FAIT DU JOUR Christian Bastid : « À Nîmes, la Gauche peut créer la surprise aux Municipales »
Élu communiste à la ville de Nîmes et au Département, Christian Bastid plaide pour l'union de la Gauche face à une Droite qui se présente aujourd'hui divisée. Reste à trouver les moyens de ses ambitions.
Objectif Gard : D’après notre sondage OpinionWay, 33% des Nîmois disent vous connaître et 60% vous apprécient. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Christian Bastid : C'est le résultat du travail de proximité conduit depuis des années. La première fois que j’ai été élu c'était en 2008 comme conseiller municipal puis, en 2011, comme conseiller départemental. J'ai été réélu en 2015 avec Amal Couvreur. J’ai toujours privilégié les rencontres avec les habitants et le milieu associatif. C'est le travail que l'ancien maire communiste de Nîmes, Alain Clary, m’a appris.
Cette popularité vous donne-t-elle des ailes pour vous présenter aux Municipales nîmoises ?
Dans votre sondage, ce qui me paraît important pour le Parti communiste, c'est que ses élus et responsables comme Sylvette Fayet et Vincent Bouget sont reconnus.
La question, c'est en avez-vous envie ? On a le sentiment que vous n'avez pas le tempérament pour conduire une liste...
Si la Gauche n’est pas rassemblée, elle ne sera pas au second tour. C’est pour ça que j’ai signé un appel au rassemblement avec toutes les composantes. De fait, je porterai quelque chose dans une équipe. Moi, je suis disponible pour l’intérêt général. Les temps ont changé, les citoyens de sensibilité de Gauche, ou qui se retrouve dans un programme de Gauche, veulent un collectif.
Les électeurs veulent surtout une tête de liste à laquelle ils peuvent s'identifier...
C’est un point de vue qui peut se partager. Mais un collectif très large avec tous les composantes de Gauche apporte énormément de force. C’est cette force qui, petit à petit, permettra de dégager l’homme ou la femme qui peut rassembler tout le monde. Il ne faut pas partir dans l’idée du cavalier seul.
Aux Municipales de 2014, l'union a été un échec. Pourquoi serait-ce différent en 2020 ?
Nous ne sommes plus dans la situation de 2014. À cette époque, François Hollande était au pouvoir. Les forces de Gauche étaient traditionnelles et le Parti socialiste avait une position hégémonique. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. En 2017, l'élection du Président Macron a liquidé une partie de la Droite et de la Gauche. D'ailleurs, il faut rappeler l'histoire du communisme municipal qui a construit beaucoup...
À Nîmes, votre ennemi c'est la Droite ou le président de la République ?
La politique nationale a des conséquences sur celles qui sont menées localement : la baisse des aides de l'État, les réformes dans l'Éducation... Face à nous, nous avons un maire de Droite élu depuis trois mandats. Aujourd'hui son adjoint centriste a décidé d’affronter son maître. Mais, lui aussi, met en œuvre une politique de Droite à l’Agglo. Ce qui est intéressant, c'est que si un candidat Macroniste émerge, on aura trois candidats qui mèneront la même politique de Droite. Alors, avec un rassemblement de toute la Gauche et des citoyens, qui ont des idées et un regard innovant sur Nîmes, on peut créer la surprise au second tour.
Il y a un hic dans votre stratégie. La France insoumise veut faire cavalier seul. Face à ça, comment réagir ?
Par nature, je ne perds jamais espoir. Je crois que Jean-Luc Mélenchon doit écouter ses adhérents et les gens concernés. Les gens disent : arrêter les ego et faisons ensemble ! Le responsable de FI est un homme sérieux qui doit écouter la base.
Convaincre par le discours, c'est tout ce qu'il vous reste dans votre rapport de force avec la France insoumise ?
Ne fonctionnons pas en hégémonie. Aujourd’hui, ce que j’ai constaté, c'est que s'il y avait eu une union de la Gauche aux Législatives, nous aurions eu le double, voire le triple de députés socialistes, communistes et insoumis. C’est mieux d’avoir les mains dans le cambouis car on peut faire d’autres choix politiques.
Le patron des socialistes du Gard, Jean Denat, dit travailler à « l’union sans bruit. » Vous aussi ?
Sans bruit, c’est efficace. On travaille. Ce sont des ruches qui produisent des idées. Mardi, il y a eu une réunion pour continuer de travailler ensemble. Officiellement nous ne sommes pas en campagne mais nous avons déjà 550 femmes et hommes qui ont signé notre appel. On a acté l’idée, lors d’une assemblée générale, que les différentes formations de Gauche puissent se rencontrer et échanger. Après les élections européennes, nous présenterons un premier programme. Le contenu et le projet peuvent déterminer la femme ou l’homme qui portera notre programme.
Pour terminer avec le Département, que pensez-vous de la fusion des Régions et Départements ? Un débat qui a animé le dernier conseil départemental du Gard...
Moi, je pars d’une logique, je suis d’une majorité de Gauche. Il faut d’abord que l’on ait un échange entre nous.
Certains socialistes de votre groupe sont favorable à cette réforme...
Les communistes, eux, souhaitent conserver les Départements. C'est encore un lieu de proximité. On est au plus près de gens et des mouvements associatifs. Si c’est l’ancienne copie de Sarkozy, on dit non !
Et qu'en est-il des économies et de la lisibilité dans les missions des collectivités que cette réforme apporterait ?
Ça, c’est très électoraliste. Certains nous disent : il faut écouter les gilets jaunes. Mais est-ce que les gens sont mécontents de leur élu de proximité ? Maire ou conseiller départemental ? Pas du tout !
Propos recueillis par Abdel Samari et Coralie Mollaret