Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 02.10.2015 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 500 fois

RING POLITIQUE Jean-Paul Fournier (LR) : "Dans ma carrière, j'ai avalé quelques couleuvres"

Le sénateur-maire de Nîmes Jean-Paul Fournier. Photo : Eloïse Levesque.

Ce mois-ci Objectif Gard délocalise son "Ring Politique" au Sénat où siège depuis 2008 le sénateur-maire Les Républicains Jean-Paul Fournier. Trois interviews du Nîmois vous sont proposées aujourd'hui : dès 7 heures sur le thème Personnalité et Politique ; à 10 heures sur la politique de la ville et à 14 heures sur le rôle de Jean-Paul Fournier au Sénat. A 16h, un quiz sur le département clôturera la journée.

Objectif Gard : Cela va faire 32 ans que vous êtes dans l'exécutif de la ville. Vous courez votre troisième et dernier mandat. On peut dire que vous êtes en fin de règne… 

Jean-Paul Fournier : C’est vrai, c'est une période qui se termine. Je vais bientôt avoir 70 ans. En 2017, dans le cadre de l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul, il faudra que je démissionne d’un mandat. Mon avenir est derrière moi, mais je reste maire jusqu’en 2020.

OG : C'est certain, vous quitterez la mairie ? 

J-P.F : Vous savez, la santé et la situation familiale comptent beaucoup. Mon engagement politique m'a privé de certains moments privilégiés en famille, même si ma femme est militante d'ailleurs… Plus militante que moi (rires). Si vraiment je pars, je pourrai voyager et rendre visite à mes amis.

OG : Si "vraiment" ? Vous n'en êtes donc pas sûr ?  

J-P.F : La droite s’est quand même battue pour conquérir cette ville. S'il y a de grosses dissensions, un risque de perdre la ville et que j’ai la santé et la forme, je réfléchirai.

Le Palais du Luxembourg où siègent les 348 sénateurs. Photo : Coralie Mollaret.

OG : Au cours de votre carrière, vous avez occupé tous les mandats politiques : maire, conseiller départemental et régional… Regrettez-vous de ne pas avoir été secrétaire d'Etat ou ministre ?

J-P.F : Très sincèrement non. Quand on voit les secrétaires d’Etat ou ministres obligés de rester jusqu’à 2 heures du matin au Sénat pour gérer des milliers d’amendements déposés… Je trouve que l’on est mieux traité en tant que maire !

OG : Ces derniers temps, vous avez tenu tête à votre parti : entre le non-respect du "ni-ni" de Nicolas Sarkozy et votre fronde contre Dominique Reynié, tête de liste aux Régionales… Est-ce que le fait d'être en fin de course accroît votre liberté de parole ?

J-P.F : On peut se permettre plus de choses, en effet. Quand on est patron, dans le département, du premier parti de France, on compte. Il y a aussi l’expérience politique : au niveau national, notre fédération est reconnue tout comme mon mandat de parlementaire. Enfin, il ne faut pas oublier que je suis un militant. Si je suis arrivé là où je suis aujourd'hui, c’est forcément que j’ai avalé des couleuvres…

OG : Par exemple ? 

J-P.F : En 1997 le président Chirac a pris la décision de dissoudre l'Assemblée nationale. Je devais me présenter dans le Gard et mon parti m'a expliqué que cette circonscription était réservée à l'UDF (ex-UDI), en l'occurrence à Yvan Lachaud.

OG : Parlons-en d'Yvan Lauchaud, président UDI de Nîmes Métropole. Auriez-vous pu vous entendre avec cet homme s'il n'avait pas eu de réelles ambitions politiques ? 

J-P.F : Il faut arrêter avec la guerre Fournier/Lachaud. Il faut rappeler que c'est mon adjoint depuis 14 ans et il a toujours voté avec nous. Quand en 2002 il a adhéré à l'UMP, je l'ai félicité. Puis, il a quitté le parti six mois après. Je trouve ça dommage car on aurait pu faire un bon duo. Il a une personnalité qui déteint sur son étiquette politique…

OG : Aujourd'hui si vous êtes contre certains de ses choix à l'Agglomération, ces derniers sont quand même votés. Vous n'avez plus la main mise sur l'EPCI*. Regrettez-vous d'avoir laissé la place à Yvan Lachaud ? 

