Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 29.07.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1577 fois

POLITIQUE Les débuts de… Denis Bouad

L’entrée en politique de nos élus éclaire sur leur façon d’exercer le pouvoir et laisse parfois présager de leur avenir.
Anthony MAURIN

Le président socialiste du Département, Denis Bouad (Photo : Anthony Maurin) • Anthony MAURIN

Aussi déconneur que bosseur, Denis Bouad se lance à corps perdu dans les nouveaux défis qui se présentent à lui. Une méthode qui - pour l'instant - fait son succès. 

S’il est plus svelte qu’Obélix, Denis Bouad est lui-aussi tombé dans la marmite quand il était petit. Son breuvage ? La politique. Son père, Fernand Bouad, a été maire du village de Blauzac pendant 20 ans. De quoi marquer le petit Denis sur la mission d'élu local : « tu partages tout de la vie de tes administrés. À l’époque, s’il n’y avait pas d’eau à minuit, tu allais remettre les pompes en route. C’était aussi con que ça ! » Tellement con qu’il emboîte le pas au paternel en siégeant dans le fauteuil de maire pendant 26 ans. 

Son engagement politique s’est fait sous la bannière du Parti socialiste. Un autre héritage familial. « J’ai pris ma carte à 21 ans. Je crois en un monde meilleur, à plus de solidarité. J’y crois toujours d’ailleurs ! », martèle le Gardois, soucieux de rappeler les acquis de la gauche : « mise en place de la 5e semaine de congés payées, 35 heures, hausse du SMIC. Aujourd’hui certains voudraient jeter le bébé avec l’eau du bain. » Les macronistes pour ne pas les citer ? 

Pragmatique et ambitieux

Dans sa carrière, le Gardois a connu différents engagements, associatifs et politiques. Père d’une adolescente en décrochage scolaire, il préside l’association des Maisons familiales et rurales. « Ce sont des écoles qui prennent en charge des jeunes qui ont du mal à évoluer dans le système traditionnel. » Au départ simple président de la structure de Castillon-du-Gard, il devient président de la fédération départementale et régionale.

En parallèle, Denis Bouad rentre à Groupama. Issu d’une famille de viticulteurs, il consacrera 34 ans de sa vie à l’assurance-mutualiste : « là-aussi j’ai gravi tous les échelons : président de caisse locale, de la fédération, vice-président du Grand Sud Méditerranée sur 13 départements. » Une fonction qu'il a abandonné l’année dernière pour se consacrer entièrement au Département.

De son bilan à Groupama, Denis Bouad retiendra l’assurance agricole pour indemniser les agriculteurs en cas de catastrophe naturelle et le développement des assurances pour les particuliers. Gestionnaire, il modernise la structure en réduisant le nombre de points de vente : « il devait y avoir 120 commerciaux répartis dans 80 points de vente. Le problème, c’est qu’en cas de maladie ou de congés, il n’y avait plus personne pour tenir le bureau. » Une expérience qui n'est pas sans faire écho à sa politique de redressement des finances du Département. 

Destin départemental

Sa bonhomie, son empathie et son pragmatisme lui ont permis de tisser des liens avec les élus du canton d’Uzès. Le maire de Blauzac est resté 15 ans à la tête du Pays : « on a mis en place le premier Scot (Schéma de cohérence territoriale). En voyant arriver du beau monde dans l’Uzège, nous voulions éviter de faire de notre territoire un Luberon bis. »

En 2004, las de perdre aux élections départementales, le Parti socialiste décide de l’investir face au maire d’Uzès, Jean-Luc Chapon. Un défi difficile mais néanmoins relevé par Denis Bouad qui fait son entrée sous la présidence de Damien Alary. Rapidement, l'élu travailleur devient vice-président en charge de l’économie. On lui colle aussi la présidence d’Habitat du Gard qui à l’époque, est loin d’être un fleuve tranquille avec les querelles entre Claude Pradille et Gilbert Baumet. 

À la mort de Christian Bourquin en 2014, Damien Alary part à Montpellier pour présider la Région Languedoc-Roussillon. Qui pour le succéder au Département ? « Il y avait Jean Denat et lui. Mais le maire de Vauvert était proche du Premier ministre, Manuel Valls, et se préparait déjà depuis longtemps », commente un observateur de la vie publique. Denis Bouad ravale ses ambitions et joue la cohésion. Coup du sort en 2015 : Jean Denat est battu sur son canton. Denis Bouad est le seul en capacité à diriger la majorité alors relative du Département.

L'homme du consensus 

Par sa personnalité atypique, Denis Bouad a la faculté de rallier les élus à cause. C’est comme ça que, depuis 2015, il concilie les aspirations du Parti communiste jusqu’à la droite républicaine. Au dogmatisme, le président oppose le pragmatisme. Une position qui lui est parfois reprochée, comme lorsqu’il soutient son ami Olivier Gaillard aux Législatives plutôt que la candidate du Parti socialiste. Qu’importe, Denis Bouad avance. Jusqu’où ira-t-il ? Le Sénat ? La mairie de Nîmes ? Ou peut-être un nouveau mandat au Département ? Pas sûr que, pour l'instant, lui-même le sache…

Coralie Mollaret

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