FAIT DU SOIR Comment expliquer l’engouement pour le trail ?
Quasiment chaque week-end, dans le Gard, sont organisées une ou plusieurs courses ou trails. Le second gagne de plus en plus de terrain et d’adeptes. Mais comment expliquer cet essor ?
9 100 inscrits. C’est le nombre record de participants à la dernière édition du Nîmes Urban Trail (NUT) en février dernier. C’est 30% d’inscrits en plus, par rapport à l’année précédente, nous avait indiqué l’organisateur Benoît Goiset. Certains formats de courses affichaient complet plusieurs semaines à l’avance. Cette appétence des coureurs est-elle généralisée ou se ressent-elle seulement sur quelques gros rendez-vous tels que le NUT ou la Veni Vici ?
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La tendance se vérifie sur le challenge gardois des trails, organisé depuis presque 20 ans, qui regroupe 10 épreuves. « 2 500 à 3 000 coureurs font au moins un des trails chaque année », avait chiffré le président Gildas Le Masson. « On voit que c’est quelque chose qui attire beaucoup de participants et de plus en plus, dans une ambiance dynamique », reconnaît quant à lui Vincent Bouget, vice-président chargé des sports au Département du Gard. Il observe un développement de la course à pied, avec un attrait spécifique pour l’environnement naturel : « Le Département a accompagné la dynamique avec le label Gard pleine nature. (…) En plus d’aménager des sentiers, on subventionne l’association qui porte le challenge Gardois des trails à hauteur de 7 000€. Pareil pour les Duos nocturnes. On aide aussi les épreuves. Ça fait partie d’un budget consacré au trail qui s’élève à plusieurs dizaine de milliers d’euros. »
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Quelques années en arrière, Alain Gaspard a fait partie de ceux qui ont créé ce Challenge gardois des trails et les Duos nocturnes. Cet habitant de Saint-Siffret est un coureur de longue date, il a participé huit fois au Grand Raid de la Réunion. Lui aussi observe de plus en plus de pratiquants : "Avant, quand je m'entraînais dans la vallée de l'Eure, j'étais seul. Maintenant, on est beaucoup à trottiner à cet endroit. Beaucoup de personnes ont compris le côté sanitaire à faire de la course à pied. Cela permet de rester en bonne santé, de s'évader encore plus quand on va dans la nature plutôt qu'autour d'un stade", estime-t-il. Ces personnes qui s'entraînent, on les retrouve pour une bonne partie sur certaines courses. L'engouement est particulièrement fort lors de rendez-vous emblématiques comme le NUT ou la SaintéLyon, organisées par des structures professionnelles et boostées par une importante communication. "C'est exponentiel, plus il y a de monde, plus ça va en amener. Les gens ont envie d'y aller car ce sont des courses reconnues", analyse Alain Gaspard. Pour les courses associatives, l'épuisement des dossards est plus aléatoire. Les moyens ne sont pas les mêmes.
Un effet de mode alimenté aussi par les réseaux sociaux
Alain Gaspard gère la société de chronométrage Run Evasion Chrono et préside aussi l'association Raid Attitude qui organise le Jurassic Trail, à Saint-Siffret, en novembre. Il est parvenu à trouver la bonne formule pour fidéliser les coureurs depuis 15 ans qu'existe la course. Il ne propose qu'un seul parcours de 18 km mêlant monotraces joueurs et larges chemins pour doubler. Il essaie de personnaliser au maximum la course pour créer une expérience originale avec des souvenirs à la clé : donner une médaille reprenant le logo du T-rex aux finishers, pareil pour les trophées en fer forgé qui ne sont pas de simples coupes impersonnelles. "On se fixe comme limite 500 dossards pour que ça reste agréable. Ça fait trois ans qu'on fait complet", souligne-t-il.
Il a le sentiment que la route est de plus en plus délaissée pour le trail. "Derrière, il y a un côte contemplatif de la nature mais aussi une dimension écoresponsable. Il y a l'idée d'autonomie ou semi-autonomie avec son camelbak, avec des ravitos minimalistes. (...) Les premiers grands raids ne réunissaient que les puristes. Aux personnes qui courent depuis 20 ans, ce sont greffées d'autres qui n'ont pas cette culture. Il y a un effet de mode, les réseaux sociaux ont fait exploser le trail depuis dix ans", ressentent Alain Gaspard et sa femme Marie-Estelle.
Sur Instagram, les comptes dédiés au trail, animés par des coureurs professionnels ou amateurs, sont légion, avec des photos prises dans des paysages incroyables et des vidéos à grandes foulées qui font rêver les followers. Cyril Sabatier, gérant du magasin spécialisé Running conseil à Nîmes depuis 15 ans, le confirme : "Cela se ressent sur les proportions de vente qui évoluent depuis 5-6 ans. Avant on était à 70% route pour 30% trail, maintenant, on est plutôt à 55% route pour 45% trail. Les gens débutent souvent sur route puis petit à petit virent vers les chemins qu'ils trouvent plus sympa".
"Il y a tout un environnement qui fait que les gens sont de plus en plus adeptes"
Il demeure tout de même une certaine dualité dans le trail. D'un côté, la simplicité et la proximité avec la nature, de l'autre une incitation à la performance et la connectivité. C'est ce qu'analyse Caroline Place, vice-présidente de l'association Raid 3D à Saint-Victor-la-Coste, qui a été relancée il y a quelques mois : "Les coureurs ont des montres connectées et utilisent l'application Strava. Ils voient le dénivelé positif effectué, s'ils étaient bien ou pas. Il y a tout un environnement qui fait que les gens sont de plus en plus adeptes. Niveau marketing aussi. Les marques de chaussures, de vêtements font dans la couleur. De la casquette aux chaussettes, il existe une multitude de marques et de coloris. 20 ou 30 ans en arrière, ce n'était pas le cas."
L'équipement reste tout de même assez accessible, surtout pour commencer : "C'est un sport "facile", pas trop cher, que l'on peut faire où on veut, quand on veut. Nous au magasin, on travaille aussi avec quelques clubs qui nous envoient leurs adhérents pour qu'on les conseille au mieux", fait savoir Cyril Sabatier. Les beaux évènements gardois tels que le NUT, la Veni Vici ou encore le marathon de Nîmes peuvent devenir des objectifs au bout des entraînements de coureurs amateurs. Des personnalités comme l'Uzétien Emmanuel Gault, qui a gagné à 3 reprises le grand format de la Veni Vici, peuvent contribuent aussi au rayonnement de la discipline, qui a encore de beaux jours devant elle, notamment dans le Gard.
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