BAGNOLS/CÈZE Motivation et confiance : deux clés pour arrêter de fumer
Novembre démarre, la campagne du "Mois sans tabac" aussi. Deux infirmières en tabacologie du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze ont tenu un stand ce jeudi, pour informer, aiguiller et accompagner les fumeurs qui veulent arrêter.
"J'ai arrêté de mes 40 à 52 ans. J'ai repris la cigarette depuis plus de 10 ans. Je connais les bénéfices de l'arrêt du tabac, je veux le faire pour ma santé", livre une Bagnolaise venue sur le stand au centre hospitalier. Elle ajoute : "En plus, mes petits-enfants détestent ça la cigarette. Ils sont très sensibilisés sur le sujet."
Comme elle, ce jeudi matin, une dizaine de personnes ont été reçues sur le stand. Certains sont venues exprès, d'autres sont passées devant le stand, installé dans le hall d'entrée de l'hôpital par hasard. "Cette action d'information permet de rencontrer les gens dans un autre contexte que la consultation. Certains ne seraient pas venus spontanément mais en discutant, on arrive à les accrocher", indique Myriam Avit, une des deux infirmières en tabacologie, qui tient le stand. Ce dernier est installé chaque année en novembre pour le lancement du mois sans tabac, mais aussi le 31 mai pour la journée mondiale sans tabac.
Dépendance, gêne respiratoire... Des appareils pour les mesurer
Les deux infirmières en tabacologie discutent avec les personnes de leur consommation de tabac. Elles disposent également d'un test de monoxyde de carbone, qui va évaluer la dépendance au tabac : "Le monoxyde de carbone est le gaz issu de la combustion de la cigarette. Plus le fumeur est dépendant, plus il va tirer sur la cigarette, plus le taux sera élevé", explique Myriam Avit.
Il est aussi possible d'évaluer son souffle grâce au spiromètre. L'appareil va permettre de dépister la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), une maladie qui provoque l'obstruction des bronches sous l'action du tabac. "Il y a un pourcentage de personnes qui en ont, parfois à un stade avancé, et ne le savent pas. On s'adapte très bien à une gêne respiratoire et on ne se rend pas forcément compte. Cela vient de manière insidieuse", poursuit l'infirmière.
Que ce soit avec le test de monoxyde de carbone ou le spiromètre, les personnes repartent avec des chiffres. Des chiffres qui peuvent agir comme un déclic. Des chiffres qui peuvent aussi être motivants s'ils baissent tout au long du suivi. Mais prendre la décision d'arrêter de fumer est loin d'être simple. Beaucoup de fumeurs ressentent une ambivalence. Ils savent pertinemment que c'est mauvais pour leur santé, mais ont dû mal à faire une croix sur le plaisir qu'apporte la cigarette et surtout à lutter contre la dépendance.
Déculpabiliser et reprendre confiance
Au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, il y a une file active de 200 patients suivis pour arrêter le tabac. Certains ont été adressés par des médecins, par d'autres services, d'autres sont venus de leur propre chef. Selon Myriam Avit, la motivation et la confiance en soi sont les deux principales clés de réussite vers l'arrêt du tabac : "Les personnes qui n'arrivent pas à arrêter de fumer peuvent culpabiliser vis-à-vis d'elles-mêmes, surtout si elles ont un problème de santé, mais cela peut venir aussi de l'entourage. Quand on les prend en charge, on les déculpabilise, on essaie de leur redonner confiance. Certaines disent qu'elles n'y arriveront jamais, qu'elles sont nulles, mais si elles sont là, c'est déjà positif."
Les patients suivis bénéficient d'entretiens individuels où on questionne leur dépendance, leurs habitudes, s'il y a déjà eu des tentatives d'arrêt, pourquoi elles n'ont pas marché, mais aussi sur leur vie familiale, leur situation professionnelle, les antécédents médicaux... Si besoin, ils peuvent avoir aussi un suivi psychologique : "La cigarette peut être un antidépresseur, c'est parfois l'arbre qui cache la forêt."
"C'est le pic de nicotine qui est responsable de la dépendance"
Généralement, les patients se voient prescrire en plus des substituts nicotiniques (patchs, pastilles ou gommes à mâcher) qui vont traiter les signes de manque de tabac : stress, augmentation de l'appétit, angoisse, irritabilité, troubles du sommeil... Quand on fume, le taux de nicotine varie si l'on vient juste de tirer sur sa cigarette ou si cela fait déjà plusieurs heures.
Là encore, l'infirmière développe : "C'est le pic de nicotine qui est responsable de la dépendance. Cela va multiplier les récepteurs dans le cerveau et les désensibiliser à la nicotine. Il faut donc augmenter les doses pour ressentir les effets, comme n'importe quelle drogue. Le patch évite ces variations, il va saturer les récepteurs et les faire diminuer. C'est un traitement du manque et de la dépendance. On ne peut pas devenir accro au patch."
Il faut savoir qu'en utilisant des substituts nicotiniques, "on augmente trois fois ses chances de réussite dans l'arrêt du tabac. Cela évite les rechutes et endort les récepteurs." Certains patients ont seulement besoin d'une consultation unique pour se lancer, d'autres sont suivis depuis plusieurs années. Le parcours est très variable d'une personne à l'autre : "Il faut se fixer des objectifs que l'on peut atteindre, sinon on va droit vers l'échec. Nous, l'équipe de l'hôpital, on est juste une béquille pour faire tenir droit cet édifice que le patient construit et qui est parfois fragile. On amène le patient à trouver ses solutions", assure Myriam Avit. Comprendre comment fonctionne la dépendance est déjà un premier pas pour mieux la combattre.
Vous êtes fumeur et vous envisagez d'arrêter ? Vous pouvez contacter le secrétariat de pneumologie du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze au 04 66 79 79 14.