ÉDITORIAL Pass culture : pourquoi détricoter ce qui marche ?
En ce début d'année 2025, c'est tout le dispositif qui pourrait être remis en cause.
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, le Pass Culture a été critiqué à son lancement en 2019. Pourtant, l'idée était bonne. Affilié des milliers de partenaires culturels, pour permettre à tous les jeunes d'accéder à une enveloppe budgétaire de quelques centaines d'euros pour faire l'acquisition d'un bien culturel comme un livre, un disque, ou pourquoi pas un instrument de musique. Assister à un spectacle vivant ou à une séance de cinéma. Enfin, au service de streaming musical ou vidéo. Même à la presse en ligne. Plus de 3 millions d'adolescents en ont profité, selon un rapport sénatorial. Soit 76 % des jeunes de 18 ans et 47 % des 15-17 ans. Le financement du Pass Culture est passé de 24 millions d’euros en 2019 à 208,5 millions d’euros en 2023, soit 26 % du budget du ministère de la Culture. Face à cet immense succès, mais aussi à l'effet d'aubaine, des modifications ont été apportées, notamment par l'accès aux financements des établissements scolaires. Une part du budget géré par les professeurs dans le cadre d'un parcours culturel. Ce changement de braquet trouve son origine dans le constat réalisé par la Cour des comptes. Il montre que les usages du Pass Culture ne sont pas particulièrement diversifiés. Des achats de livres et particulièrement des mangas sont privilégiés. Ou encore des séances d’escape games. Au détriment de pièces de théâtre par exemple, qui représente moins de 1% des réservations. En ce début d'année 2025, c'est tout le dispositif qui pourrait être remis en cause. Dans un contexte de contraintes budgétaires, Rachida Dati, ministre de la Culture, a annoncé une réforme du Pass Culture avec une prise en compte de la situation sociale des bénéficiaires. En ce qui concerne le volet collectif pour les collèges et lycées, le gouvernement rétropédale après l'inquiétude légitime du monde de la culture et de l'éducation. D'abord, on apprend un gel du budget en raison d'une flambée de réservations. Pour finalement assurer que la plateforme sera à nouveau accessible avec un financement assuré pour les projets validés ou en cours de validation. Notre pays a quand même le chic pour détricoter ce qui fonctionne... Et faire tourner en bourrique ceux qui n'avaient rien demandé au départ ! Et les jeunes dans l'histoire ? Alors qu'ils étaient heureux d'avoir enfin un outil d'appartenance collectif, ils vont devoir se résoudre à se pointer du doigt entre riches et pauvres...