ALÈS Les sinistrés du Grabieux, « une espèce non protégée »
2002, 2014, 2015 : ces dernières années, le cours d'eau du Grabieux n'a pas laissé beaucoup de répit aux habitants. Regroupés dans une association, les familles victimes des inondations réclament aujourd'hui des travaux d'urgence.
Maurice et Bernard, deux frères, ont grandi sur les bords du Grabieux. « Dès notre plus jeune âge, on a été habitué à avoir un peu d'eau devant la maison lorsqu'il pleuvait beaucoup. Mais jamais autant qu'en 2002 et 2014 ». Ces années-là, trois mètres d'eau ont englouti les caves et les garages des riverains, jusqu'à s'inviter au premier étage des maisons.
Grégory, un voisin installé depuis 2007, en a fait aussi la triste expérience : « Lorsque je suis arrivé, on m'a dit que les inondations c'était seulement 40 cm tous les 10 ans. En réalité c'est tous les ans et c'est au moins 1,50 mètre ». Ce père de deux enfants de 8 et 10 ans a désormais le réflexe de tout mettre à l'abri lorsque le ciel tourne à l'orage. « En septembre, on ne vit plus », confie t-il.
La zone inondable est vaste. Elle s'étend de Saint-Julien-les-Rosiers jusqu'au quartier du Moulinet à Alès, en passant notamment par le quartier de Camont à Saint-Martin-de-Valgalgues et le pont du Grabieux, ouvrage qui freine le débit de l'eau de 35%. Aujourd'hui, le lit de la rivière porte encore les stigmates des intempéries : monticules de gravats, arbustes couchées, amas de rochers... En contrebas des habitations de la rue Auguste Comte, le petit muret de pierre s'est même effondré.
« Depuis 30 ans, aucun entretien ou travaux n'a été fait dans le Grabieux. Personne s'est penché sur le problème de l'écoulement de ce bassin versant », assure Jean-Pierre Arnal, président de l'association des sinistrés. Une demande de désencombrement des gravats aurait été effectuée par Alès agglomération auprès de la DDTM*. Sans succès. « Selon la loi sur l'eau, nous ne pouvons pas faire venir une pelle mécanique dans le cours d'eau car cela modifie les équilibres naturels ! Contrairement aux castors, les riverains sont une espèce non protégée ! », déplore Maurice.
Une étude hydraulique bientôt lancée
Pourtant, des financements auraient été alloués pour effectuer des travaux d'urgence dans les cours d'eau de l'Avène, du Gardon et du Grabieux. « Des travaux pharaoniques sont réalisés dans le Gardon, mais rien pour le Grabieux. On se demande pourquoi », s'interroge la conseillère communautaire Ghislaine Soulet. « Il s'agit pourtant de mettre en sécurité des biens et des personnes ! », poursuit l'élu Jean-Michel Suau.
Pour l'heure, l'agglomération va lancer en juillet une étude hydraulique du Grabieux pour une durée de 18 mois. D'ici là, de l'eau aura certainement encore coulé sous les ponts.
*DDTM : Direction départementale des territoires et de la mer
Élodie Boschet