Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 19.01.2016 - elodie-boschet - 3 min  - vu 762 fois

FAIT DU JOUR Ces Gardois qui osent demander l'eau potable

Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

L'eau potable n'est pas un acquis pour tout le monde. Dans plusieurs zones reculées du département, certains habitants se battent encore aujourd’hui pour pouvoir boire l'eau de leur robinet.

« On essaie d'avoir l'eau potable au robinet depuis 1984 : c'est mon père qui avait commencé ce combat, je le continue aujourd'hui ». Jacques Rutten, président de l'association Causses-Cévennes d'action citoyenne, habite à Saint-Sauveur-Camprieu, un petit village situé au pied du Mont Aigoual. Dans ce secteur entouré de massifs, l'accès à l'eau potable s'apparente, depuis des années, à un parcours du combattant.

Tout a commencé dans les années 1970, quand plusieurs voisins constatent des problèmes gastriques récurrents en buvant l'eau du robinet. Si la bataille dure depuis des années, ce n'est qu'en 2008 qu'un groupe de citoyens décide de se constituer en association pour tenter de faire évoluer les choses. Mais la tâche s'annonce ardue.

L'eau impropre à la consommation dans 29 communes

« Dans les zones montagneuses, nous buvons des eaux de ruisseaux qui ne subissent aucun traitement alors qu'elles sont issues de sous-sols riches en métaux lourds ou qu'elles ont de forts taux de bactéries », explique Jacques Rutten. Et les résultats d'analyse parlent d'eux mêmes : en 2009, sur les 353 communes du département, on dénombre 29 cartons rouges.

Plusieurs villages de la communauté de communes Causses-Aigoual-Cévennes sont sur la liste des eaux impropres à la consommation : Dourbies, L'Estréchure, Notre-Dame-de-la-Rouvière, Saint-André-de-Valborgne, Saint-Sauveur-Camprieu, Soudorgues, Valleraugue. Si le nombre de ces communes reste faible en rapport de l'ensemble du département, il n'empêche qu'elles sont habitées, que les usagers consomment et payent cette eau, sans nécessairement être informés de sa composition et de ses effets sur la santé. L'association décide donc, en janvier 2011, de porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui.

Des travaux trop coûteux

Pourtant, pour certains élus du territoire, il n'y aurait pas de quoi s'affoler. « Ils disent que l'eau est très bonne, qu'elle a fait des centenaires ! », commente Jacques Rutten. Sans doute parce qu'engager les travaux nécessaires représente un investissement trop coûteux. « Il y a un manque de volonté politique des maires, alors que c'est à eux d'agir ».

En attendant, certains habitants peuvent aller récupérer des bouteilles dans leur mairie, soit 1,5 litre d'eau par jour et par personne. « Ceux qui vivent dans les hameaux isolés doivent parcourir plus de 10 km, donc ils ne viennent pas. Ce n'est pas si simple d'aller à la mairie, surtout quand les routes sont enneigées ».

Cinq ans après le dépôt de plainte, la situation semble évoluer favorablement dans certaines zones de ce territoire. « Avec la pression de la justice et de notre association, les maires commencent à faire ce qu'il faut pour résoudre les problèmes », notamment à Saint-André-de-Majencoules, Valleraugue, Dourbies, Notre-Dame-de-la-Rouvière et Saint-Sauveur-Camprieu. Les élus, services de l’état, agences de l’eau, conseil général, agence régionale de santé interviennent pour corriger de nombreuses irrégularités. Selon Jacques Rutten, celles-ci auraient été résolues dans deux tiers des communes concernées. Mais avant que les habitants puissent boire à leur robinet sans aucune crainte, il passera encore beaucoup d'eau sous les ponts.

L’Association Causses-Cévennes d'action citoyenne souhaite partager son savoir faire et venir en aide à toute personne qui souhaite avoir accès à l’eau potable, ceci dans l'Ardèche (07), l'Aveyron (12), le Gard (30), l'Hérault (34) et la Lozère (48). Renseignements au 04 67 82 61 11.

Retrouvez les résultats du contrôle sanitaire de la qualité de l’eau potable en ligne, commune par commune

Élodie Boschet

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