Sénat, il arrivait à rassembler les sensibilités de nos 133 élus. Ça n’a pas toujours été facile. Nous avons besoin d’un homme comme lui à la tête du parti. » Pour Laurent Burgoa, au contraire, sa position de ministre démontre « son courage » : « Être ministre dans un tel contexte, ça force le respect. D’autres (traduisez : Laurent Wauquiez, NDLR) ne l’ont pas fait ! Il y a une dynamique derrière lui ! » Une dynamique qui, force est de constater, a fait passer Bruno Retailleau des salons feutrés du Sénat aux feux des projeteurs de la place Beauvau.
Richard Tibérino « prie le bon Dieu »
Cette compétition interne pourrait-elle faire replonger la Droite dans le traumatisme de la guerre Copé/Fillon ? « J’espère que non, je prie le bon Dieu pour que ce ne soit pas ça… » Laurent Burgoa, lui, se veut plus rassurant : « Ce sera une campagne démocratique. Le débat, c’est sain. » L’élection interne est donc prévue en mai, uniquement par Internet. Les militants pourront venir voter à la permanence, qui restera ouverte le dimanche du scrutin.