J-P.F : Oui, je regrette un peu ce choix. Je ne sens pas que la ville et mon groupe qui représentent 75% de la population de l'agglomération soient vraiment écoutés. Yvan Lachaud se passe trop souvent de l'avis de 75% de la population… Quand les délibérations sont bien, je les vote mais quand je suis pas d’accord, je le dis. Sur la question de l'école d'ingénieur, nous nous sommes abstenus. Ce n'est pas un mauvais projet, mais il fallait attendre… L'exécutif est trop pressé.

Le sénateur-maire dans son bureau rue de Vaugirard. Photo : Eloïse Levesque

OG : Vous êtes un homme autoritaire mais également timide. N'y a-t-il pas une contradiction ? 

J-P.F : Ce n'est pas timide mais réservé. J'instaure une distance volontaire pour susciter le respect. Après, quand on est responsable politique on est élu pour prendre des décisions et je ne suis pas un homme du compromis.

OG : Et un homme prévoyant, l'êtes-vous ?

J-P.F : C'est-à-dire ?

OG : En décembre, vous abandonnez le poste de secrétaire départemental de la fédération Les Républicains. Avez-vous soumis à Nicolas Sarkozy une liste de candidats pour vous succéder ? On rappelle que c'est lui qui désignera le prochain secrétaire sur vos propositions. 

J-P.F : Pour être secrétaire départemental, il faut s'engager de façon militante et faire l'adhésion auprès des élus et militants. Il y a deux ou trois personnes qui pourraient faire l'affaire (sourire). Le député européen et Premier adjoint Franck Proust a tissé un réseau national, c'est un garçon intelligent. Toutefois, il faut qu'il passe plus de temps dans le Gard, que les adhérents le voient. Il y a également Richard Tibérino, adjoint à la sécurité à la ville de Nîmes et actuel secrétaire départemental adjoint. C'est un ami qui m'a toujours suivi et fait confiance.

OG : Il y a également votre adjoint Richard Flandin et le maire de Saint-Gilles Eddy Valadier ?

J-P.F : J'ai été agréablement surpris par la réussite d'Eddy Valadier aux Départementales. Il a les compétences mais je ne suis pas sûr qu’il en ait envie. Et puis, ce poste revient en général à un Nîmois. Quant à Richard Flandin, il prépare le terrain pour les Législatives dans la sixième circonscription, celle de Christophe Cavard.

OG : La fédération Les Républicains, c'est un peu le marche pied pour la mairie, non ?  

J-P.F : Ca peut aider mais ce n'est pas obligatoire.

OG : D'ailleurs, qui voyez-vous pour vous succéder dans le fauteuil de maire ? 

J-P.F : C'est encore trop tôt pour le dire. Je pense que cela se jouera deux ans avant les élections, en 2018.

OG : Mais votre entourage y pense déjà. Certains sont même inquiets de votre départ… 

J-P.F : Ah bon (sourire) ! Et bien, moi, je trouve qu'ils y pensent trop !

OG : Et Laurent Burgoa ? Selon nos informations, il pense aux prochaines municipales le matin en se rasant… 

J-P.F : Laurent Burgoa s'est fixé sur le Département et je pense qu'il va continuer. On ne peut pas courir plusieurs lièvres à la fois.

OG : Quand on y pense, Laurent Burgoa vous ressemble, non ? Lui aussi n'a pas suivi la consigne de son leader, la semaine dernière, en ne ne votant pas la hausse de la taxe sur l'électricité...  

J-P.F : C'était une erreur de ne pas voter cette taxe puisque qu'à la mairie de Nîmes, celle des Angles et de Saint-Gilles, nous l'avons fait. D'ailleurs, le conseiller municipal d'opposition PCF Christian Bastid était intervenu à juste titre, mais Laurent Burgoa était déjà parti... Je trouve que, sur ce coup là, les élus se sont ridiculisés.

*Établissement public de coopération intercommunale.

Propos recueillis par : Abdel Samari, Eloïse Levesque et Coralie Mollaret.

Coralie Mollaret

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