FAIT DU JOUR La première cabine de télémédecine du département est à Bagnols/Cèze
Elle trône dans la pharmacie Preiss, dans le quartier de l’Ancyse à Bagnols, depuis deux semaines.
Vu de l’extérieur, c’est une cabine, à peu près de la taille de feu nos bonnes vieilles cabines téléphoniques. Une cabine entièrement blanche sur laquelle est indiqué le mot magique : télémédecine. Car la télémédecine - comprendre la médecine à distance -, c’est peu dire qu’on en parle depuis des années, notamment pour pallier les déserts médicaux qui touchent de plus en plus nos campagnes. Et pas seulement... On en parle également pour désengorger des services d’urgences embouteillés par des questions de médecine générale.
Ici, c’est du concret. La cabine est équipée d’un tensiomètre, d’un outil permettant de mesurer la saturation en oxygène, d’un thermomètre, d’un stéthoscope, d’un otoscope et d’un dermascope. Bref, l’équipement de tout cabinet médical. Et il s’agit de « la première cabine de télémédecine du Gard », souligne Olivier Robelet, pharmacien-adjoint à la pharmacie Preiss. Concrètement, le patient rentre, se créé un profil dans la machine, ce qui est peut-être le plus long car il faut renseigner notamment sa taille, son poids, son âge ou encore son numéro de sécurité sociale, et choisit entre « médecine générale » ou « autres spécialités ».
Ceci fait, il reste à communiquer ses symptômes en quelques lignes, puis à choisir entre le ou les médecins proposés. Tessan, qui commercialise la machine, promet un médecin généraliste inscrit à l’Ordre en moins de quinze minutes, six jours sur sept. Reste que ce ne sera pas votre médecin traitant habituel. En tout cas pas pour l’instant : « Pour l’instant, nous avons eu des médecins des Pyrénées-Orientales ou de région parisienne, mais à l’avenir l’algorithme pourra proposer des médecins d’ici », explique Olivier Robelet.
Une consultation (presque) normale
Une fois le contact avec le médecin établi, son visage apparaît sur l’écran de la cabine, et la consultation se passe comme d’habitude, sauf que c’est au patient de s’ausculter lui-même, en suivant les directives du docteur. Le médecin reçoit en temps réel les données ainsi relevées, et une petite imprimante édite l’ordonnance directement. « Nous avons déjà eu des cas de personnes qui sont directement rentrées dans la cabine et qui sont venues ensuite à la caisse avec leur ordonnance », relate le pharmacien. Quant au paiement de la consultation, c’est simple : « Il n’y en a pas. C’est totalement pris en charge, le patient ne fait pas l’avance », précise Olivier Robelet.
Et il l’affirme, depuis deux semaines, « nous avons vu environ sept personnes par jour dans la cabine. C’est impressionnant. » Autant de patients qui se transforment directement en clients pour la pharmacie, qui compte ainsi apporter un service supplémentaire à sa clientèle avec cet investissement en location longue durée. Et « ça permet de décongestionner les urgences », ajoute le pharmacien. Alors même s’il reconnaît qu’au début il faisait partie des sceptiques, aujourd’hui Olivier Robelet a changé d’avis devant « la facilité d’accès » de cette solution.
Au point que, reprenant sa deuxième casquette de maire de la commune de Montfaucon, 1 500 habitants entre Bagnols et Avignon, Olivier Robelet va faire installer une cabine équivalente dans la mairie de son village. Il faut dire que Montfaucon n’a plus de médecin depuis des années et que la commune n’est pas encore parvenue à lui trouver un remplaçant. Alors faute de médecin, Montfaucon aura une cabine de télémédecine, que le maire espère voir en fonctionnement d’ici début février.
Thierry ALLARD